Chapitre 2.5

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Au loin, Ghudam semblait indemne. Il était impossible de deviner le passage récent de la Calamité. Mais lorsqu’on s’approchait du trou béant qu’elle avait créé dans le mur de protection de la ville, un sentiment d’impuissance et de désespoir envahissait l’être tout entier. Personne n’était prêt à découvrir l’horreur que la bête avait laissée derrière elle.

Alexandre n’avait pas encore mis un pied à l’intérieur de Ghudam qu’une vision apocalyptique vint le saisir. Des rues remplies, des bâtiments surchargés, ils ne restaient rien d’autre qu’une montagne de gravas et de débris. Étrangement, l’obscurité avait quitté les lieux et l’air semblait plus léger, presque pur. Ghudam était devenue atrocement calme. Le silence régnait, sans que rien ne vienne le déranger. Désormais, il était le maître des lieux. À contrecœur, le jeune homme traversa le mur puis aida Tania à faire de même. Cette dernière était déjà bien pâle, et elle ne tarda pas à vomir à la vue d’un buste dont il manquait la partie inférieure, à demi écrasé.

« Viens, avançons », l’encouragea Alexandre en la tirant par le bras pour l’éloigner de cette vision répugnante.

Plus ils avançaient, plus les corps se faisaient nombreux. Il commença lui aussi à se sentir mal et fixa le ciel bleu orphelin de nuages pour reprendre contenance. Mais dès qu’il fermait les yeux, ces images s’imposaient à lui comme si elles étaient imprimées sous ses paupières. Rapidement, il imita Tania.

« C’est pas vrai... soupira-t-il en s’essuyant la bouche d’un revers de manche.

  • J’ignore si nous trouverons quelque chose, la Calamité semble s’être acharnée », fit la mère de famille derrière lui.

Elle aurait aimé faire demi-tour et rentrer auprès de ses enfants, mais c’était contraire à la mission que s’était donné Alexandre et elle craignait trop de rentrer seule pour oser s’éloigner de lui. De rues en rues, ils ratissèrent du regard les décombres à la recherche de quelque chose d’utile : nourriture ou médicament. Mais une nouvelle fois, il était difficile de reconnaître le lieu tant il était défiguré. Et le peu de temps qu’ils y avaient passé ne les y aidait guère.

Après plusieurs heures, on aurait pu croire qu’ils se seraient habitués à la vue de corps mutilés, au sang et aux cadavres. Ils avaient déjà atteint le seuil d’horreur possible à supporter et pouvaient rentrer bredouille sans honte.

Avant même qu’ils ne rebroussassent chemin, Linus arriva dans leur direction, le visage fermé.

« N’allez pas là-bas, dit-il en indiquant là d’où il venait, c’est un véritable carnage. Une boucherie. La calamité a dû pousser les habitants de ce côté de la ville et ils se sont retrouvé bloqués, dans l’incapacité de trouver une sortie ou de s’enfuir.

  • Une boucherie, à ce point ? le questionna Alexandre refusant de croire à un tel massacre.
  • Une marée de corps, de sang et de tripes sur plusieurs mètres, expliqua l’ancien militaire, je n’ai jamais vu ça. Même pour moi, c’est… je doute de parvenir à oublier ce que j’ai vu. »

Bien que tous deux n’appréciaient guère l’homme, ils décidèrent de le croire. C’était un sujet bien trop important pour qu’ils le soupçonnent de vouloir leur cacher des vivres ou des médicaments avec une ruse immonde. Il disait la vérité, c’était certain et jamais ils ne voudraient assister à un tel spectacle.

Linus les informa également n’avoir rien trouvé de viable : lui-aussi s’était confronté à la dévastation et à la mort sans trouver quoi que ce soit pour survivre. C’était comme si la calamité avait scrupuleusement veillé à anéantir tout moyen de subsistance. Les quelques ressources sur lesquelles ils étaient tombés étaient broyées, écrasées, il n’en restait que de vagues traces qui les narguaient insolemment.

Après une longue pause à l’extérieur des murs de Ghudam, Alexandre repartit en quête de vivre. Tania, elle, n’en pouvait plus. Même avec toute la volonté du monde, elle n’aurait remis les pieds dans la ville. Ce qu’elle y avait vu resterait gravé dans son esprit. Jamais elle n’aurait souhaité à quelqu’un de voir une telle tragédie. Plus elle y pensait, plus elle craignit de finir de la sorte. Si elle parvenait à se résoudre cette fatalité pour elle-même, elle restait songeuse quant à ses enfants. Devaient-ils inévitablement connaître le même sort ? Devraient-ils grandir dans un tel monde ? Ne devait-elle pas faire quelque chose pour éviter cela ? Mais quoi ? Les tuer ? Si cette pensée traversa son esprit, elle s’en savait parfaitement incapable. Résidait encore en elle l’espoir infime de voir la Calamité disparaître.

Lorsque le soleil commença à se glisser derrière l’horizon, il fut temps de rentrer. Tous ceux qui avaient exploré les lieux se regroupèrent devant la brèche. Parmi eux, Edward annonça avoir trouvé un flacon de désinfectant pour Kayn. Il raconta avoir su où chercher pour avoir travaillé pendant quelques semaines comme médecin dans l’un des dispensaires et dévoila également qu’à son grand regret le récipient était percé.

« J’avais un flacon vide sur moi, j’ai récupéré ce que j’ai pu, ajouta-t-il en baissant la tête.

  • Quelqu’un a-t-il trouvé de la nourriture ? » interrogea Linus en balayant l’assemblée des yeux.

Personne ne se manifesta. Bien qu’on lut le désespoir dans les yeux de chacun, Linus soupçonna qu’on ne veuille pas partager ses trouvailles.

« Allez, ouvrez tous vos sacs », ordonna-t-il, les poings sur les hanches.

Si certains obéirent sans broncher, d’autres s’offusquèrent d’un tel traitement. Mais aucun sac ne résista à Linus. Quitte à l’arracher du dos de son propriétaire, il les examina un par un.

« Et le vôtre ? fit Alexandre en fronçant les sourcils.

  • Il est vide, affirma-t-il tandis que ses pieds prenaient déjà la direction de Petit-Azuré.
  • Eh bien, montrez-le nous. »

Si Alexandre fût le seul à s’exprimer, les autres le soutenaient. Après tout, Linus ne pouvait pas échapper aux traitements qu’il venait de leur infliger sans craindre de perdre leur confiance. Il s’approcha donc d’un pas franc, tira sur la fermeture éclair de son sac et en dévoila le contenu.

« Satisfait ? dit-il en tournant le sac vers chaque visage, désespérément vide, comme les vôtres. »

Il le rejeta brusquement par-dessus son épaule et reprit le chemin de Petit-Azuré. Alexandre lança un regard à Tania, haussa les épaules, puis lui fit signe de le suivre. Ghudam ne pouvait les accueillir pour la nuit, et même si cela avait été le cas, personne n’aurait voulu dormir dans un endroit où le nombre de morts dépassât amplement celui des vivants et où la calamité pouvait aller et venir sans peine.

Lorsqu’ils arrivèrent à Petit-Azuré, ils dévoilèrent l’inexistence de leur butin. Lucie fut cependant heureuse d’entendre qu’Edward avait trouvé de quoi aider Kayn. D’ailleurs, il s’attela tout de suite à désinfecter la plaie du jeune homme.

« Cela ne suffira pas à éviter l’infection, confia-t-il à Lucie, la balle est un véritable nid à bactérie. Si jamais elle provoque une infection, nous pourrions ne pas la remarquer immédiatement et même si c’était le cas, je ne pourrais rien pour lui. »

Lucie le regarda gravement : c’était la deuxième fois déjà qu’il lui disait cela. Pensait-il que Kayn n’allait pas s’en sortir ? Elle le redouta. Machinalement, elle sera la main glacée de celui-ci.

« Il est encore trop tôt pour se prononcer sur son état, reprit le médecin pour la réconforter.

  • Et pourtant, il va bien falloir en parler, intervint Linus en regardant le blessé d’un air sévère. Nous n’allons pas pouvoir rester ici très longtemps, je doute que nous trouvions quoi que ce soit à Ghudam. La ville est bien trop dévastée. »

Soudain, il aperçut dans un coin de la pièce, le contenu du sac de Kayn qu’Alexandre avait vidé. Il se saisit de la bouteille d’eau à demi pleine et en but quelques gorgées avant de la donner à un autre.

« Profitons de ces quelques vivres pour aujourd’hui, ce sera peut-être notre dernier repas avant un moment, ajouta-t-il en distribuant tout ce que Kayn possédait.

  • Vous n’avez pas le droit, ce n’est pas à vous, rugit Lucie.
  • Écoute, tu l’aimes bien, c’est ton ami, mais pour l’instant nous ne savons pas s’il va survivre. Regarde ces légumes, ils seront bientôt foutus ! Tu voudrais que nous mourions de faim juste à côté ? Je te laisse l’expliquer aux enfants et à leur mère. »

Tania baissa immédiatement la tête lorsque Lucie la regarda. N’ayant rien trouvé, elle était plus que satisfaite de pouvoir nourrir ses enfants et ce, même si les vivres ne lui appartenaient pas. Lucie chercha donc du soutien vers son frère qui prit un air désolé, puis vers Max, car elle savait qu’il appréciait le jeune homme.

« Faisons une soupe, fit tristement celui-ci. Cela nous tiendra un peu plus longtemps. »

Aussitôt dit, on se chargea de la préparer. Noé partit chercher de l’eau jusque dans l’Azurée, Florie se mit en quête d’un récipient suffisamment grand pour la contenir et Alexandre, accompagné du médecin, sortit ramasser du bois sec pour allumer un feu. Les légumes furent finalement rassemblés et découpés.

« Nous n’avons pas le choix, vint chuchoter Max à Lucie.

  • Je sais, mais lorsque Kayn se réveillera, il aura besoin de manger pour prendre des forces.
  • Et nous aurons probablement trouvé de quoi subsister d’ici là. Peut-être pourrions-nous chasser, nous avons encore des armes.
  • Depuis notre départ de Creux-en-Pierre, combien d’animaux sauvages avons-nous vu ? fit Lucie, sceptique.
  • Ce n’est pas parce qu’on ne les voit pas qu’il n’y en a pas, répondit Max avec un sourire. Ne nous avouons pas vaincu avant que ce ne soit le cas. »

Il accompagna ses mots d’un geste amical, puis repartit s’asseoir sur le vieux fauteuil à proximité. Lucie présagea de la colère de Kayn lorsqu’il se réveillerait : ce serait bien la première fois qu’elle se réjouirait de l’entendre exprimer son mécontentement.

La faim amena également les quelques survivants de Ghudam disséminés dans les maisons alentour à venir frapper à leur porte. Au nombre de six, ils étaient jeunes. Eux aussi étaient retournés dans leur ville à la recherche de survivants et de vivres. Ils n’avaient trouvé ni l’un ni l’autre. Max et les autres ex-prisonniers ne reconnurent aucun d’eux, c’est pourquoi ils acceptèrent de leur venir en aide et de partager ainsi leur maigre dîner.

Si Lucie hésita à prendre le bol de soupe qu’on lui tendait, les autres se jetèrent dessus sans remords.

« Nous devons partir au plus tôt, fit soudainement Linus, Ghudam ne nous donnera rien. Toute la ville est sans dessus-dessous.

  • Mais sans nourriture, nous n’irons pas loin, lui fit remarquer Noé, nous devions être en sécurité dans cette ville et à la place…
  • L’hiver approche et si nous restons coincés ici, nous mourrons à coup sûr. Nous pourrons chasser, pêcher et vivre de ce que nous cueillerons jusqu’à trouver un endroit où rester. Mais ici, il n’y a plus rien.
  • Et où irions-nous ? le questionna Alexandre.
  • A ma connaissance, les dernières villes habitées dans la région sont Klariss et Sance plus au nord, et Folks à l’est. Cependant, Klariss est la ville la plus éloignée et Sance est plutôt spéciale. La population voue un culte à la Calamité. Cela ne les empêche pas de recevoir sa visite, mais ils reviennent toujours reprendre possession de leur ville par la suite. Folks me paraît être la meilleure option.
  • Folks est un cul-de-sac dans une vallée, rétorqua Max.
  • Mais la Calamité n’y a jamais mis les pattes, lui assura l’ancien militaire. Nous mettrions plusieurs jours à l’atteindre, mais elle peut valoir le coup.
  • Et si la Calamité décide d’y faire un tour ?
  • Ça n’est jamais arrivé depuis qu’elle est apparue », lui soutint-il.

On commença à réfléchir à ce qui serait le mieux, mais Lucie remarqua surtout que Linus n’abordait pas le sujet de Kayn et s’empressa de le faire.

« Et lui alors ? demanda-t-elle en l’indiquant du pouce. Vous ne comptez tout de même pas l’abandonner ici ?

  • S’il n’est pas réveillé avant notre départ, nous n’aurons pas le choix. Peut-être envisages-tu de le porter sur tes frêles épaules ? Même si c’était le cas, il ne ferait que nous ralentir et le temps presse.
  • Il est encore faible. Si par miracle il ouvrait les yeux, il ne pourrait sûrement pas marcher avant plusieurs jours, expliqua Edward.
  • Alors nous n’avons pas le choix, nous devons le laisser ici. »

Lucie lui jeta immédiatement un regard noir, consciente qu’il venait ainsi de diviser le groupe. Il y aurait ceux qui voudraient sauver leur vie et ceux qui prendraient le risque de rester. Et à la vue de la côte de popularité de Kayn, ces derniers seraient peu nombreux.

« Quand devrions-nous partir selon vous ? demanda timidement Tania.

  • Demain.
  • C’est une blague ? Kayn ne sera jamais réveillé d’ici là », s’offusqua Lucie.

Le silence s’imposa dans la pièce et les regards se tournèrent vers le jeune homme. Si certains savaient déjà qu’ils partiraient, d’autres réfléchissaient intensément à la question. Ce n’était pas tant pour Kayn qu’on s’accordait un temps de réflexion, mais plutôt à cause des risques encourus par un départ précipité.
Alexandre emmena sa sœur dans un coin de la pièce. Il connaissait déjà son choix, mais n’était pas d’accord avec celui-ci.

« Moi le premier, je lui suis redevable, lui chuchota-t-il, mais on ne peut pas risquer nos vies pour lui. On ne sait même pas s’il va s’en sortir. C’est peut-être notre seule chance de survivre et si on la gâche, il n’y aura pas de retour en arrière possible. J’ai été à Ghudam et il n’y a rien d’exploitable là-bas. Si on reste ici, nous allons mourir.

  • Mets-toi à sa place un instant. Tu aimerais te réveiller et voir que tu as été lâchement abandonné ?
  • Tu écoutes ce que je dis ? Il ne va peut-être pas se réveiller, insista-t-il doucement.
  • Si, Alex, mais il a besoin de temps.
  • Tu as l’air sûre de toi, le toubib a dit quelque chose ?
  • Non, mais c’est Kayn. Une petite balle ne le tiendra pas en échec.
  • Elle aura seulement ébranlé son égo, se moqua-t-il tandis que sa sœur lui faisait les gros yeux.
  • Je veux rester, ajouta-t-elle en guettant sa réaction.
  • Ça, je m’en doute, dit-il en soupirant. D’accord, on reste avec lui, mais s’il ne se réveille pas d’ici quelques jours, il faudra partir. »

Bien que ce ne fut pas de gaité de cœur, Lucie accepta. Elle ne voulait pas risquer la vie de son frère et la sienne outre mesure. Un peu plus loin, malgré son ouïe dégradée par les années, Max avait perçu la conversation du frère et de la sœur. C’est pourquoi il déclara qu’il allait rester avec Kayn. Si le jeune homme devait ne pas reprendre conscience, il s’était décidé à rester avec lui pour leur permettre de prendre la décision qui s’imposerait : partir.
On décida de se laisser la nuit pour réfléchir. Lucie resta auprès de Kayn, priant pour qu’il se réveille au plus vite. Dans l’idéal, elle ne voulait pas voir le groupe se diviser. Elle pensait que rester unis était essentiel pour leur survie. Elle ne voulait influencer personne, c’est pourquoi elle garda ses pensées pour elle.

À sa surprise, le lendemain matin, elle découvrit qu’un nombre plus conséquent que ce qu’elle pensait avait décidé de rester. Florie fut la première à annoncer sa décision, suivie de Noé et d’un couple originaire de Ghudam, Eléanor et Simon. Tania semblait encore indécise et évitait précautionneusement tous les regards qu’on lui lançait.

« Et vous ? fit Lucie au médecin en ne le voyant pas se manifester.

  • Je… j’ai décidé de partir, annonça-t-il, embarrassé. Je vous laisserai le désinfectant pour votre ami et je vous donnerai quelques conseils, mais je ne veux pas rester, je…
  • Vous n’avez pas à vous justifier », l’interrompit-elle.

Bien que déçue, elle ne voulait pas le blâmer. Son regard retourna immédiatement se poser sur Tania dont elle attendait impatiemment la réponse. Pendant ce temps, les autres confirmèrent leur départ et Linus se prépara à partir sans montrer aucun intérêt à la mère de famille. Lucie finit par s’approcher et lui demanda ce qu’elle avait décidé.

« J’ai peur de faire le mauvais choix, lui confia-t-elle. J’aimerais beaucoup rester avec vous, mais je n’ai pas la certitude que nous trouverons de quoi survivre et on ne sait pas si Kayn se réveillera. Je ne veux pas voir mes enfants mourir de faim. Mais j’ai aussi très peur que la calamité nous suive jusqu’à Folks. Ce n’est pas parce qu’elle n’y a jamais été qu’elle ne s’y rendra pas. Après tout, si elle ne trouve plus de vie ici, elle ira ailleurs. »

Elle serra ses trois enfants dans ses bras, puis releva la tête vers Lucie : sa décision était prise.

« Je vais partir.

  • Nous vous rejoindrons dès que Kayn sera sur pieds », répondit Lucie en se forçant à sourire.

Elle la prit un instant dans ses bras, ainsi que ses trois enfants, puis laissa sa place à Alexandre qui fit de même.

« Revoyons-nous à Folks, fit gravement la voix de Linus dans l’encadrement de la porte du salon. Bonne chance à tous. »

La demeure sembla bien vide après leur départ. Comme signe d’un mauvais présage, le ciel s’était assombri. Si la pluie n’était pas encore présente, elle viendrait assurément bientôt.

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