Cette génération est vraiment sans limites…soufflais-je en levant péniblement ce verre pour me faire brûler la gorge par ce miel dont il n’avait de divin que la fin

Pourquoi dis tu ça ? Fît une ombre, une voix de l’autre côté de la table, rangeant ce cristal vide dès que mon bras le reposait sur cet amas de bois lissé à la perfection, Y’a moins de consommateurs comme toi, mais au moins ils pensent à la terre, eux. Continua-t-il avec sa méprisante voix de faquin tout droit sortie d’un western bon marché

C’est vrai qu’il y a pas plus écolo que la tromperie et la prostitution ! Ils recyclent plus leurs corps que leurs déchets ! Répondis-je avec le sourire, Ils vendent ça sur…Cherchais-je mes mots aussi perdus que mon briquet Only chais-pas-quoi…sortis-je un cigare plus écrasé que roulé, le faisant valser avec la flamme impatiente de cette brique de fer et de métal

Onlyfans tu veux dire ?

C’est ça ! Lui soufflais-je un nuage de brouillard noir au visage, avant de ranger mon dompteur de flammes dans ce blouson à poches sans fin ; Only…Fans…de mon temps les fans on les gagnait avec respect…Inspirais-je dans ce tronc incandescent entre mes doigts…et pas en se bougeant à poil sur des miettes de pain et des pervers

Dis pas ça...râla le barman ; on peut gagner énormément…y’en a même qui gagnent leur vie avec ça !

Et y’en a qui la perdent…soufflais-je, avant de voir mon cigare brûler, craqueler, se réduire à petit feu entre mes doigts

J’ai vu cette histoire…mais c’était y’a longtemps, on en parle plus maintenant !

Bah…pris-je une dernière gorgée de fumée avant que je ne puisse plus le faire ; elle était assez jeune pour que ça fasse du bruit…le fixais-je du regard, transformant l’atmosphère pesante et bruyante de cette antre à alcool en un calme silencieux et interrogateur…comme quoi il n’a pas que la voix du western, il a été livré avec le même regard pathétique et la même dégaine

Ce silence fut interrompu, non pas bruyamment, par une jeune, vêtue tout de noir si sombre que les ténèbres auraient été lampes et lumières à ses côtés

Alors, tu me conseille quoi ? Se tourna-t-elle vers moi ; T’as une tête de connaisseur

Et toi, d’une tête à claques…lui répondais-je sans y réfléchir, déposant à ma place une vingtaine d’euros pour payer mes boissons, avant de me lever

Roh, reviens, je voulais juste te taquiner…me suivait-elle jusqu’à la sortie

Pas moi ; continuais-je, laissant cette maroufle ombre répéter ses pas vers ma voiture

J’ai entendu ce que tu disais sur OnlyFans…

C’est bien, tu veux une médaille ? cherchais-je mes clés pendant son charabia

Et j’ai une idée pour te faire changer d’avis…

Eh bah bonne chance ! Fis-je ronronner, avec peine, ce tas de ferraille chez moi

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Cette génération est vraiment sans limites…râlais-je en soulevant avec peine mon verre d’ambre lave, pour faire de Pompéi un prequel de ce qui se passera dans ma gorge

Tu vas dire ça tous les jours ? souffla le barman, en radotant toujours ses mêmes banalités barbantes et inutiles, Je devrais te faire payer un peu plus à chaque fois que tu dis ça ! fît-il d’un rire strident

Arrête de rire comme ça, tu me rappelle l’autre idiote d’hier ! Fis-je claquer mon verre sur la table, si fort que ses éclats se brisèrent en un tendu silence

Et d’ailleurs, s’est passé quoi ? Prit-il ce tonneau d’un transparent diamanté dans cette piscine de métal où se reposent d’autres cristaux, tous plus vides les uns des autres, avant que cette noire planche, accompagnée de clignotements, lui répondant avec une voix calme que Rovéna Klein a été tuée à 19 ans, trouvée par son petit ami à 23h12

Et merde, je savais pas qu’elle en avait un…soufflais-je, avant que les flashs et les éclairs bleus et rouges me rattrapent