16.Au théâtre ce soir... (2)
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- Monnier ? Bon sang, Monnier, qu'est-ce que vous faites là au milieu de tous ces gravats ? Epoussetez votre costume, voulez-vous! Parce qu'un représentant de l'ordre en service se doit d'être impeccable !
- C'est-à-dire, Commissaire, que je ne suis pas précisément en service, voyez-vous !
- Ah bon ? Ben qu'est-ce que vous fichez là alors, Monnier ? Vous êtes au courant que vous auriez pu vous faire tuer ? Il y a eu un attentat à la bombe dans ce théâtre !
- Sans blague ! Je n'ai jamais reçu le mail d'avertissement d'Allah-Caïda. Si j'avais su...
- Très drôle, Monnier, vraiment très drôle... Bon, fort heureusement, nous ne déplorons aucune victime.
- Ah si, Commissaire ! La cantatrice est devenue chauve ! Cela dit, elle l'était déjà auparavant...
- Parce que ça parle de terrorisme, votre pièce ?
- Ben figurez-vous que je n'en sais fichtre rien, la bombe ayant explosé juste après que l'ouvreuse nous ait proposé des pop-corns. Vous en voulez ?
- De quoi donc, Monnier ?
- Ben des pop-corns !
- Euh... non merci, Monnier, ils sentent un peu le roussis. Donc vous êtes venu assister au spectacle, c'est bien ça ?
- Oui, c'est ça Commissaire...
- Et tout seul ?
- Bah non ! M'enfin, Commissaire, pour qui me prenez-vous ? Si je me rends au théâtre, si je m'inflige ces pièces toutes plus ennuyeuses les unes que les autres et souvent sans aucun rapport avec le titre qu'on leur a donné, c'est pour emballer.
- Pour... emballer ?
- Vous voyez bien ce que je veux dire, Commissaire ! Emballer, conclure... baiser quoi !
- MONNIER ! Pas de grossièreté, s'il vous plaît !
- Parce que ça vous arrive jamais, à vous, de...
- Mais, je ne vous permets pas ! Et d'abord, où est l'objet de vos convoitises ?
- L'objet de mes...
- …convoitises, Monnier ! La demoiselle que vous projetiez de culbuter, si vous préférez...
- Eléonor ? J'aurais effectivement préféré la culbuter comme vous dites, mais elle s'est enfuie tout de suite après l'explosion. Elle m'a dit qu'entre nous, c'était cuit.
- J'ai du mal à vous suivre, Monnier. Vous n'êtes pas déjà sorti avec cette jeune femme du Nord ?
- Si, bien sûr, mais quand on aime, on compte ses pas !
- Et alors ?
- Et alors ? Figurez-vous qu'elle me faisait marcher, Commissaire, beaucoup trop à mon goût.
- Pensez-vous qu'elle pourrait être suspecte ?
- Eléonor, suspecte ? Vous voulez rire !
- Ce n'est pas parce qu'elle est au Nord qu'elle ne peut pas avoir de lien avec les réseaux terroristes.
- Ecoutez, pour l'avoir étudiée sous toutes les coutures, je puis vous assurer que c'est davantage l'amour que la haine qui l'anime.
- Ainsi soit-il, comme dirait l'autre !
- Qui ça ?
- Je ne sais plus, c'est une citation consacrée mais sa paternité m'échappe. Sinon, avez-vous vous-même remarqué quelque chose de suspect ?
- Je n'osais pas vous en parler, Commissaire, mais après avoir mené ma petite enquête, il s'avère qu'un type de la troupe, surnommé par ses congénères "le narrateur" puisqu'il revendique le fait d'avoir créé la pièce sous le pseudonyme de Samuel L. Besherelle, est d'une blancheur inquiétante. Un peu comme s'il portait un masque de clown.
- Serait-ce le dénommé Trikopp ? Pourtant, je ne l'imagine pas du tout dépendant d'une organisation supra-mondialiste. Dangereux, certes, mais à des fins toutes personnelles.
- Non, il s'agit de quelqu'un d'autre. Attendez, je l'ai noté quelque part... Ah voilà, "Jésus était son nom".
- Jésus ?
- Oui, c'est un certain Robert Crosse-Haine qui l'aurait enfanté il y aurait une trentaine d'années. Personne ne connaît précisément sa date de naissance, oscillant entre le 25 décembre et le 06 janvier, mais tous s'accordent à dire que c'est de là que tout est parti.
- Ca va être encore la croix et la bannière, toute cette histoire !
- Je ne vous le fais pas dire, Commissaire...
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