« Désolé Akasha, mais nous n’avons pas de ponton libre pour le moment. Nous vous tiendrons informé dès que la situation aura évolué. Contrôle, terminé. », la réponse du contrôle orbital de Mercure exaspère Feyn. Depuis leur insertion orbitale autour de Mercure, il y a bientôt huit heures, leur situation n’a pas évolué. Évidemment, Tsadir a envoyé plusieurs messages à ses contacts sur Mars, insistant lourdement sur sa mission et son appartenance au Solar Wardners. Mais au bout de plus de 4 révolutions autour de la première planète, toujours rien.

De retour des commodités, la samouraï, toujours équipée de ses épées se réinstalle dans son siège. Elle lui demande : « Alors, des nouvelles ?

– Toujours la même chose : des promesses, s’ennuie Feyn. Et toi, ça va ?

– Oui, indique Tsadir. Je m’attendais à ce qu’ils nous fassent un peu attendre.

– Commandant, contact radar : l’objet n’émet pas d’onde radio. », les interrompt l’IA de bord.

Immédiatement Feyn bascule les observations radar de l’objet sur l’écran virtuel principal. L’image particulièrement bruité décrit clairement la silhouette d’un vaisseau. Le commandant indique : « On peut exclure un astéroïde… Akasha déploie le télescope et essayons de l’imager.

– Bien commandant. », confirme l’IA pendant que Feyn fait signe à la wardner de se rattacher pour la manœuvre. Le vaisseau effectue une lente rotation pour aligner les miroirs de l’observatoire embarqué avec l’appareil silencieux. L’image qui se construit devant eux se montre particulièrement nette et montre un appareil que Feyn reconnaît rapidement : une corvette de transport de classe Da Vinci. Un vaisseau de Sol6.

Sans perdre de temps Feyn recontacte le contrôle spatial : « Contrôle, ici l’Akasha. Nous avons un vaisseau silencieux sur une orbite proche. Vous ne tenteriez pas une manœuvre par hasard ?

– Ici Contrôle, Pouvez-vous nous donner les paramètres orbitaux de l’engin pour confirmation ?

– Les voici, envoie le raton laveur. Vous avez un problème avec un de vos vaisseaux ?

– Veuillez patienter pendant la confirmation. », temporise le contrôleur.

Feyn, examine la trajectoire du vaisseau et lance le calcul d’une trajectoire d’interception. Après s’être assuré de sa faisabilité, il regarde Tsadir et lui dit : « Si leur vaisseau est à la dérive, les accords spatiaux nous placent en premier pour aller y sauver ce qui peut l’être.

– Je comprends Feyn, indique la wardner. Paradoxalement, sans vouloir passer pour des charognards, ce vaisseau pourrait aussi être notre porte d’entrée sur Mercure.

– Déjà avoir le retour du contrôle spatial, ça pourrait aussi être une opération d’abordage.

– Ce type de vaisseau est armé ? demande la samouraï.

– Non, mais s’ils nous débarquent des troupes, je n’ai pas grand-chose à bord, s’inquiète Feyn.

– J’ai de la ressource, le rassure Tsadir. Mon expérience en tant que chef de sécurité chez Aesir m’a appris quelques trucs. Et je sais qu’aborder un vaisseau n’a jamais été à l’avantage de l’assaillant si le défenseur dispose du moindre moment pour se préparer.

– Tu as l’air d’être sûr de toi, constate le raton laveur peu convaincu. L’armement de l’Akasha ne comporte que quatre pistolets shock dans le casier de l’armurerie du sas.

– Tu oublies une cyber-samouraï, s’amuse Tsadir. Et je sais défendre un vaisseau.

– Akasha, les interrompt le contrôle spatial. Nous avons une confirmation. Il s’agit du Mona Lisa. Il ne répond à aucune de nos sollicitations et nos observations semblent indiquer que son réacteur est éteint.

– Bien reçu. », répond le raton laveur alors qu’il commande à l’IA de bord de replier le télescope et de préparer la manœuvre d’interception. Il reprend alors : « Ici Feyn, commandant de l’Akasha, je lance une mission de secours, nous restons en contact.

– D’accord Akasha, confirme le contrôle. Nous préparons une mission de soutien de notre côté. Soyez prudents.

– Toujours. », conclu Feyn, alors qu’il déclenche la poussée des moteurs principaux.

L’astronaute considère ce nouvel événement avec une pointe d’excitation et d’anxiété. Anticipant les dangers qui les attendent là-bas. Malgré ça, un vaisseau en difficulté ne doit jamais être ignoré ni sous-estimé. Pour Feyn, ce n’est pas seulement une question d’accords de l’espace, mais surtout une question de principe. Sa vocation même.

« Tenez bon pauvres hères. », murmure-t-il en vérifiant les paramètres de la manœuvre.