À l’évidence, nous n’étions pas sur une sœur jumelle de notre Terre. Et pourtant, les coordonnées spatiales correspondent en tout point, si ce n’est une légère différence dans la longitude céleste. Dans mon dos, j’entends le capitaine pousser un juron. Il se penche vers le pilote à sa droite.
— Vous êtes sûr que nous sommes au bon endroit ?
— Affirmatif capitaine. Les coordonnées enregistrées dans le plan de vol sont exactes.
Il jette un coup d’œil derrière son fauteuil au milieu de la passerelle, vers ses opérateurs qui s’activent devant leurs écrans.
— Est-ce que l’un de vous capte quelque chose, une communication radio, un signe de vie, quelque part ?
— Rien, capitaine, répond l’un d’eux.
— Absolument rien, confirme un second.
Le capitaine se frotte le visage, soudain angoissé. Il se lève et s’approche d’un autre technicien, à côté de son pilote.
— Que disent les premières données ?
— La température à la surface avoisine les soixante degrés. L’air est respirable, mais les radiations solaires deviennent dangereuses après une trop longue exposition.
— Continuez de chercher des signes de vie.
Perplexe, il se retourne et me rejoint devant le pare-brise de notre astronef, m’accompagnant dans mes observations. Il croise les bras et pousse un profond soupir. Je ravale ma salive, alors qu’une boule se forme au creux de mon estomac.
Nous contemplons la terre aride qui se dresse devant nous. Du gravier aux tons orangés recouvre les quelques ruines qui façonnaient autrefois les gratte-ciels du continent. Les vents forts soulèvent des nuages de sable, naviguant au milieu des dunes et s’écrasent sur les vestiges. Une petite étendue d’eau s’est posée entre deux collines. Elle est d’un rouge vif surnaturel et effrayant. Au loin, une chaine de montagnes pointues et escarpées se dessine. La verdure a disparu de la surface. Quelques arbres allongent leurs branches mortes et fourchues vers le ciel, comme pointant du doigt cette lune qui s’est dangereusement rapprochée. Les étoiles sont visibles en pleine journée dans ce ciel foncé. Je peux également apercevoir Andromède depuis notre position, même à l’œil nu. Je suis capable de détailler chaque corps céleste avec une précision hallucinante, me confirmant ainsi que oui, nous sommes de retour. Les cartes spatiales ne mentent pas.
— C’est impossible, nous ne pouvons pas être au bon endroit, murmure le capitaine, la voix étranglée.
— Et pourtant…
— L’expédition n’est pas partie si longtemps que ça, affirme-t-il, pensant encore trouver une autre explication.
— Il faut voir la vérité en face capitaine. C’est un échec. Nous n’avons pas pu trouver de planète viable à temps.
— L’humanité s’est donc éteinte.