2 – Dembe : Tachyons

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La nouvelle de l’attaque fait la une des informations. Tout internet ne parle plus que de ça. Certains transmettent leurs condoléances aux familles des victimes, d’autres s’inquiètent de l’affaiblissement de l’état ougandais, ou de la potentielle vengeance de Sol6 par le biais sa milice privée. Enfin, quelques-uns s’amusent du désarroi supposé de ces pillards qui confronté à l’impossibilité de faire quoi que ce soit de leur prise seraient repartis les mains vides.

Évidemment, une unité de Tachyon, la force de sécurité de Sol6, s‘est rendue sur place pour rapatrier les corps et y récupérer le matériel. Si les déclarations officielles de la corporation excluent pour le moment toute implication d’une autre corporation, les plus conspirateurs insistent pour vouloir impliquer les Nations Unies, en dépit des déclarations successives des deux parties.

Les actionnaires de Sol6 restent, eux, assurés que l’attaque n’est qu’un contretemps mineur qui sera compensé par les mesures de gestion préventive de la corporation. Le cynisme de la finance se réjouit de l’absence de pertes significatives quand un drame humain s’est joué.

Une chose n’a pas été publiée pour le moment, et c’est ce qui occupe Dembe : sur les quatre personnes présentent dans le convoi, seuls trois corps ont été retrouvés. Gloria Noterger est toujours manquante et Tachyon s’est vu confié la tâche de la retrouver. Les actionnaires n’en ont peut-être rien à faire, mais la corporation ne va pas en rester là.

Le site de l’attaque porte encore les marques de l’assaut et de sa violence. Dembe s’approche de la voiture qui a servi d’obstacle. Un très vieux modèle datant des années vingt. Il fonctionnait à l’essence, c’est pour dire. Heureusement, le réservoir était vide, seules les mousses et les plastiques ont brûlés. Pas de pneus, et vu les ornières derrière, le véhicule devait avoir été abandonné depuis des années avant d’être amené ici. L’enquêteur, revenant vers son propre transport, un véhicule de patrouille blindé, effectue une recherche à partir des logiciels de cartographie aérienne.

« Il y avait une voiture abandonnée cinquante mètres par là-bas qui pourrait correspondre, explique-t-il à son collègue.

– J’envoie un drone pour vérifier », confirme Tito.

Le léger appareil décolle depuis sa borne d’attache sur le véhicule blindé et fonce vers la zone en question. Les deux hommes observent le moniteur de l’appareil. Arrivé à l’emplacement présumé, ils constatent que la carcasse de la carte n’est plus là.

« Tu as vu juste Dembe, conforte son collègue. C’est bien des opportunistes. Ils doivent être cachés dans la région.

– Ce qui m’inquiète, c’est ce qu’ils comptent faire avec Noterger, explique l’enquêteur. Je ne les vois pas nous demander une rançon. On les écraserait.

– Ils ont fait une grosse connerie, ouais. », termine Tito qui rapatrie le drone.

Plusieurs soldats en tenue de combat reviennent. Ils portent l’emblème de Tachyon et de Sol6. Visiblement bredouilles, le commandant de l’escouade s’adresse à Dembe : « Sergent, personne ne veut parler. On a interrogé tous les habitants des fermes proches, et s’ils admettent avoir entendu des coups de feu, ils disent qu’ils n’ont rien vu.

– On dirait les fils de Nono, suppose Dembe. Ils terrorisent toute la région en prenant des tributs et en « assurant la sécurité ». D’habitude, ils sont quand même plus proches de la frontière.

– On fait quoi du coup ? demande l’officier.

– Gardez un œil ouvert et assurez-vous qu’on ne nous espionne pas.

– Ok. », confirme le soldat avant de se retourner vers ses pairs et leur donner des ordres.

Dembe examine la jeep. Ils sont déjà passés plusieurs fois dessus. Si le camion a déjà été emporté par Tachyon, la jeep a été laissée là. La ramener et la remettre en état coûterait sans doute plus cher que d’en commander une nouvelle. L’intérieur est calciné et l’équipe scientifique a emporté le corps de Job Merinja ainsi que de nombreux échantillons de sang qu’ils ont retrouvés au sol.

En parlant de ça, il reçoit un appel du labo. Il décroche et active la visio : « Je pensais justement à vous. Vous avez du nouveau ?

– Oui et non, commence le spécialiste. Le corps est bien Merinja et le sang trouvé dehors c’est bien celui de Noterger. La balle qui a tué le conducteur est une munition d’arme hybride, probablement un fusil de précision vu le calibre, donc c’est un groupe bien équipé. Vu la quantité de sang qu’on a trouvée, Noterger ne peut avoir parcouru plus de deux kilomètres par ses propres moyens dans son état. C’est tout ce qu’on a pour le moment.

– Merci, on va continuer de notre côté.

– Bon courage ! », termine le laborantin.

Des armes hybrides ? Avec la corruption qui règne dans les armées locales, ça ne serait pas étonnant que ce genre de trucs se balade dans la nature. Dembe fait un signe aux soldats : « Commandant, on a du nouveau. Étendez la zone de fouille dans un rayon de deux kilomètres, je vais demander l’aide des renforts aériens. »

Si Noterger est parvenue à s’enfuir, il faut la retrouver rapidement, ça fait déjà trois heures que la malheureuse est portée disparue.

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