Horreur!

Quelle horreur!

Me disais-je

Voyant ce néant avaler, aspirer sans retenue ce dont je voulais parler, Observant cet hideux monstre me fixant de son regard vide et affamé de bête impossible à dompter, surveillant mes simples gestes de ses yeux morts me tuant, à chaque vue, dans une abysse si profonde que le sang de ma plume n’en serait qu’un préface

Pourquoi…

Pourquoi moi…

Me disais-je

Ô combien luttant contre cet ignoble vide voulant me présenter ses crocs acérés, lames blanches voulant me déchiqueter

Me défendant, enfin essayais-je, contre ce géant que nul n’a battu, tremblant d’effroi à chacun de mes mouvements, hésitant à brandir cette lame, fleuret de pensées lassé de mes mains, ou à fuir, laissant cette mâchoire m’écraser dès que ces couleurs d’artifices m’auront terrassé

Pitié

Aies Pitié

Ai-je crié

Me débattant entre ses mains brûlantes d’espoir désespéré, écartant ses doigts si ridiculement que “pathétique” n’en serait même pas digne

M’humiliant tant, et si longtemps que je sentis le souffle de son rire m’encourager à continuer, ne serait-ce que pour le divertir, avant que, entre les montagnes aiguisées dans sa bouche, des mots tombèrent, chutèrent, s’écrasèrent sur le sol dans un fracas de murmures, créant une flaque d’une couleur si sombre qu’elle en eut l’air interminable

Horreur!

Quelle horreur!

Me disais-je

Voyant ce néant rire à mon nez, humiliant mes journées de ses dires répétés

Observant ce monstre de mes idées me menacer de ses yeux vides

En Papier