Les traceurs accrochés à la carcasse de la corvette onusienne tiennent encore. Les croisements avec les antennes des autres corvettes de l’opération Sköll ont permis sa localisation précise et les données radars sont formelles : une petite flotte s’est regroupée sur une orbite haute de Mercure et c’est là que le fuyard se dirige.

Mais quelque chose ne colle pas : le vaisseau intercepté est une canonnière onusienne, le même modèle que celles employées lors du bombardement de Leanor, or le profil des vaisseaux de la flotte correspond à celui de vaisseaux coloniaux. Des engins de Vranberg-Lytan pour être plus précis.

L’amirauté n’a pas encore décidé quoi faire : quelque part dans les colonies, probablement sur Mars, des diplomates tentent d’arracher quelques informations sur l’identité des personnes de cette flotte, mais pour le moment Vranberg-Lytan dément toute implication. Est-ce que l’ancienne puissance est aussi morcelée qu’on le prétend ? Ces dernières contradictions semblent appuyer l’hypothèse, ce qui risque de rendre la tâche plus complexe.

Ou plus simple. Si une guerre éclate, les clans se dessineront plus clairement et cette présente situation sera réglée bien plus rapidement.

L’Akasha en sécurité, Mahertis a été envoyé voir cette flotte suspecte de plus près. Ça lui fait un peu de peine, mais Tsadir s’est révélée être un excellent appât. Remuant toute la bureaucratie de Sol6 et de l’ONU comme un rhinocéros pourrait secouer une jeep qui se serait trop approchée, elle focalise complètement la vision des adversaires.

Le flux d’énergie solaire à cette distance de l’étoile rend l’utilisation des camouflages thermiques plus compliquée. Heureusement que ce modèle récent possède un accumulateur de chaleur très efficace et que ces vols de reconnaissance ne durent pas si longtemps que ça.

Sur ses capteurs passifs, Mahertis commence à discerner les différents vaisseaux de la flottille adverse. Huit corvettes, cinq frégates. C’est une flotte conséquente et le profil des vaisseaux indique majoritairement des vaisseaux de Vranberg-Lytan : des corvettes de classe Dolphin-2 et des frégates de classe Orca-1. Uniquement des vaisseaux d’assaut.

À mesure que les détails se précisent, il apparaît que la flotte vole dans une formation standard : ce ne sont pas, a priori, des pirates mais bien des militaires connaissant les procédures. Cette information est inquiétante, car si les diplomates de la corporation ne mentent pas, c’est la plus grande défection coloniale à ce jour.

La flotte est bien trop importante pour être attaquée frontalement par les forces d’Aesir présente. S’ils sont aussi rejoints par des déserteurs de l’ONU, cette affaire peut vite dégénérer.

Mahertis transmet son rapport avant de se laisser redescendre au gré de son orbite très elliptique. Il va falloir des renforts et rapidement.