Je l'avoue, mon plaisir c'est autant de la fréquenter que de la voir passer dans la cage d'escalier. Avec son blouson de cuir noir, ouvert sur sa chemise blanche portée à même le buste ; et ses pantalons " pattes d'éléphant " avec une ceinture en cuir marron, je me crois revenir dans les seventeens. Ses chaussures claquant sur les vieilles marches de marbre, qu'elle descend à toute allure, craignant toujours de rater son bus pour la cité U.

Sa sacoche contenant l'ordinateur portable ballote sur ses hanches, comme ses petits seins bien ronds moulés par sa chemise. Et le foulard mauve qu'elle porte quelquefois au cou flotte comme sa chevelure brune que, parfois, elle dénoue pour se donner une image plus cool. A l'occasion, je la vois depuis la fenêtre de mon appartement, grimper en toute hâte dans l'autobus.

Dans la précipitation, il lui arrive de renverser ses affaires au sol, et d'être obligée d'attendre le bus suivant. Les déconvenues de Madeline me font parfois sourire, non pas par moquerie, mais parce qu'elles me rappellent ma propre jeunesse : mes maladresses comme mes enthousiasmes, mes rêves d'alors autant que mes espoirs...

Et quand elle revient le soir, je colle un oeil au " judas " pour la regarder discrètement grimper les escaliers, parlant au smartphone avec sa copine... Voir sa jeunesse est un bonheur pour moi, et une source de tristesse aussi, malheureusement, qui fait comprendre combien le temps passé ne se rattrape plus...