4.Le vélaire
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- Bon sang, Monnier, où m'emmenez-vous comme ça ?
- Chut ! C'est une surprise...
- Je n'ai pas le temps de jouer aux devinettes, Monnier ! Nous sommes attendus au banquet annuel de la Police, et je n'ai pas du tout envie d'être en retard...
- Ne vous inquiétez pas, Commissaire...
- Mais si, je m'inquiète ! Bien sûr que si, je m'inquiète ! Je ne savais même pas que cette rue existait, c'est vous dire...
- C'est là.
- Une impasse ?
- Non, c'est au fond de l'impasse.
- Cessez d'être aussi mystérieux, Monnier ! Vous commencez sérieusement à m'agacer...
- Voilà.
- Quoi voilà ? C'est une vulgaire porte de garage !
- Ouvrez-la.
- Vous en avez de bonnes, vous, je n'ai pas la clé.
- Pas besoin de clé ! Jugez par vous-même.
- Qu'est-ce que... Qu'est-ce que c'est que cet engin, Monnier ?
- C'est un vélaire.
- Un quoi ?
- Un vélaire. Une sorte de croisement entre un vélo et un lampadaire. Ca fait six mois que je bosse dessus.
- Franchement, Monnier, vous n'avez vraiment rien d'autre à faire de vos week-ends ? Bon, et maintenant que vous m'avez montré votre fabuleuse invention...
- Attendez, je ne vous en ai pas encore expliqué le fonctionnement, aussi révolutionnaire qu'écologique. Vous allez voir, c'est on ne peut plus ingénieux !
- Je ne vais rien voir du tout, Monnier, tout simplement parce que votre génial véloptaire...
Vélaire ! - Si vous voulez, Monnier, si vous voulez... Donc, votre génial vélaire ne m'intéresse absolument pas.
- Mais... Mais... Pourquoi dîtes-vous ça ?
- Monnier, enfin, vous n'allez pas vous mettre à chialer comme un minot quand même ! Allons, Monnier, ne faites pas l'enfant.
- C'était pour vous, Commissaire. Et vous n'aimez pas...
- Pour moi ?
- Ben oui pour vous. Pour votre anniversaire.
- M'enfin Monnier, c'était il y a trois mois, mon anniversaire !
- Oui, mais il y a trois mois, j'ai dû faire face à un problème technique de taille. Vous voyez, la poulie entraînée par le câble haute tension relié à l'ampoule de 300 watts...
- Abrégez, Monnier, abrégez !
- Ben finalement, j'ai trouvé la solution. Hier soir.
- C'est tout ?
- Vous m'avez demandé d'abréger, alors... Vous ne voulez pas vous installer à bord ?
- Disons que c'est un peu excentrique pour moi...
- Vous n'aimez pas !
- Si, si, Monnier. J'aime... j'aime beaucoup, seulement ça ne va pas avec tout. Voyez, ça jure un peu avec mon smoking.
- Mais au contraire, Commissaire, au contraire. Ca ajoute une touche de modernisme à votre classicisme. C'est on ne peut plus dans le vent !
- Ca pour être dans le vent, on va l'être...
- Prenez place, là. Et appuyez sur "start".
- Il ne se passe rien, c'est normal ?
- C'est le temps que la combustion interne se fasse.
- C'est long quand même, non ?
- Doit y avoir un truc qui déconne. Bougez pas, je vais y remédier.
- Vous ne voulez pas qu'on appelle plutôt un taxi ?
- Non non, soyez sans crainte. Vous allez y avoir droit, à votre banquet tendance. Au banquet du futur, même ! Bordel, pourquoi ça marche pas, c'te merde ?
- Ca va, Monnier ?
- Oui oui, pas de souci... Putain, mais démarre !
- Sinon, on peut s'y rendre à pied aussi, à vol d'oiseau ce n'est pas très loin...
- Vous voulez vraiment me vexer, Commissaire ?
- Euh... non. Mais à ce rythme-là, on ne sera prêt que pour le banquet de l'année prochaine. Remarquez, Monnier, vous n'aviez pas tout à fait tort en évoquant le banquet du futur...
- Commissaire !
- Oui ?
- Avec tout le respect que je vous dois... Fermez-la !
- Au temps pour moi, Monnier, au temps pour moi! Vous me réveillerez quand vous aurez réparé votre fantastique machine...
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