Quand nous vivions les yeux fermés

Une minute de lecture

 « Leavng it’s easy with eyes close… »

Ces mots que tu m’as dits un jour résonnent encore dans mes oreilles : « Il est facile de vivre les yeux fermés ». Nous étions assis dans un transat, face à la mer. Le cap d’Antibes ?... Cannes ?... Je ne m’en souviens plus. Par contre, je me rappelle que tu as ajouté : « Misunderstanding all you see »… « Sans rien comprendre à ce que tu vois. »

Moi non plus je n’ai rien compris à ce que j’ai vu ce 8 octobre de malheur. Je savais que tu allais rentrer du studio, que tu allais sortir de la voiture, que tu te dirigerais vers l’entrée de ton immeuble. Je t’aurais crié : « Salut John, quel plaisir de te revoir. » Tu m’aurais souri, on se serait pris dans les bras après tant d’années d’absence. Puis j’ai aperçu ce garçon qui faisait les cent pas en attendant que tu lui signes un autographe. Quand tu as pris ton stylo, tu as levé les yeux sur lui et, dans ton champ de vison, tu m’as vu. Tu m’as adressé un sourire qui voulait dire : « Je signe cet autographe et je suis à toi »

Puis il y a eu ces trois coups de feu. Ta femme s’est mise à hurler Le gardien de l’immeuble s’est rué sur l’homme qui n’a opposé aucune résistance. Toi tu es tombé sans rien dire : « Miseunderstandins all i see… ».

J’ai prié pour que tu t’en sortes ; mais dans la voture de police qui te conduisait à l’hôpital. Tu es parti rejoindre ta mère, Ta Julia.

Depuis cette nuit-là, je ne vis plus qu’avec les yeux grands ouverts.

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