13 – Grégoire : Énergie cinétique
L’information leur est parvenue ce matin. L’impact est prévu dans deux jours, le 18 août 2093 à 11h32 UTC. L’ironie veut que la découverte ait été faite par Mars, autrefois HIARTech, l’ennemi.
La raison de toute cette panique : le Meerk, un transporteur lourd de plus de deux-cent mètres, vole à la vitesse délirante de mille-deux-cent kilomètres par secondes. Et bien sûr, il vise directement la Terre. Lorsqu’il a demandé ce qu’il faudrait faire à ce moment, le secrétaire général s’est vu répondre : « Être dans un bon bunker, loin de la zone d’impact. Prévoyez des réserves pour plusieurs décennies. ». En d’autres termes : ce serait la fin du monde.
Les colonies ont toujours prévu ce cas et leurs lois sur la navigation spatiale en font clairement mention. Mais non, la Terre, l’autruche qu’elle est, a une nouvelle fois ignoré le problème. Et les voilà aujourd’hui, à attendre que le ciel leur tombe sur la tête. L’amirauté a bien tenté de réfléchir à des moyens d’intercepter le projectile, mais pour le moment ceux trouvés ne conviennent pas : la précision nécessaire pour atteindre une cible si petite, et si rapide, dépasse l’entendement. Si seulement la Terre possédait l’une de ces fameuses défenses planétaires dont se vantent les colonies.
« Merde ! », hurle De-Montergny alors que son assistant entre dans le bureau. Le politique tente de se reprendre et s’assied lourdement sur son fauteuil, adressant quelques excuses : « Désolé Samuel, la situation me prend aux nerfs.
– Je comprends monsieur, répond l’assistant avec précautions. L’ambassadeur des colonies veut vous parler. Ils nous spamment, je veux dire, littéralement.
– J’imagine, qu’ils vont évacuer et qu’ils veulent nous adresser leurs condoléances… Passez-les-moi. », concède le secrétaire général abattu.
Sur l’écran de la visioconférence, l’avatar d’Errance, ambassadeur d’Aesir, apparaît. L’androïde, avec son visage angélique, commence par les politesses d’usage : « Bonjour monsieur le secrétaire général.
– Bonjour ambassadeur. Vous venez nous faire vos adieux ? demande-t-il sur un ton de reproche.
– Oh ? Non ! Pas du tout, se défausse l’ambassadeur. Nous avons même une solution à votre problème. Et votre sarcasme tend à indiquer que vous auriez bien besoin d’en être soulagé.
– Quel genre de solution ? demande Grégoire.
– Eh bien, hésite Errance… C’est embarrassant… Il s’agit d’une contre-mesure nucléaire de portée interplanétaire.
– Que voulez-vous en échange ?
– En échange ? Rien, mais nous avons quand même besoin de votre autorisation. Il se trouve que notre lanceur est actuellement en orbite lunaire et donc dans votre…
– Pardon ? Vous avez quoi dans notre système ?
– Une contre-mesure nucléaire à portée interplanétaire. Spécifiquement conçue pour ce type de situation. Ne le prenez pas mal. Mais en matière de défense planétaire, la Terre est particulièrement mal équipée.
– Je ne sais pas comment prendre cette nouvelle, se résigne le secrétaire général. J’imagine que je n’ai pas le choix.
– J’en suis particulièrement navré, compatit Errance. Sachez que nous disposons d’une fenêtre d’action qui se termine dans six heures. Nos calculs sont prêts, nous déploierons la contre-mesure à votre signal.
– Je vous remercie pour ce délai, accepte Grégoire.
– Je reste en attente de votre signal secrétaire général. », termine l’ambassadeur d’un poli hochement de tête.
Devant lui, Samuel s’interroge : « On peut vraiment leur faire confiance ?
– Évidemment que non, mais il n’y a rien que leur bombe puisse faire de pire que le Meerk. L’échelle de grandeur est… Démesurée.
– Qu’allons-nous faire ? demande l’assistant.
– Une conférence de presse : je vais annoncer le désastre publiquement et expliquer qu’une défense commune Terre-Colonie est en cours de mise en place.
– Ça ne risque pas d’avoir des conséquences ? Je veux dire, Aesir n’attend que ça, non ?
– Aesir est… Très compliquée. », termine Grégoire.
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