Chapitre 21- Maleïka
Maleïka plaça des pions sur la carte. Les mauves représentaient la Reigaa, les bleus, les forces de Shagal. La minorité numérique fut un constat glaçant. Seuls trois pays bordaient la Reigaa sur les quelques dizaines que comportaient le continent central de l’Andürin, dont celui du roi ennemi. Adrissax n’était connu que pour ses richesses et la vanité de ses souverains et Sartax plaçait un roi oisif sur son trône qui préférait semer des bâtards que cultiver une armée.
La jeune femme cherchait des renforts si une guerre se déclarait. Avec le chasseur en acteur principal, la bataille devenait inévitable. Maleïka plaça deux pions rouges sur les pays, plus pour signifier leur incompétence que les rayer définitivement. Elle consulte les autres royaumes du continent. Ceux qui pouvaient lui offrir son aide se situait plus au Sud. Il mettrait quelques semaines à arriver, un mois ou deux, s’ils partaient de suite. Avant le départ, ils devraient rassembler leurs forces éparpillées sur le territoire et les autres pays, soutenir la Reigaa pour leur permettre le doigt de passage. Ce qui n’était pas le cas de la Llörna qui constituait le chemin le plus court.
Maleïka songea aux îles où vivaient les hommes des glaces or la raison de cette rixe n’était-elle pas la mort de l’un d’entre eux ? Elle posa un pion rouge supplémentaire.
Il y avait autant d’ennemis que de peuples incompétents sur cette carte. Et les hommes du continent ? Songea la Reine. Non, ils mettront le triple du temps pour venir. Shagal règnera depuis quelques mois avant que les hommes ne mettent le pied sur nos terres.
Coincée, la jeune femme réévalua ses chances. D’un geste rageur, elle ôta les pions de l’échiquier pour les placer sur la carte voisine : une copie plus grande de la Reigaa. Des esquisses représentaient les villes et les deux épées entrecroisées les places fortes de l’armée.
–Oron doit gagner sinon c’est ver un massacre que nous nous dirigeons.
Les alliances entre pays s’effritaient avec l’apparition de nouveaux rois et gouvernements. Les fils ne reprenaient pas le flambeau de leur père ; ils en créaient un nouveau, en bien ou en mal.
Il y a six mois, Shagal avait précisé qu’il laisserait Maleïka régner sur la Reigaa mais elle n’avait jamais cru ses paroles mielleuses ou le poison suintait. La Reine devait assurer ses arrières. Elle retourna sur la carte précédente et replaça les pions selon le roi ennemi et se positionner selon son point de vue. Combien d’alliances duraient-elles sur le temps ? Shagal n’en liait que par nécessité. Par amour de l’or, il proposait chaque année à Adrissax un échange que refusait son roi. Au bout d’une quinzaine de tentatives infructueuses, Shagal abandonna pour se tourner vers Xiria pour obtenir le même non catégorique. Las d’échanges et de politiques, il ordonna un assaut contre l’un des pays les plus petits pour exiger sa reddition et distiller la peur chez les plus grands. Son plan fut un succès. Beaucoup cédèrent devant la puissance de son armée et les royaumes les plus éloignés lui vouaient allégeance. Seule la Reigaa résistait grâce à l’acharnement de sa sœur. Néanmoins cupide et orgueilleux, Shagal n’était pas un bon souverain et Sipayn s’en souviendrait. Régner sur ce territoire n’intéressait guère la jeune femme.
Les ruminations de Maleïka ne cessèrent que lorsque Freya entre dans la salle.
–Comment se passent les entraînements ?
–C’est une catastrophe, déclara sa sœur en s’asseyant sur le trône. Une belle calamité !
–Même au bout de deux semaines ?
–Je ne pensais pas la régression possible mais il m’a démontré le contraire.
La Reine se redressa, agacée d’être interrompue dans l’élaboration de ses plans.
–Que viens-tu faire ici ?
La présence de Freya dans cette salle se justifiait toujours. Une annonce importante, un conseil auquel elle ne pouvait couper…
–M’isoler de ce stupide chasseur sinon je risque de lui arracher la tête. Beaucoup de personnes chuchotent à propos de ce choix. Ils disent que nous sommes aveugles devant son incapacité.
–Des domestiques qui essayent de comprendre quelque chose à la politique ? Ce royaume sera bientôt un cirque si nous n’y prenons pas garde.
–Ils ont pourtant raison.
Maleïka devait à tout prix former une alliance. Si Oron se révélait aussi incapable que le prétendait sa sœur, leurs jours étaient comptés.
–Pourquoi n’assistes-tu pas à l’entraînement au lieu de demander à Aggo et Zorak de faire des rapports ?
–J’ai assez de travail ici.
–Quel genre de travail est suffisamment important pour te retenir dans cette salle poussiéreuse au lieu d’assister aux raclées que je fous à ce lamentable champion ?
Maleïka désigna les pions qui chevauchaient les cartes.
–Un plan B. Vu l’avancée du plan A, il est fort à parier que nous aurons même besoin d’un plan C.
–Tu en as un ?
–Je cherche.
–Ne tarde pas trop.
Maleïka acquiesça, l’air grâce avant de reporter l’attention sur sa sœur.
–Zorvaa nous aurait-elle aidées par le passé ? Au temps de notre père ou de nos aïeux ?
–Je l’ignore. C’est toi qui es spécialiste de notre histoire commune.
–Non, c’est Cilanna.
–Et où est-elle ?
Maleïka leva les yeux au ciel devant la bêtise dont sa sœur faisait preuve.
–En voyage pour apaiser les tensions chez l’ami du duc de Rondall. Comment as-tu l’oublier ?
–Cette tête à claque d’Oron accapare toutes mes pensées. Quel est ton plan B pour l’instant ?
Il était temps que sa sœur lègue son trône à plus compétent, plus intéressée par la réelle gouvernance. Oui, le retrait de sa sœur se ferait dans la mêlée. Personne ne se souviendra de ce qu’il s’est réellement passé cette journée-là. Un retrait du pouvoir, l’abandon, un meurtre ? Qu’importe, Maleïka éliminera sa sœur lors de ce duel pour revendiquer le trône à elle-seule. L’ombre de Cilanna se voulait trop petite, trop tremblotante pour représenter une menace. Elle se contentait de voyages et rallier les hommes à leurs causes. Sa petite sœur était faible, Freya vivait pour la guerre, mener les batailles. Le trône ne méritait ni l’une ni l’autre. Elle seule se jugeait assez bonne pour s’y asseoir. Ne les avait-elle pas manipulés en dissimulant sa force sous le poison du doute ? Ses sœurs la jugeaient indécise mais quels seraient leurs réactions une fois son jeu révélé ? Maleïka en jubilait d’avance.
–Nouer des alliances. Il pourrait nous prêter main forte et renforcer notre armée en nombre. Nous aurions pu nous en passer si tu avais fait attention.
Freya la foudroya du regard du haut de son siège.
–Qu’en sais-tu ? Si Tiyliu perdait, nous aurions tout de même dû nous battre.
–Tiyliu aurait gagné.
–Tu n’en sais rien.
–Au moins, nous avions une chance. Avec ton chasseur, c’est de nouveau départ à zéro.
La voix de la Reine était sèche. Freya avait toujours eu le don de l’agacer, tel un cafard. Elle courrait sans ses jambes, entravant sa liberté.
–N’aurais-tu pas songé à des renforts si Tiyliu était resté ? Tu te serais reposé sur lui ? Je te savais faible Maleïka mais pas idiote.
Elle accusa le coup. Si elle répliquait, elle lui dévoilerait son plan et ses années de mensonges. Sa sœur l’enfermerait au cachot. Peut-être la tuerait-elle. Non, ce n’était pas encore le moment.
–J’y avais pensé. Disons que c’est revenu à l’ordre du jour.
–Je suis heureuse qu’Oron m’ait découvert si ça t’a donné un peu de bon sens.
–De bon sens ? S’étrangla Maleïka. C’est de ta faute si nous en sommes là.
–Tu n’as jamais fait d’erreurs ?
–Je ne vous ai jamais mises en danger. Pas de cette manière-là. Et tu oses me reprocher ma désinvolture ?
Dans sa fureur, Maleïka n’avait pas remarqué qu’elle s’approchait des quelques marches menant au trône. Le moucheron qu’était sa sœur devenait très enquiquinant. Elle devait s’en débarrasser au plus vite.
–Il ne dira rien.
–Tu n’en n’es pas sûre.
–Il suffit, clama Freya. Nous disputer ne servira à rien. Nous pourrons nous crier dessus une fois que cette histoire sera terminée.
Encore une fois, elle prenait des décisions les concernant toutes deux. Maleïka ravala sa colère. Elle ne doit pas exploser maintenant, pas maintenant alors qu’il n’y a personne pour y assister. Pas maintenant si Freya ne cédait pas son trône.
–Parle-moi de ton plan.
Maleïka se pencha sur les cartes et attendit sa sœur.
–Peu de royaumes ont une armée ou des guerriers à nous prêter. Il est plus facile de s’allier à des anciens amis loyaux qu’à des nouveaux.
–Aucun n’a ce que nous recherchons. Les rois sont vieux et oisifs et les enfants trop jeunes pour revendiquer leurs armes. Et si nous demandons l’aide des hors-la-loi ?
–Des bandits, des violeurs, des meurtriers, des maraudeurs. C’est ça ton plan brillant ?
Freya balaya les pions de l’échiquier pour proposer une nouvelle stratégie.
–Il y en a bien assez de parjures sur l’Andürin pour doubler nous armée et mater la rébellion de Shagal.
–Non, je refuse que les autres royaumes pensent que nous sommes désespérés.
–C’est pourtant ce que nous sommes.
–Ils en profiteront pour nous attaquer.
Le pouce de sa sœur caressa l’un des pions.
–Ou ils verront que tu es une Reine qui se soucie de son peuple.
–Ils se riront de nous. Je refuse d’engager des hors-la-loi. Qui s’assurera de les faire rentrer dans le droit chemin ?
–Promets-leur une récompense.
–Récompense que nous n’avons pas, je te rappelle. Tu n’as donné que le tiers à Tiyliu. Au risque de me répéter, je refuse de les appeler.
–Tu montres déjà ta faiblesse en demandant des renforts. Que leur offriras-tu en échange ?
Maleïka haussa les épaules.
–Des soieries, ce genre de choses.
–Ils ont déjà assez de bibelots. Ce qu’ils veulent, c’est précisément ce dont nous manquons.
Oui, trop de richesses sont donnés aux pauvres. Il est temps de le leur reprendre. Cilanna et Freya voulaient un royaume qui prônait l’égalité entre les castes, quittes à renoncer à leurs privilèges de Reines. Pas Maleïka qui convoitait cet or.
Si le peuple les soutenait les seigneurs critiquaient cette charité due à leur faiblesse de femme.
–Nous sommes dans la position la plus critique. Qu’avons-nous qu’eux n’ont pas ? Réfléchit Freya à haute voix.
–J’ai entendu parler de créatures. Des sortes de serpents avec des ailes.
–Tu veux leur donner un dorakkar ? Le problème resterait le même. Nous n’avons pas cet argent.
Maleïka baissa les yeux.
–Je ne sais plus quoi proposer. Personne ne viendra à notre secours si nous n’avons rien à troquer.
–Il nous reste encore une chose à essayer.
Sceptique, Maleïka fixa sa sœur.
–Les prières.
**
La Reine commanda Zorak dans ses appartements. Elle ne revêtit qu’une robe de chambre mais elle savait que les intentions loyales du guerrier faibliraient en la voyant ainsi. Maleïka l’attendait, un verre de vin à la main en cachetant une lettre du symbole de la Reigaa : trois serpents entrelacés les crocs découverts. Son rôle était simple : s’assurer du bon port de la lettre.
La jeune femme prit une fiole de cire chaude et laissa couleur un fin filet de liquide écarlate avant d’y laisser sa marque. Elle ôta la bague à son majeur et la pressa contre l’épaisse substance rouge. Zorak se chargerait personnellement de celle-ci, les six autres n’étaient que frivolités, destinés dans le meilleur des cas à leur apporter l’aide tant attendue, au pire à terminer au fond d’un tiroir ou à devenir la proie des flammes. Aucune de ces deux options les sauveraient, le temps jouant contre elle. La lettre que Shagal recevrait servait de rappel à l’ordre. Les termes du contrat étaient établis quelques mois à l’avance : des menaces mais aucun acte. Maleïka connaissait trop l’esprit vicieux de Shagal pour ne se tenir qu’à une réprimande de trois mois.
Tu auras de l’or, des pierres, des soieries si tu m’aides à dégager Freya du trône.
Pour que cette entrevue passe inaperçue, Shagal et Maleïka se rencontraient à la frontière aux heures les plus sombres pour que nuls ne puissent les reconnaitre. Personne n’était dans la confidence hormis les deux souverains. La Reine réussissait à s’éclipser après quelques mensonges travaillées et ses idiotes de sœurs –même Cilanna- la crurent.
Un bruit sourd la fit lever les yeux. Zorak toquait à sa porte.
–Entre.
Malgré son air froid et sévère, le chevalier l’aimait. Ses lèvres serrés lorsque leurs regards se croisaient, la distance entre eux qu’il s’évertuait à respecter trahissaient les sentiments à son égard. En outre, Zorak refusait de la toucher. Elle avait essayé une ou deux fois de toucher son épaule mais le guerrier s’était rétracté et ses doigts ne rencontraient que le vide. Sa peau lui murmurait-elle la promesse d’une douleur indicible ?
Si le chevalier s’évertuait à ne pas fixer son corps mis en valeur par cette robe plus transparente que blanche, Maleïka sentit le combat que cœur et raison se livraient. Elle décida de jouer sur cette confusion.
–Assieds-toi. Prends un verre.
–Ma Dame, je…
–Prends un verre, Zorak.
Ivre, il ne lui servait plus à rien mais un homme légèrement éméché se manipulait plus facilement.
–Tu es plus raisonnable que Freya.
–Je ne vois qu’occasionnellement lors de grands événements.
Maleïka sourit. La Reine connaissait le pouvoir d’un sourire (même mal intentionné) sur un homme amoureux. Elle apprit le pouvoir de l’amour lorsque sa sœur couchait avec Chrysentia. Le visage de Cilanna s’illuminait rien qu’en tenant sa main.
–Aujourd’hui, tu as le droit de boire. Un verre, deux et même toute la cruche, s’il te plait.
–Merci.
–Tu n’es pas obligé de jouer le rôle du chevalier servant ce soir, Zorak.
–D’accord.
Etait-il intimidé au point de ne pouvoir dire plus d’un mot ? La Reine espérait que non. Mettre à l’aide un homme frigide demandait un certain temps. Elle pensait jouer avec son corps mais si le trentenaire ne la regardait pas de peur de dévoiler ses sentiments, son plan se compliquerait.
Séduire n’était pas son arme. C’était celle de Cilanna. Maleïka avait besoin d’un trône et d’une couronne. Si Zorak n’était pas assez soûl pour accepter immédiatement la demande de sa Reine, il se poserait des questions. Des doutes et une curiosité mal placées peuvent entraîner une trahison. Il risquerait d’ouvrir la lettre et dévoiler le complot à ses sœurs. L’enjeu était trop risqué, si Maleïka parvenait à l’envoûter, il n’aurait aucune raison de décacheter l’emblème de la Reigaa.
–Pourquoi m’avoir fait venir ici ?
–J’aurais aimé discuter avec toi quand que nos rôles n’influent sur nos paroles. J’oublierai mon titre de Reine si tu oublies celui de guerrier.
Maleïka trempa ses lèvres dans le vin.
–Hormis mes sœurs, la Reigaa ne voit en moi que la Reine, pas la femme. Ce soir, j’ai envie de parler avec quelqu’un en qui j’ai confiance. Qui de plus approprié qu’un de mes plus fidèles chevaliers ?
–Et Aggo ?
–Aggo a plus d’une cinquantaine d’année, il ne voit en moi que la fille de son ancien rien lorsque je ne suis pas sa Reine. Rien de plus qu’un objet à protéger. Toi, tu as toujours vu plus qu’une simple souveraine en moi, n’est-ce pas ?
Il ne répondit rien, se contenta de se resservir. Maleïka nota le malaise soudain dans lequel il était plongé. Parfait.
–Je ne vais pas te manger, fit-elle avec un sourire coquin.
La guerrière hésita puis se ravisa. Les pans de la robe de chambre de la Reine laissaient entrevoir ses jambes croisées. Zorak était certainement le seul homme avec lequel elle pouvait s’amuser de cette manière.
–Pourquoi ne dis-tu rien ?
–Je ne comprends pas pourquoi vous m’avez appelé.
–Faut-il une raison ? N’ai-je pas le droit d’avoir un ami ?
Zorak pivota sa tête et regarda au-dessus de son verre (le deuxième comptait Maleïka)
–Un ami ?
–Une personne à qui parler, à qui s’ouvrir. Un confident.
–Et vos sœurs ?
–Devrais-je partager ma vie qu’avec toujours mes deux sœurs ? Certes, nous sommes proches. A juste titre d’ailleurs. Nous dirigeons un royaume ensemble. J’ai envie de m’ouvrir un peu au monde, pourquoi est-ce si compliqué à comprendre ?
–Non. Je veux dire que je comprends. Seulement…
Maleïka se pencha en avant, l’incitant à poursuivre malgré ses bégayements.
–Vous me recevez dans vos appartements personnels avec une simple robe de chambre, du vin en me demandant. Je…. C’est surprenant.
–Non, ça ne l’est pas, s’énerva la Reine en se levant.
Elle pensait que Zorak mordrait plus facilement à l’hameçon qu’elle lui tendait mais cet idiot se bornait à chercher le « pourquoi du comment ». Maleïka ne pouvait faire machine arrière.
–J’ai compris que j’avais besoin d’autre chose que régner. La régence est un métier difficile. Peu de personnes sont loyales et vous venez bientôt à soupçonner tout votre entourage de traitrise.
–Je vous ai toujours été loyal.
–Je sais, Zorak. Ça fait du bien de l’entendre de ta bouche. J’ai prêté serment à la Déesse : je ne devrais prendre aucun époux ni renoncer à ma virginité et à mon innocence. J’ai fait ce choix pour préserver ma pureté. Je sais que tu m’apprécies plus qu’un autre guerrier mais je ne peux répondre à tes attentes. Je peux néanmoins t’offrir ma gratitude.
Maleïka posa sa bouche au coin de ses lèvres. La jeune femme sentit les muscles du chevalier se tendre alors que leurs peaux se touchaient.
–Nous sommes uni maintenant.
Le guerrier but son verre d’un trait.
–Oui.
–Et les amis s’entraident, n’est-ce pas ?
Zorak acquiesça.
–J’ai une lettre à te confier.
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