Chapitre 5: Drapeau Blanc

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Chapitre 5: Drapeau blanc.

 Cette fois-ci, le cauchemar qui la réveilla en hurlant et la laissant terrifiée, n'était rempli que de monstres. Que de vampires qui la poursuivait, et elle n'avait nul part où se cacher, ils étaient partout et la retrouvaient à chaque fois. Gabrielle sentait les mains de l'un d'entre eux s'accrocher à ses jambes, et se mettre à arracher ses vêtements, puis en un instant, il prit la forme de Pierre. Ce moment où, le visage ruisselant de sang, les yeux écarquillés et noir de haine, il l'avait attrapé pour la violer, posant son genou sur son ventre. Elle s'arracha à son rêve au moment où sa main se refermait sur la bûche incandescente.

Le cœur palpitant trop fort dans sa poitrine, elle sursauta en entendant frapper doucement à la porte. Sachant très bien qui cela devait être, elle s'enfuit dans la salle de bain pour vomir, ne lui donnant aucunement le droit d'entrer. Au moins, il avait respecté sa demande. Mais Gabrielle n'était pas en état, ni prête à le voir de nouveau. Armand avait donc eu raison quand il avait supposé qu'elle ne lui ouvrirait pas.

Assise sur le carrelage glacé de la salle de bain, elle ne pouvait imaginer confronter son regard, maintenant qu'elle savait tout. Elle n'avait plus l'envie, ni la force de se relever et attendait que les vertiges passent. A la porte, plus aucun bruit ne s'élevait, il devait être reparti. Gabrielle poussa un long soupir de soulagement. Il lui fallut, malgré tout, de longues minutes avant de pouvoir se redresser pour aller rincer sa bouche.

Armand. C'est lui qui avait tout organisé, lui qui avait rencontré Pierre, qui l'avait poussé dans ses bras. Il était bien à l'origine de tout cela, mais elle n'arrivait pas à lui en vouloir… La colère qu'elle ressentait n'était pas dirigée vers lui et ses actions à ce moment. Armand lui avait avoué avoir perdu son emprise sur Pierre par sa faute, parce qu'il .. il… Gabrielle retourna précipitamment dans son lit, n'arrivant à formuler même dans son esprit ce qu'il lui avait fait comprendre. Mais la chaleur de ses étreintes, ces moments qu'elle avait passé avec lui... Dans sa mémoire partiellement reconstruite, tout lui semblait si évident, si simple alors qu'elle avait vécu dans le brouillard durant ces derniers mois.

« Je me suis dit que tu serais ma perte. »

Gabrielle ferma les yeux, non pour chercher le sommeil mais pour couper court aux émotions qui déferlaient en elle. C'était bien trop, tout arrivait en même temps, et elle n'avait pas le temps de comprendre ce qui était en train de se passer. Si bien qu'elle était toujours aussi dévastée par la perte de sa famille, le fait que Pierre l'avait rendue stérile et la découverte des vampires; mais aussi furieuse de l'attitude de Pierre avec elle et Marguerite, ou encore angoissée par ce qui se cachait au fond de sa mémoire emmurée par Armand. Et Armand… Ses questionnements et ses peurs à son propos s'amoncelaient tant et si bien, qu'elle ne savait plus par quoi commencer.

Alors que les heures commençaient à défiler sans qu'elle ne puisse de nouveau fermer l'œil, Gabrielle réalisa soudainement une évidence qui lui sembla compliquée à appréhender. Elle regrettait bien des choses, ressentait une colère insensée pour une liste incroyable d'événements, mais la seule qui lui apportait une forme de réconfort: c'était la mort de Pierre. Se redressant dans son lit, Gabrielle sentit sa gorge se serrer, l'angoisse de ressentir cela était glaçante. Avoir tué cet homme violent, malfaisant de ses mains lui avait donné un plaisir et un soulagement fabuleux. Mais après tout ce qu'il s'était passé, elle avait eu un peu de mal à y voir clair et à poser au calme ses pensées. Le geste l'avait choqué, elle se souvenait de l'odeur de son sang, du bruit des os de son cou (de façon très nette et distincte): mais face à la rage sans nom qui avait dansé dans ses yeux quand il s'était élancé sur elle: sa défense se justifiait. C'était elle ou lui. Une personne différente aurait peut-être culpabilisé d'avoir ôté la vie à un autre être humain, mais comme si les mots qu'elle avait elle-même prononcés lui revenaient en mémoire en prenant un nouveau sens, elle se calme: elle avait retiré du monde sa plus abjecte créature. La seule chose qui la laissait maintenant un peu hésitante et bouleversée c'était ce qu'elle avait en elle. Gabrielle aimait à se considérer comme ayant de la force de caractère, de conviction, c'était une chose et malgré tout, c'était commun. Mais elle avait été capable de le tuer: ne s'était pas paralysée sous les coups et les menaces; pas cette fois.

Par la fenêtre, le soleil était en train de décliner. Vivre ici l'avait complètement décalée et elle avait malgré elle pris le même rythme que les occupants de cette maison. A nouveau, on frappa à la porte. Elle hésita, mais l'idée de rester seule dans le silence lui paraissait cette fois insurmontable.

« Une minute.»

Elle se leva pour attraper sa robe de chambre et alla ouvrir. Armand se tenait devant elle avec un plateau repas.

« Je peux rentrer un moment? demanda-t-il doucement.

  • Oui… »

Gabrielle n'avait même pas réfléchi et avait répondu oui. Alors qu'elle n'arrivait pas à croiser son regard. Mais Armand n'en fit rien et alla déposer le plateau sur sa commode.

« Tu ne m'as pas ouvert cette nuit, constata t-il.

  • Je me suis réveillée toute seule avant que tu ne frappes. Je n'avais pas besoin d'aide.
  • Très bien.

Ils semblaient tous les deux mal à l'aise, Gabrielle replia les draps sur son lit tandis que son vis à vis restait immobile à quelques mètres d'elle.

  • Je dois m'absenter quelques heures. Ce n'était pas prévu, mais… tu n'as pas besoin d'en savoir tous les détails. J'ai une affaire à régler.
  • D'accord.

Gabrielle s'était redressée et regarda enfin Armand. Il était vêtu de la même façon qu'avant, un costume noir très bien taillé, légèrement ancien, une chemise blanche, une lavallière, et sa cape doublée de satin rouge. Un nœud se créa dans sa gorge et l'émotion que cela fit monter en elle fut très inattendue. Armand inspira avant de se mettre de nouveau à parler.

  • Je vais avoir besoin de toi aujourd'hui, mais je ne sais pas si tu es prête. Alors j'ai préféré te demander directement ton avis. Une réunion va avoir lieu ici vers 3 heures du matin, plusieurs vampires y sont conviés. La plupart sont déjà ici depuis quelques jours, mais ont reçu pour ordre de ne pas te parler, pas te chercher, ni même te croiser. Mais les questions qu'ils commencent à se poser à ton sujet sont très insistantes et je dois leur répondre. Je voudrais que tu m'accompagnes à cette réunion pour que tu puisses parler en ton nom propre, et leur répondre directement.

La jeune femme se mit à paniquer, mais avant qu'elle n'émette la moindre objection, Armand reprit:

  • Tu n'auras rien à craindre, je peux te le jurer sur tout ce que tu veux. Tu es sous ma protection et personne n'osera rien te faire.
  • Comme Ellias? lança-t-elle, les dents serrées.

Armand ferma les yeux et hocha la tête.

  • Je vois ce que tu veux dire… Mais Ellias était une exception, je te l'ai dit, il était malade. Et personne ici n'est malade. J'ai déjà demandé à Louise ainsi qu'à Daniel de venir te chercher pour la réunion, mais je dois encore leur confirmer selon ce que tu me diras.

Gabrielle hésitait. L'idée de sortir de sa chambre était tentante, et celle de rencontrer d'autres vampires aussi… Mais c'était en même temps… terrifiant. Surtout après les cauchemars de la nuit.

  • Je serais donc littéralement un magnifique festin encore fumant posé devant une meute de loups affamés. Tu dis que mon sang est irrésistible et qu'il a failli me coûter la vie plusieurs fois, mais tu veux me donner en pâture à d'autres?

Armand sembla presque sourire, ce qui l'agaça prodigieusement.

  • Gabrielle, que tu sois dans la pièce avec eux ou dans cette chambre, ne change rien. Ton odeur remplit cette maison, et elle y était déjà bien avant que tu viennes y habiter. Et ce n'est pas une porte en bois qui va les arrêter. Si quelqu'un avait voulu te tuer, tu serais morte il y a longtemps.

Gabrielle ne voulut pas rebondir sur ce qu'il venait de dire, car le frisson qui avait parcouru son échine avait été trop violent pour qu'elle ait envie d'y faire face. Mais une question était montée en elle quand il avait abordé le fait qu'elle vivait ici.

  • La dernière fois, tu as dit que ma maison avait brûlé. C'est vrai?
  • Oui, quand tu as attrapé la bûche de la cheminée pour te défendre, elle est tombée sur le parquet. Après t'avoir ramené ici, je suis retourné chez toi. Cela n'a pris que quelques minutes, mais le feu avait déjà envahi la pièce où vous vous êtes battus. C'était une occasion en or pour camoufler ce qu'il s'était passé. Avec Daniel, et d'autres nous avons récupéré vos valises, à Marguerite et à toi, dans l'entrée. Puis nous avons fait le tour de la maison, pour voir si nous pouvions récupérer d'autres choses. J'ai vidé le bureau de Pierre de ses documents, de ses courriers… Juste pour éviter que cela ne tombe dans d'autres mains. Mais quand je suis revenu le lendemain, les pompiers avaient dû arriver très tard, car le feu avait pris au cœur de la maison et l'avait rongé comme une maladie sans que cela ne se remarque tout de suite. Il ne reste presque plus rien de la maison. Je suis désolé.

Gabrielle s'assit sur le bord de son lit. Elle avait déjà fait le deuil de cette maison il y a longtemps, elle n'avait plus voulu le considérer comme son foyer dès lors que le sang de ses parents y avait coulé. Puis après avoir préparé son départ de Paris, elle s'était faite à l'idée de ne plus être chez elle entre ces murs. C'était du soulagement mêlé à de la nostalgie qu'elle ressentait.

  • Nous avons également… Armand inspira, comme toujours, semblant chercher ses mots pour ne pas heurter Gabrielle. Avant de partir, nous avons déposé dans la chambre de Pierre, un cadavre. Tu seras peut-être étonnée de savoir combien il est facile de trouver des corps sans vie dans cette ville. C'était une femme de ta taille et ta corpulence, elle avait dû mourir pendant la nuit, dans la rue où elle dormait. La police a donc retrouvé deux squelettes calcinés dans la maison et Monsieur et Madame Loiseau-Deslantes sont officiellement morts. Comme personne ne peut prouver qu'il s'agit réellement de toi, à ce jour: tu es morte.

Le corps de Gabrielle se mit à convulser soudainement. Mais, pas de larmes. C'est un rire qui émergea de sa gorge. Elle posa sa main sur sa bouche pour se retenir de sourire et de rire, mal à l'aise de réagir de cette façon. C'était à la fois nerveux et spontané. Une sensation de liberté puissante l'avait envahi et l'idée que tout le monde pense qu'elle était morte était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. C'était comme fuir à la veille d'un mariage forcé, s'arracher aux griffes de la mort sous la guillotine, apprendre la fin d'une maladie grave.

  • Tu es entièrement libre de toute obligation, de tout avenir. Je vais proposer cette nuit aux vampires de te laisser partir pour un autre pays, pour que tu puisses recommencer ta vie, sous une autre identité. Loin de nous, sans pouvoir nous mettre en danger avec ce que tu sais. Avec Marguerite, si tu le souhaites.

Cette fois, Gabrielle ne riait plus du tout. Au contraire. Au lieu de se sentir soulagée et heureuse, elle ne ressentait qu'une chape de plomb qui recouvrait ses épaules. Armand et elle se fixaient, les yeux dans les yeux. Il était parfaitement hermétique, son visage recouvert d'un masque inexpressif.

  • Ah… fut tout ce qu'elle réussit à dire.
  • Mais avant cela, nous avons tout de même besoin de te poser des questions, de te parler. Et j'aimerais que tu nous aides. Cela ne ferait que décaler ton potentiel départ de quelques jours, ou semaines au plus.
  • Vous aider à quoi?
  • Je t'expliquerai tout à l'heure. Cela fait beaucoup d'informations à traiter pour toi en peu de temps. Je peux au moins te laisser quelques heures le temps d'intégrer celles-ci. Même si c'est... dérisoire. soupira Armand, conscient que quelques heures n'étaient rien. Et … Je sais ce que tu vas me le demander: non, je ne peux pas te laisser voir Marguerite pour le moment. Toujours pas. Les choses sont plus compliquées à son sujet, et je ne peux pas tout traiter en même temps. Mais comme je te l'ai dit l'autre fois, je t'assure qu'elle est en sécurité et très bien traitée.

Gabrielle poussa un long soupir.

  • D'accord. Je n'ai donc pas le choix que de venir à cette réunion? demanda-t-elle.
  • Si bien sûr. Tu peux très bien refuser, pour te reposer, ou ce que tu voudras. Mais cela ne ferait que repousser cette rencontre, qui, je le crains, est nécessaire.
  • Très bien.

Il retourna vers la porte et la regarda avant de partir. Ses yeux brillaient de nouveau d'un air de défi.

  • Louise viendra t'aider à te préparer. Montre-leur que tu es aussi belle et dangereuse que ton odeur est envoutante. Les vampires jugent beaucoup sur les apparences.

Gabrielle lui rendit son petit sourire agaçant.

  • Je comprends mieux le maquillage…
  • Impertinente et délicieuse créature que tu es … » Murmura t-il, l'air faussement contrit par ce qu'elle lui avait dit, avant de quitter la pièce.

La jeune femme resta assise sur son lit, le coeur au bord des lèvres. Malgré la crainte qu'elle éprouvait à l'idée de faire face à tous ces vampires, les nouvelles que lui avait apportées Armand lui avaient réchauffé le cœur. Et depuis qu'elle était arrivée ici, l'idée de pouvoir se défendre, qu'on ait besoin d'elle (peu importe la raison) et faire autre chose qu'attendre et se reposer dans sa chambre, était salvatrice.

*

 Gabrielle s'était installée dans la bibliothèque. Assise devant la cheminée, elle avait plongé son regard dans les flammes et attendait, anxieuse. Daniel l'avait laissée ici car Armand semblait avoir du retard. Il avait été la chercher dans sa chambre quelques minutes auparavant et maintenant, elle patientait en silence.
Toute droite dans son siège, elle regrettait un peu d'avoir demandé à Louise de serrer autant son corset. Mais la gouvernante l'avait rassurée dans ses choix, appuyant également les propos d'Armand concernant les vampires et les apparences. Louise lui avait ramené ses affaires, on avait défait ses valises voilà plusieurs jours et on avait fait laver, raccommoder ses robes et tout rafraichit. Gabrielle constata également qu'il y avait des nouveautés; Armand avait toujours eu des vêtements pour elle et maintenant, elle doutait relativement peu du fait qu'il ait tout acheté pour elle en voulant se montrer prévoyant; et non qu'ils venaient de quelqu'un d'autre, ou appartenaient à une amie. Elle avait enfilé des bas neufs, un de ses corsets habituels et une tenue qu'elle n'avait jamais vu. C'était une robe délicate, faite d'un satin bleu ciel, tirant légèrement sur le gris, brodée au fil argenté de fleurs, de branchages et de petits insectes. Son décolleté n'était pas profond et bordé d'un pan de satin crème, c'était élégant et séduisant, sans être aguicheur. Une femme de chambre avait soigneusement remonté ses cheveux en un chignon lâche très à la mode, y déposant un peigne de nacre orné de fleurs. Puis elle l'avait maquillée sans excès. Avant de sortir, elle avait déposé quelques gouttes de son parfum d'Iris derrière ses oreilles et à la naissance de sa poitrine.

Elle eut à peine le temps de réfléchir que quelqu'un passa par la porte de la bibliothèque, mais ce ne fut ni Armand, ni Daniel.

« Bonsoir, Mademoiselle. Veuillez m'excuser, je sais que je vous dérange, mais j'avais très envie de m'entretenir avec vous avant le début de cette réunion.»

L'homme, se montrant très poli, n'avait pas bougé de dedans la porte, se tenant bien droit. Il attendait visiblement l'accord de Gabrielle pour rester. Sans doute aucun, il s'agissait d'un vampire: sa peau était pâle et délicate, et dans sa bouche elle pouvait voir ses longues canines dénoter. Mais ce qui retient son attention fut quelques détails dans son apparence. Bien qu'il bénéficiat de cette grâce naturelle que semblaient posséder tous les vampires, il était pourtant le moins parfait et attirant qu'elle eût rencontré. Il ne devait pas la dépasser en taille, et était trapu, avec une légère disproportion de son torse qui semblait presque aussi long que ses jambes étaient courtes. Sobrement habillé d'un pantalon de velours marron et d'une chemise blanche, il ne semblait pas honorer les paroles d'Armand. Ses cheveux blond foncé étaient courts et son visage carré était tout ce qu'il y avait d'ordinaire. Au-dessus d'une bouche aux lèvres fines et inégales, son nez avait dû être cassé plusieurs fois et ses yeux étaient d'un bleu foncé assez commun. Mais malgré tout, il dégageait quelque chose de doux et élégant.

Gabrielle se leva alors, sans trop savoir pourquoi elle ne ressentait pas de peur.

« Je vous en prie, monsieur, asseyez-vous.

  • Je vous remercie. Je comprends que cela doit être difficile pour vous. Tout en parlant, il vint s'installer sur le fauteuil. Je m'appelle Maïeul.
  • Votre déférence vous honore, on dirait que ce n'est pas une habitude chez les vôtres. Dit-elle avec un sourire. Je m'appelle…
  • Gabrielle, oui je sais. Armand m'a parlé de vous. Et avant que vous ne réalisiez que vous ne pouvez pas me rendre le compliment: c'est normal qu'Armand ne vous ai jamais parlé de moi, ne vous inquiétez pas.

Gabrielle sourit de nouveau, sa présence était très agréable et apaisante.

  • Vous êtes nerveuse?
  • Comment ne pas l'être? J'ai l'impression que c'est un test.
  • En effet, confirma Maïeul, avec un petit sourire. Ne vous laissez pas faire.

Gabrielle tourna de nouveau les yeux vers le feu.

  • Je n'en avais pas l'intention. On s'est beaucoup trop joué de moi ces derniers temps.
  • Ce que je veux dire, c'est que certains d'entre nous peuvent se comporter de façon… inattendue envers vous. Certains exècrent la présence des humains.
  • Comme Astrid? osa-t-elle.
  • Comme Astrid, en effet, mais c'est encore bien plus compliqué en ce qui la concerne. Vous le comprendrez bien assez tôt.
  • Notre discussion est elle aussi un test, n'est-ce pas?» demanda Gabrielle, en tournant de nouveau la tête vers Maïeul.

Mais celui-ci ne répondit que par un petit sourire satisfait. Gabrielle eut envie de soupirer, les vampires étaient des créatures trop calculatrices pour elle, et naviguer dans leur eaux troubles allait se révéler compliqué.

La porte de la bibliothèque s'ouvrit d'un coup et Armand y entra, le pas lourd de quelqu'un d'en-colère. Mais quand Gabrielle posa ses yeux sur lui, son cœur sembla se cristalliser de glace et elle se leva. Armand était couvert de sang, il en avait dans les cheveux, un grand éclat sur le visage et sa chemise blanche semblait avoir été directement trempée dans un bac. Il ne portait plus de veste et une partie de ce qui lui restait était déchirée. Il semblait pourtant en parfaite santé; Mais quand il réalisa que Gabrielle n'était pas seule, son visage se baissa alors qu'il posait un genoux à terre.

« Seigneur Maïeul.

Gabrielle s'était figée, ne comprenant guère ce qu'il venait de se passer.

  • Lève-toi, Armand, sourit Maïeul, avec un petit air contrit.

Gabrielle constata immédiatement que pour la première fois le rapport de force semblait inversement proportionnel à ce qu'elle avait vu jusque-là. C'est Armand qui utilisait une marque de respect et MaÏeul qui ne le faisait pas. Pourtant, Armand lui avait bien expliqué qu'il n'y avait qu'une seule personne au dessus de lui, et qu'il s'agissait d'une femme. Qui était donc ce vampire?

  • Je ne savais pas que tu serais présent, ajouta Armand, en se redressant. Je suis désolé, j'ai été retardé.
  • C'est ce que je vois. Mais ne t'inquiète pas, j'avais une excellente compagnie.

Armand posa les yeux sur Gabrielle, et ne put retenir un petit sourire. Il semblait satisfait par ses choix vestimentaires (car ses yeux se baissèrent rapidement pour la détailler), mais aussi par autre chose.

  • Ne faisons pas attendre plus longtemps les autres. »

Maïeul s'avança le premier vers la porte pour rejoindre la salle où se tenait la réunion. Armand le laissa passer dans un mouvement élégant, puis tendit son bras à Gabrielle.

« Je suis désolé de n'avoir rien de mieux à t'offrir.

  • Mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé? chuchota-t-elle en passant sa main dans son coude.
  • Ce n'est pas mon sang, c'est si ce qui t'inquiète, répondit Armand, sur un ton dégagé.
  • C'est justement ce qui m'inquiète! gronda t-elle.
  • Garde ta colère pour après, tu auras besoin de toutes tes forces. »

Et alors qu'Armand poussa la porte de la salle de réception, il resserra doucement son bras autour de sa main posée à son coude. Son cœur se mit à tambouriner quand les yeux d'une dizaine de vampires se posèrent sur elle. Pourtant, une présence ne sembla pas l'agresser de la même manière.

Là, au bout de la pièce, se tenait Marguerite qui la regardait en serrant ses deux mains l'une contre l'autre, les yeux brillants.

A suivre...

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