SAMEDI 23 NOVEMBRE 2019, À BUGARACH
La lune nous fait renaître à chaque cycle. Un étourneau bien joli, à moins que ce ne soit une merlette engloutit, avec un joyeux appétit, les fruits du cynorhodon. Ils savent que l'hiver est bientôt là. Cet après midi, le ciel est uniformément et moelleusement gris.
Le feu ronronne dans la cheminée comme le chat roulé en boule sur la couverture à mes pieds. Mon corps étendu sur le canapé me parle de son automne qui commence et j'imagine que ma vie s'achèvera au cours d'un hiver plein de vent et de glace.
J'aime le vent, j'aime l'hiver et la chance que j'ai de pouvoir l'apprécier à l'abri. J'aime l'été aussi, avec ses nuits à la belle étoile, ses baignades au lac et ses fleurs. L'automne et ses récoltes : noix, figues, amandes, mûres et noisettes. J'aime ses champignons magnifiques et ses couleurs éclatantes, la délicatesse des toiles d'araignées givrées dans le petit matin silencieux. Je suis née l'été mais j'apprécie tant l'automne et ses pluies aux gouttes froides.
Plus tard, je me ferai chauffer un lait de riz chicorée avec du miel. Le temps semble ralentir et s'étirer. Le temps et ses errances malléables. On n'a pas réussi à le maîtriser. On en a juste l'impression mais au final c'est lui qui nous impose la loi.
Dimanche, 22h30 : Il gèle. L'air est froid, comme mon corps parfois quand il se pétrifie. Étrange cette pensée qui s'obstine à revenir même quand je pense l'avoir oubliée : « Je finirai mon séjour terrestre à 65 ans.
Parfois je me dis : Dommage.
D'autres fois je me dis : C'est suffisant.
C'est sans doute un peu des deux.
Rien n'est tout blanc ou tout noir. Il n'y a que des multitudes de gris mouvants dans lesquels nous navigons.
Annotations