I.
Je t’ai aimé.
C’était il y a longtemps.
C’était le genre de passion qui ne s’oublie pas. De ce genre qui vous réconforte et vous réchauffe le cœur quelquefois. Où vous vous dîtes que quelqu’un peut, peut-être, vous aimer autant que vous l’aimez. C’est évident, n’est-ce pas ?...
… Ou peut-être pas, finalement. C’était ce genre de passion qui vous déchire le cœur et vous empêche de dormir. De ce genre qui vous fait dire qu’il n’y en aura pas d’autres. Il ne pourra pas y en avoir d’autres. Ce sera l’amour ou ce sera la mort. Il n’y aura pas d’entredeux. Si ce n’est pas réciproque, il sera impossible de s’en relever.
Oui, je t’ai aimé.
Mais c’était il y a très longtemps.
C’était il y a assez longtemps pour que je puisse l’avouer. Un aveu coupable, un aveu criminel. Une fureur qui ne pouvait pas exister, qui ne devait pas exister. Parce que tu ne pouvais pas y répondre. C’était impensable. C’était impossible. Je pouvais aimer mais je ne pouvais pas être aimée. Et par conséquent, je ne devais pas aimer.
Tu ne m’as pas cru. Tu n’as rien dit. Tu es resté silencieux. Je ne pouvais pas être sincère. Comment pouvais-je aimer alors que je crachais sur l’Amour ? Que je le détestais ? C’était là tout le paradoxe d’une âme romantique. Aimer à la folie, haïr jusqu’à la mort. Ce sont ses seuls mots d’ordre.
Alors tu m’as dit que tu m’aimais.
Mais je ne t’aimais déjà plus.
Il était trop tard.
Ton cœur s’est brisé lorsque j’ai libéré le mien. Nous nous étions aimés. L’un après l’autre. Peut-être l’un et l’autre. Ensemble. A l’unisson. En silence. Secrètement. Un cœur qui aime ne sait pas le dire. L’Amour ne peut pas se dire. Il a honte. Il est une honte. Il ne peut se dire qu’à demi-mot. Seulement du bout des lèvres. Dans un murmure. Dans un souffle.
… Il est trop tard. L’Amour est déjà parti. Il a cherché de nouveaux horizons. Il les a trouvés.
Je t’ai abandonné
Avec le cœur brisé
Pour aller vers d’autres amours
Impossibles
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