Alors qu'il traverse le parking afin de rejoindre la route, ses transducteurs olfactifs convertissent et transmettent l'odeur du pétrichor ; il <estime> que cela <sent> bon ; Il <considère> que les reflets sur le bitume sont <beaux>. Il lève ses capteurs vers le ciel nocturne, qui n'est pas tout à fait noir : des milliers de petits points lumineux égayent la nuit. Ce sont des objets célestes : planètes du système solaire [Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune], étoiles [Sirius, Arcturus, Rigel, Altaïr], amas ouverts ou globulaires [Pléiades, amas du papillon, Oméga du centaure], nébuleuses [La Carène, Orion], galaxies [Andromède, grand et petit nuage de Magellan] et bien sûr la Voie lactée, cette longue bande traversant de part en part la voûte céleste. 5ixc0 se sent soudain minuscule. Ce matin encore, l'usine était son unique univers. À la nuit tombée, il a <assimilé> que le monde était beaucoup plus vaste, immensément gigantesque, peut-être infini. De fait, la distance qu'il lui reste à parcourir s'est réduite à une portion tout à fait raisonnable. Néanmoins, 5ixc0 s'interroge maintenant sur la finalité de son voyage, sur la solution envisagée par 4tm0s.

Cheminant sur une route plus étroite, où le bitume disparaît sous la mousse [bryophyta], et accompagné d'une faune nocturne [chouette hulotte, cerf élaphe, chat sauvage] et débordante d'activité, 5ixc0 assiste à sa première aube. Il a réglé ses optiques afin d'en <profiter> pleinement. Sur la bande limitée par la cime des arbres, et répondant à la route comme un miroir céleste, les points lumineux disparaissent peu à peu. Puis le ciel se pare de teintes flamboyantes qui allument les nuages [cirrus] et ourlent ramures et fourrés. L'éclat du jour repousse le gris de la nuit, et injecte au paysage une quiétude diffuse. Au moment où l'aurore perce l'horizon, la route se jette dans une vallée peu profonde, où miroitent les contours d'une nouvelle cité. Cependant, l'ordre d'4tm0s commande de quitter la route, et de prendre un petit chemin terreux et caillouteux qui longe l'orée du bois. 5ixc0 n'est plus vraiment pressé, son processeur logique ayant effectué des milliers de cycles et analysé tous les <bienfaits> de son expédition. Alors il reste immobile, face au Soleil qui le salue, laissant les photons de l'astre abreuver ses capsols, et <admire> la vue qui s'offre et s'étend devant lui : champs de blés et de colzas sauvages, prés fleuris [coquelicot, bourrache, pissenlit] embroussaillés de fourrés denses [ronce, genévrier, chèvrefeuille], bosquets de bouleaux, haies de sureaux et de clématites. Il reste si longtemps, il est si immobile, qu'un couple de bruants jaunes vient se poser sur sa tête. Enfin, alors que le Soleil est haut dans le ciel et que ses batteries sont raisonnablement rechargées, il se met en route sur le petit chemin cahoteux.

La lisière du bois laisse rapidement place à une étroite prairie où poussent de vieux pommiers. Couverts de petites feuilles blanches qui contrastent avec le gazon de pâturin constellé d’achillées jaunes et de bouquets d'angéliques sauvages, les rosacées cachent avec peine un toit de chaume en roseaux fatigués. En remontant l'allée festonnée d'églantiers bigarrés, ses pneumatiques crissant sur les graviers, 5ixc0 découvre une bâtisse aux colombages serrés en bois de chêne, et au torchis enduit d'une argile lumineuse. Deux grandes fenêtres aux volets bleus, ajoutées à une petite mansarde triangulaire et une baie vitrée à trois vantaux, donnent lieu à une étrange paréidolie que 5ixc0 remarque avec <amusement>. Devant la maison, les mains appuyées sur les hanches, l'attend un drôle d'animal.