Chapitre 17

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-Oui.

Sa réponse n’était qu’un râle rauque.

Dylan resta bouche bée. Alice émettait des... Elle émettait des sons !

-Tu... Tu peux faire des sons ! Mais pourquoi tu ne l'as jamais dit ? Je croyais que tu en étais incapable ! Le docteur est au courant ? Il faut lui dire !

Alors que le jeune homme se levait, des doigts fins s'enroulèrent autours de son poignet, et le ramenèrent sur le lit. La jeune fille alitée hocha négativement la tête.

-Mais... Pourquoi ?

La malade se contenta de hausser les épaules, les yeux dans le vague. Il tenta de lui soutirer des informations en lui posant des questions, en le devinant, puis, devant son obstination, fini par tenter de lui offrir un sourire rassurant. Elle pouvait, non, elle devait le croire !

Pourtant, cela ne fonctionna pas. Il était frustré qu'elle le ne lui fasse pas suffisamment confiance pour se confier à lui. Il fronça le nez, contrarié, et, alors qu'il allait reprendre la parole, fut interrompu par l'index de la jeune fille, qu'elle pointait vers son coeur.

Elle articula silencieusement :

-Et toi ? Qu’est-ce qui te fais souffrir.

Le jeune homme se figea puis détourna le regard, hésitant. Il n'aimait pas parler de ce qu'il s'était passé ce jour-là, cela ne contribuait qu'à lui apporter de mauvais souvenirs. Le garçon, perdu dans ses pensées, sursauta lorsque la jeune fille posa sa main sur son épaule. Elle lui adressa un sourire réconfortant. Elle prit un papier et nota rapidement une phrase, avant de la lui montrer.

« Je comprends que tu ne veuille pas m'en parler, tu sais... Je sais à quel point ça peut être dur. »

Et elle baissa son regard bleu vers le matelas. Il inspira un grand coup en voyant son visage si triste et si seul.

-D'accord... Mais promet moi de ne pas me juger, lâcha-t-il rapidement, comme pour se forcer à le dire.

Alice hocha doucement la tête, l'ombre d'un sourire réconfortant sur les lèvres.

Alors il lui raconta tout. Sa vie, ses peurs, ses blessures.

Il lui parla longtemps.

Il vida son sac.

Et il éclata en sanglots.

La jeune fille s'approchait de lui pour tapoter son dos lorsque la porte de la chambre s'ouvrit brusquement sur le docteur, sur Mariette, et sur le reste de la bande.

Leurs yeux s'écarquillèrent devant la scène.

-A-Alice ! Tu es réveillée ! Oh mon dieu, ma chérie ! Tu m'as tellement fait peur ! s'écria Isidore en se précipitant vers sa fille adoptive.

Il bouscua le jeune homme pour le remplacer au chevet de sa protégée.

Et ce fut l'effervescence. Tout le monde se ruait sur Alice pour la toucher, lui parler. À tel point qu'ils oublièrent Dylan, qui partit en baissant la tête. Si seulement elle aussi avait pu se réveiller...

« Papa ! Papa ! Regarde, je sais faire la roue ! »

Une voiture arrivait à pleine vitesse sur la route habituellement déserte.

Un crissement de pneu retenti. La voiture tentait de freiner.

Puis un choc.

Un hurlement.

« Julie ! Noooooooooooooon ! »

*****

Une semaine plus tard, le groupe était là, installé sous le chêne de la cour, et discutait, l'air heureux. Les jumeaux étaient venus les voir, n’ayant pas cours cette après-midi-là.

Cependant, lorsque Dylan s'approcha, leur moral en pris un coup. Il dégageait tant de morosité...

-Hey, Dydy, tu t'improvise artiste ? s'exclama Neil, taquin.

Son frère se mit à glousser.

-Va voir ton mec et arrête de me faire chier. Et toi, Matthew, rallume ta console et met-la en veilleuse, leur répondit Dylan, venimeux.

-Pourquoi artiste ? demanda Kaya, un peu paumée.

-Oh, lui répondit Neil, c'est juste que tous les artistes sont drogués et dépressifs ! C'est l'emploi qui fait ça.

-Neil ! Tu es tellement méchant ! Dois-je te rappeler que Kaya est une artiste ? Et elle n'est ni droguée ni dépressive ! s'insurgea Emi, outrée.

-Ouais, t'as raison, elle est juste perchée, rétorqua Nathalie.

Kaya, de son côté, baissait la tête, honteuse. Rose éclata de rire et entoura les épaules de la jeune fille.

-Ne les écoute pas, ils sont juste frustrés de ne pas avoir un quart de ton talent !

Ils continuèrent à se taquiner ainsi jusqu'à être interrompus par la cloche.

Et Alice n'était toujours pas là.

Ils se dirigèrent tout de même vers leur salle de classe en discutant tranquillement, laissant les jumeaux à l'entrée.

Devant la classe se trouvait un jeune homme dont le visage enfantin était illuminé par un énorme sourire. Ses cheveux blonds tombaient devant ses yeux et accentuaient son air innocent.

Mr Faraize se tourna vers ses élèves et les fit entrer.

Il attendit qu'ils soient tous installés puis annonça :

-Bonjours mes chers élèves. Je vous présente votre nouveau camarade, Théodore. Il terminera l'année avec vous. Allez-vous installer, dit-il en se tournant vers le blond.

Ce dernier lui adressa un sourire reconnaissant et se dirigea d'un pas guilleret vers sa table.

Le professeu continua :

-Alors, des absents ?

-Oui monsieur, répondit Emi, Alice.

-Encore ? Ça ait déjà deux mois... Mais bon. Commençons.

----------

Des cris retentirent dans la nuit noire.

La lune, spectatrice impassible, assistait aux ébats violents des deux jeunes.

Le blond et la brune.

Leurs corps fins et musclés étaient désormais enlacés, et leurs regards étaient portés sur la seule témoin de leurs activités.

Ils se mirent ensuite à parler. De recherche. De traque.

De meurtres.

Un hoquet d'horreur se fit légèrement entendre dans les fourrés.

-Qui est là ? demanda la brune.

Aucune réponse.

Ils entendirent des bruits de pas précipités.

-Tue-la, dit-elle froidement.

Il la regardait attentivement. Il semblait hésiter.

-Tue-la ou elle nous balancera.

Alors, il partit en courant vers la forêt. Il prit, en passant, un fusil de chasse.

Il coursa la petite demoiselle à travers les bois et fini par la coincer dans une clairière.

Des larmes coulaient sur leurs joues.

-Je t'en supplie T...

Il tira.

Et elle mourut.

Le visage du jeune homme exprimait son doute.

La jeune femme qui l'accompagnait s'approcha de son amant et essuya tendrement les larmes sur ses joues.

-Tu as bien fait.

Et elle l'embrassa fougueusement.

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