Je porte le verre à mes lèvres, sans le quitter du regard. Que peut-il voir en moi ? Peut-être rien. Peut-être…ce crépitement de désir qui monte lentement.
Je me demande si le vin tiède et épais qui coule dans ma gorge pourrait s’enflammer au contact du brasier qui, tout doucement, réchauffe mon ventre. Il me parle depuis plusieurs minutes, mais je n’écoute pas ses mots. Seule parvient à mes oreilles, la musique de sa voix grave et teintée d’une pointe d’hésitation. Oui, sa voix vacille parfois, marque des pauses. Sa respiration semble jouer à contre-temps, ses phrases se perdent dans des impasses.
Dans cet espace-temps où séduire paraît inapproprié, je tente de conserver la maîtrise de mes pensées.
Un incendie : voilà ce que je veux. Et je sais que je l’obtiendrai. Mais combien de temps vais-je devoir attendre ? Combien de temps avant l’effleurement, avant l’empoignement, avant la sueur, avant le déferlement qui m’emportera ?
Pour l’instant, une solide table en bois marque la frontière entre nous.
Et tandis que mon regard entre en lui pour tenter de m’emparer de son âme, tous mes sens sont aux abois.