Chapitre 15 : Jace (point de vue)
– Maman ! Papa ! hurlé-je à pleins poumons.
Un sentiment d’angoisse m’étreint le cœur. Je cours en direction de la fumée de plus en plus dense, de plus en plus mortelle. Mes jambes ne peuvent s’arrêter. Le hangar en feu est proche de moi maintenant, mes pieds foulent le sol et propulsent de la poussière à tout va. Encore un peu et je serai arrivée. Soudain, je me sens retenu par le torse. Deux hommes vêtus d'un costume de la milice agrippent mon corps musclé d’adolescent et m’empêchent d’aller plus loin. Je me débats mais ils me terrassent. Ils tentent de me calmer, de me parler, mais je n’ai que faire de leurs paroles. Je veux voir mes parents. La fumée qui se dégage du hangar me fait vaciller. La mort est partout. Dans chacune de mes inspirations.
Des hommes en noir tentent à l’aide de grands tuyaux d’éteindre les flammes qui lèchent le ciel. J’ai cessé de me défendre. J’ai perdu tout contact avec la réalité. Ils ne sont pas là ! Non, c’est impossible. Ils sont sûrement partis quand j’étais avec mes copains de classe. Pourtant une voix éveillée en moi me souffle qu’ils étaient là…
Mes yeux sont braqués sur les corps qui sortent maintenus par un brancard automatisé. Ils passent près de mon corps retenu… Mon cœur explose dans ma poitrine, mes yeux ruissellent. Et là sans comprendre… le visage quasi calciné de mes parents… NON
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Je me réveille en sursaut, le corps transpirant et les yeux humides. Encore, un cauchemar. Enfin si seulement cela l'était...
La fumée, les corps calcinés, voilà de quoi je me souviens. Ce qui m’a tant blessé. Les souvenirs sont intacts. Mais je ne veux pas qu’ils disparaissent. Je ne veux pas oublier, car oublier veut dire pardonner. Et ça, jamais. Mes parents sont morts le jour de mes seize ans. Alors que je devais fêter la vie, j’ai célébré leur décès. Ce jour-là, je me suis promis que ces monstres paieraient pour leur infamie. Ce jour-là, j’ai abandonné ma plus belle partie. J’ai fait fondre mon âme dans le sang et j’ai fait émerger cette noirceur qui ne disparaitra jamais.
J’aurais dû la dénoncer, j’aurais dû effacer l’empreinte qu’elle m’a laissée. Mais il y a quelque chose chez elle, une douleur qui fait écho à la mienne. Et je me déteste d’être aussi faible. J’avais promis de ne jamais plus flancher, de ne jamais aimer. Et je la hais de m’obliger à déroger à ma règle. De refaire émerger cette putain de lumière qui avait été chassée. Dès que je l’ai vu, j’ai eu envie de l’éloigner, de la mettre à distance. Mais ses yeux m’ont accroché, écorché. Ils ont fissuré le blindage qui m’entourait. Pourquoi l’ai-je laissé entrer ? Pourquoi ?
Quel foutu sentiment, que l’attachement ! Je tente de rester droit, froid comme j’ai toujours appris à le faire depuis mes seize ans. Mais quand ses lèvres ont rencontré les miennes, j’ai perdu. Je savais qu’en embrassant Ali Taylor, j’aurais envie de recommencer. Et je l’ai fait, à maintes reprises. Comme un besoin vital d’éprouver quelque chose. Comme un besoin de me sentir humain pour une fois dans ma vie. Pourtant je savais que je n’étais pas prêt, mais je la voulais. J’étais égoïste, car aucun de nous n’avait les épaules pour se porter.
Je suis un fléau pour les autres. Je suis un meurtrier du côté de la loi. Mais finalement cela change-t-il quelque chose ? Tuer salit toujours l’âme que se soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Mais au fond de mon cœur, je ne regrette rien. Je suis fait pour ça, pour être un milicien. Venger mes parents est tout ce que je veux, tout ce que je peux offrir à ma vie.
Mais quand j’ai vu ses larmes rondes, quasi parfaites, j’avais envie de hurler, de la gifler, de l’étreindre. Parce que je revoyais dans ses pleurs et sa détresse, l’adolescent que j’étais et qui a tant morflé… à cause de ces terroristes d’EHN.
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Coucou tout le monde.
Voilà un tout petit chapitre sur Jace. Je n’avais pas du tout prévu ça, mais il faut que je réfléchisse pour le chapitre prochain d'Ali (je sais, je mets un temps considérable à écrire ce futur chapitre). Et je trouvais ça bien qu'on puisse apprendre à le connaitre. Mais j'avoue que j'ai envie d'avoir vos avis pour savoir si vous trouvez l'idée bonne ou pas.
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