Chapitre 9 - Le Temps

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“Félicitations...c’est une fille !”

Tes pleurs m’apaisent. Ceux de ta mère aussi. Ils se mêlent aux tiens. C’est ma scène favorite. C’est égoïste, je le sais. Mais bon sang ce que j’aime ce moment. Catharsis.

Tout est silence en moi. Alors qu’autour, tout le monde s’active. On te pose sur sa poitrine. Tu hurles, mais c’est parce que tu ne sais pas ce qui t’arrive. Après tout, ces foutues lumières sont bien trop fortes pour tes yeux. Et ce vacarme autour, c’est beaucoup trop pour ta venue. Le mucus, l’eau, la vie suinte sur ton petit corps. Un petit être, c’est ce que j’ai en face de moi. Je vous entoure de mon bras gauche, la tête penchée sur vous, le bras droit osant à peine te caresser. Ta mère t’embrasse déjà. Elle te protège déjà. Comme depuis huit mois d’ailleurs. Moi, j’ose à peine te toucher. N’est-ce pas étrange ? On se rencontre à peine après tout. Ta mère te chuchote à l’oreille entre deux sanglots, ses sourcils relevés, un sourire ébahi aux lèvres : “Mon amour, oh ma fille…” J’entends à peine car mes tympans bourdonnent. On me demande de couper le cordon. Je demande de répéter. On me le demande une seconde fois en riant. “Eh oui monsieur, vous êtes papa !” Je coupe mais presque les doigts de la sage-femme avec. On en rit. “On vous laisse tranquille. C’était du très bon boulot pour un premier mademoiselle ! Encore félicitations” avant de fermer la porte.

On se retrouve ensemble.

Nous trois.

Je te regarde alors qu’ils t’ont nettoyé.

Ce petit visage. Oh Seigneur. Ce visage qui s’ouvre à peine au monde. Un Ange. Un cadeau venu d’ailleurs. Je chuchote à ta mère “On l’a fait ma Princesse. Tu l’as fait.”

Tu as déjà cessé de pleurer. Tu sembles déjà apaisée. Je n’oserai pas m’avancer mais je sais déjà que jamais je ne te ferai de mal.

Jamais.

Les scènes s'enchaînent, à mesure que le temps recule...

“Faisons un enfant.”

C’est un murmure que je donne au creux de l’oreille.

Tu me regardes. Personne ne saigne. C’est bien moi que tu regardes, pas celui qui te tient dans les bras mais bien moi, qui, à genoux, tant l’émotion est forte, pleures et retiens ses sanglots. Je jure que ça n’était pas arrivé avant.

Ca, je ne le changerai pas.

Même si…

Je regarde le temps défiler, vers l'arrière...

“Tu viens dîner avec moi ce soir ?”

Au pied de l’université, je te le demande. Tu me souris en retour car tu allais t’en aller avec tes trois amies, pour rentrer chez toi.

Tu me regardes aussi moi. Je te rends le regard, moi qui admire cette scène, comme toutes les autres.

Ca non plus, je ne le changerai pas.

Jamais.

Tels des flashs...

“Je t’aime…”

Je te prends le visage, t’embrasse, avant d’entrer dans la vieille Cadillac que mon père ma prêtée pour l’occasion.

Deuxième rencard.

Tu fermes les yeux.

Moi aussi.

Ca aussi, je le garde intact.

Égoïste.

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