1- Journée de merde
Un doux rayon de soleil se pose sur ma joue pour me picoter la peau.
L'herbe jaune se plie sous une légère brise automnale.
Le ciel teinté de cuivre et d'or étale sa beauté, déniant au moindre nuage l'idée de lui voler la vedette.
Un petit merle chante au loin, puis un deuxième suis sa douce symphonie.
Un paysage en tous points magnifique pour une nouvelle journée de merde.
Un pas devant l'autre, j'avance lentement vers ma pénitence, dans un paysage de carte postale. J'observe la ville, homogène de fumée noire et de reflets jaunâtres. Les usines tournent à plein régime malgré l'heure, crachant des nuages de charbons, seul résidus du dur labeur des ouvriers.
Il se dit que bientôt ils seraient remplacés par de nouvelles machines, crachant toujours plus, chaque jours.
Je ne sais pas si j'arriverais à supporter ce paysage toute ma vie …
La grande ville de PeterBorough étire ses tours en ce si joli matin, impose son décrassage matinal aux citadins puis finira par un peu de sport, secouant ses habitants. Après tout il serait inconvenant de ne pas les réveiller convenablement.
PeterBorough est la capitale de l'Etat de Horsham, très connus pour ses oeuvres d'art et sa culture très riche. Cet Etat est un puits de connaissances qui accueille les bras ouverts les étudiants du monde entier.
Bien sur, ça c'est la version officielle. En réalité l'Etat est surtout connus pour son air à peine respirable chargé de souffre et sa discrimination envers les mutants.
De nos jours, en 1923, les mutants font partie d'environ un tiers de la population. Cela dit veillez bien à ne pas trop vous exciter à cette idée, la plupart des mutations sont … comment dire ça de façon polie … nulles.
Pour vous donner un exemple, mon voisin de classe a pour mutation des pets qui sentent la fraise. Je vous l'avais bien dit, c'est décevant !
Enfin, peu importe notre valeur, à Horsham nous sommes des mutants, des monstres, nous n'avons plus le droit au statut d'être humain car nous avons un gène en plus. Nous n'avons pas le même génome que le reste de l'humanité, nous ne sommes donc plus humain.
Cela dit nous ne sommes pas des esclaves pour autant, le meurtre de mutant est passable de prison. Mais il y a discrimination, en tous cas dans l'esprit des gens, dans la manière de nous regarder, de nous parler, de nous donner du travail, de nous draguer. Bon je vais pas tous vous les faire, la liste est longue et je suis sûre que vous avez compris.
Le bruit de mes pas sur les pavés de la ville est couvert par celui des outils retentissant dans toute la cité.
On la surnomme parfois Rumble Town car elle ne cesse jamais de faire du bruit.
Voilà ma pénitence : une orgie de bruits, d'odeurs, de mouvements. Je trouve ça insupportable mais je n'ai pas le choix, tous les mutants de l'Etat doivent vivre à PeterBorough pour être sous la surveillance du gouvernement. De leur point de vue nous sommes dangereux, même si nos mutations ferait rire un enfant de six ans.
De toute façon les vrais dangereux ne sont pas ici, le pays ne les veux pas : ils sont envoyés dans une des sections de l'armée d'un Etat voisin.
J'essaye de traverser la ville le plus rapidement possible et tente de me faire aussi petite qu'une souris. Ca marche à chaque fois, je pourrais être en train de danser nu au milieu d'une fontaine qu'ils ne me verraient pas, pas si je le veux. Merci ma mutation !
C'est presque en courant que j'arrive au lycée pour mutant.
Je commence par un cour d'histoire-géographie, deux heures de plaisir où on tente de nous enfoncer dans le crâne l'idée que cette nation est la meilleure et que les autres ne sont que des imposteurs qui mettent aux pouvoir la sous-race que représente les mutants.
Je vois la professeure entrer dans ma salle et je me met à courir pour ne pas me faire punir pour mon retard.
A mon entrée en classe, personne ne me remarque, comme d'habitude.
La professeure commence l'appel alors que je m'assois tranquillement au fond de la classe.
- Mademoiselle Asthenes !
- Présente ! répond-je.
Je déteste mon prénom, il est long et moche.
- Bien, tout le monde est là, nous pouvons continuer notre cour sur la bataille d'Ottawa
Quand la professeure nous as annoncé un chapitre entier sur une seule et unique bataille, nous n'en croyons pas nos oreilles. Et pourtant elle l'a fait : déjà quatre heures dessus, et c'est pas fini !
Il faut avouer que c'est la plus importante de la guerre. Elle a eu lieu il y a huit ans et a duré une semaine entière pour se conclure par la défaite de notre allié. Nous en étions justement à l'apparition de l'acteur principal : le chasseur.
C'est l'ennemi numéro un de la nation, tous les enfants en ont entendu parler.
On raconte que c'est un véritable démon. Il torture femmes et enfants en riant comme un possédé. Lorsqu'on cris son nom pendant une bataille, on lance la retraite sans hésiter. Personne ne peut lui échapper, il voit absolument tout. Si tu es dans son viseur, c'est que tu es déjà mort.
Je vous parle d'une bataille mais pas de la guerre. Il faut dire que pour nous elle a toujours existé. Je vais faire simple.
D'un côté il y a les méchants : l'empire de Tcheboksary. Ils veulent faire des mutants les maîtres du monde.
De l'autre il y a deux gentilles nations : l'État de Horsham, nous donc, et l'État de Knox. Ceux là sont plutôt mitigé, les mutants sont assez bien acceptés et respectés. C'est chez eux qu'Horsham envoie ses mutants dangereux pour l'effort de guerre. Même si nous sommes alliés, l'immigration entre ces deux pays est très compliqué.
J'entend alors une explosion. Toute la classe se plaque à terre.
Nous savons très bien ce que c'est, une attaque des anti-mutants. Je sors de la classe en courant pour rejoindre mon frère Lykos, de deux ans mon cadet. Le bruits de l'explosion venait de la même direction que sa classe. Sa mutation est encore inconnue et j'ai très peur pour lui.
Alors que j'arrive dans le bon couloir, je suis assaillie par la poussière et je manque de me prendre les pieds dans les gravats. J'entend quelqu'un appeler à l'aide et je me précipite dans sa direction. Un jeune a la jambe coincée sous un énorme rocher. Je lutte pour l'en sortir et réussis au bout de longues minutes. Je le met à l'abris et continue mon exploration lorsque j'entend un hurlement de loup.
Ca, c'est clairement pas normal !
Je continue à courir avant de me retrouver face à face avec une bête de plus de deux mètres. Dressé sur ses deux pattes avants, un immense loup rouge hurle au ciel. Sans le vouloir j'effleure son âme et reconnais mon frère.
Je l'appelle, pour tenter de le calmer.
Grossière erreur.
Ses yeux jaunes se plantes sur moi en même temps qu'une énorme patte griffue et velue. Je suis projeté contre un mur, chassant tous l'air de mes poumons.
Je hoquette et tente de reprendre mon souffle. Je ne dois surtout pas perdre le contrôle !
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