La collection du sorcier - partie 2

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Une fois seul avec mes étranges compagnons, j’agite mes chaines espérant arriver à les arracher du mur. Évidemment, ça ne mène à rien. Je suis découragé. Je tente de parler aux autres captifs :

— Ça fait longtemps que vous êtes là ? J’imagine que vous ne savez pas comment sortir d’ici ?

Les fées essayent de me répondre, mais aucun mot ne parvient à traverser les bocaux de verre. Le troll et l’abeille restent silencieux. Tout ce petit monde ne m’est d’aucune utilité. Le pirate en moi a bien envie de les égorger. Je perds tout espoir de m’évader d’ici quand soudain la porte de la cellule tremble et s’écroule au sol. Six nains à la barbe rousse pénètrent dans la pièce. L’un d’entre eux s’approche de moi et l’air un peu hésitant demande :

– Capitaine ?

Troublé, j’interroge :

— Ambroise ?

— Oui.

Visiblement, je ne suis pas le seul à avoir subi une transformation. Ambroise est mon second. Normalement, c’est un grand barbu à la peau d’ébène. Mon équipage m’ôte les menottes et libère tout le monde. Alors que nous nous apprêtons à quitter notre prison, Ambroise m’explique ce que j’ai manqué.

— À l’aide de la magie, le sorcier a fait accoster le trois-mâts sur la terre ferme et là nous a transformés en nain. Il vous a enlevé, nous laissant seuls sur le rivage. Sauf que même de petites tailles, nous restons des pirates et nous avons pu le suivre jusque dans cet étrange château. Il y a des tas de salles, nous avons mis un moment à trouver la vôtre.

Notre groupe un peu particulier s’engage alors dans les couloirs de la sombre demeure. Les fées volent devant nous, surveillant chaque croisement. La femme à la tête d’abeille s’approche de moi.

— Touche mon front.

J’objecte avec embarras :

— Euh, tu vas brûler.

— Je ne pense pas, car il ne s’agit pas de mon vrai visage.

Je hausse les épaules. Après tout, c’est son choix. Je l’ai prévenu. Je pose avec précaution mes paumes faites de cendres sur ses tempes. La tête d’abeille s’enflamme. Je retire vivement mes mains. À la place de la créature, un visage auréolé de boucles blondes me fait face. Tout d’un coup, je comprends comment mon ennemi a pu être envoûté par les charmes de la princesse. Cette dernière m’adresse un timide sourire.

— Je suis Bella.

— Moi, c’est Wilfrid.

Malgré mes pupilles rouges et mes canines, je lui envoie un regard que j’espère ravageur. Ambroise lève les yeux au ciel.

— Il faut partir d’ici avant que le sorcier revienne.

Après quelques tours et détours, nous sommes enfin à l’extérieur du château. Jusqu’alors silencieux, le troll demande :

— Et maintenant que faisons-nous ?

Je hume l’air et sens les embruns. Tendant l’oreille, je guette le cri des mouettes.

— Nous allons en direction de la mer.

Personne n’émettant d’objections, nous y arrivons rapidement. Comme je m’y attendais, mon navire est amarré. Je m’adresse à mes compagnons :

— Ceux qui le souhaitent peuvent partir. Pour les autres, bienvenue à bord !

Ambroise regarde le trois-mâts d’un air dubitatif.

— Avec notre nouveau gabarit, je ne suis pas certain que nous puissions désormais le manœuvrer.

Une des fées intervient :

— Je ne peux pas vous rendre votre apparence, néanmoins je peux vous lancer un enchantement vous permettant de grandir.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Mon équipage a retrouvé une taille adulte. Le troll émet un grognement d’approbation et se dirige vers le trois-mâts. Les fées virevoltent autour de moi.

— Nous sommes navrées, mais sur toi, le sort n’est pas modifiable. Nous allons retourner dans notre royaume. Bonne chance pour la suite.

— Merci, vous aussi.

Les petites créatures s’éloignent, leurs ailes battant gaiement dans le ciel.

Bella, ses yeux bleus posés sur moi, me dit avec franchise :

— Je veux mener une vie d’aventure auprès de toi.

La miss est sacrément mordue (sans jeu de mots). Je l’observe qui suit le troll. Les rejoignant, je donne des ordres à mon équipage et nous voguons rapidement en pleine mer. Avec l’air salé qui colle à ma peau, j’éprouve la sensation d’être à nouveau vivant. Néanmoins, la soif commence à se faire sentir. Il va falloir trouver une victime et un moyen de boire ma proie sans la brûler. Je n’ai aucun scrupule à cette idée, car j’ai un projet à accomplir. Je suis décidé à retourner auprès du sorcier lorsque j’aurai appris à me servir de mon nouvel état de vampire. Et peu importe le sortilège qui le protège de moi, je le tuerai. La promesse étant faite aux vagues s’écrasant sur la coque du navire, je peux enfin reprendre le cours de mon existence de pirate et nouveau buveur de sang.

FIN

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