Micro-nouvelle
Après l’arrivée chaotique sur la berge, j’émerge de l’eau salée, les vagues tentant de me repousser vers le large. Mais je marche d’un pas lent et sûr dans le sable mou et les coquillages. Je n’ai d’yeux que pour ce « monde nouveau » : une crique, où se mêlent des rochers bruns parsemés de broussailles vertes et une plage si blanche, que la réverbération du soleil donne le tournis. Je me réjouis intérieurement : « J’ai réussi ! » La traversée entre les deux continents, les vivres se faisant rares dans le bateau, ces images devenaient lointaines dans ma mémoire.
Je pose un genou dans le sable et murmure une prière de remerciement à Dieu. Puis j’embrasse le sol humide pour goûter ma patrie toute neuve. Soudain, un homme, au loin, un local surement, hurle quelque chose en me pointant du doigt, le bruit m’échappe. Est-ce « miga », « miraté ? » Non, c’est : « Migranté ! » Assis dans la camionnette grillagée, le gout de la terre promise est devenu amer.
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