13.
Chère Maurine,
Je n'ai jamais eu de chance dans la vie. Ça a commencé par mon prénom à la naissance ; Sam, pour que tout le monde croit que je suis un homme. Et puis ça a continué toute ma vie : décès de ma mère, suicide de mon père, découverte de ma bisexualité, fugue de mon frère, DAS et autres foyers, familles d'accueil...
J'ai cru avoir une nouvelle chance en allant chez toi. J'ai cru que j'irais mieux.
Tu m'as accueillie chez toi comme une mère, alors que tu n'étais qu'une vague tante que je n'avais jamais vue.
Tu as tout fait pour me comprendre, pour apprendre à me connaître, à m'aimer.
Bien sûr, au bout de quelques mois, mes mauvaises habitudes sont revenues.
Je me sentais enfermée. J'avais besoin de sortir, de voir du monde. Je me sentais mal. Il fallait que je m'oublie dans le sexe, l'alcool, et les foules. Suis-je si éloignée de ton caractère ?
Tu es pourtant mon modèle de femme. J'aimerais te ressembler. Avoir cette force qui te permet de rester sage et d'obéir. Cette force qui te permet de t'aimer et d'aimer.
Mais je n'ai rien. Je suis lâche et je me détruis.
Tu as commencé à t'inquiéter, à établir des règles, à m'imposer des choses, à en interdire d'autres. Forcément ça n'a pas marché.
Au fond, c'est peut-être mieux que je sois loin de toi maintenant. Peut-être que ça ne marcherait pas.
En tous cas je veux que tu saches que je suis en bonne santé, dans un nouveau foyer, et que je t'admire pour tout ce que tu as tenté.
Affectueusement,
Sam.
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