Le clou du spectacle !
de Diane94
Jusqu’à ce 13 juillet 1971, rien n’avait arrêté le succès de Persi et Ronay. Leur spectacle faisait toujours un tabac. Leur final, personne n’avait jamais vu ça !
André Déchaux - nom de scène : Persi - petit, frêle et prématurément chauve, était un ancien entrepreneur dans une fabrique de boîte en plastique. Il avait toujours eu le sens des affaires, mais n’avait jamais eu la bonne idée jusqu’à ce que son vieil ami, Gabriel Martin, rentre du Costa Rica. Gabriel, un colosse à la peau tannée – nom de scène : Ronay – avait été marin dans l’armée. À quarante et un ans, il avait parcouru tous les océans et mers du globe, posé le pied sur tous les continents et avait l’envie irrépressible de lâcher l’ancre définitivement. Il garda de sa vie d’explorateur un boa costaricain de deux mètres. Une bête dont la particularité devint la clé de voûte de leur spectacle.
Depuis cinq ans, ils vivaient une vie de saltimbanque. Le numéro était rôdé, la musique synchronisée, leurs costumes - de magicien et de charmeur de serpent - presque crédibles et l’espace de leur fourgonnette Citroën 2 CV optimisé.
En roulant vers le paisible village de Saint-Paul, cent âmes à peine, ils n’auraient pas pu deviner ce qu’il allait leur arriver…
« Le maire a payé d’avance, dit Persi en recomptant les billets sur la place passager. Il va réunir tout le monde à 14 h sur la place de l’église.
Ronay, les épaules voûtées et la tête plaquée au plafond de la fourgonnette, retroussa son nez en dépassant un groupe de personnes âgées.
— Encore des centenaires… souffla-t-il, en tournant le volant. Et à l’heure de la sieste en plus !
— Les vieux, ce sont les meilleurs clients…
Persi rangea les billets dans la boîte à gants, étendit ses jambes sur le tableau de bord et expira bruyamment.
— Ils ont économisé toute leur vie pour qu’on vienne les distraire ! Et ils savent quand ils ont un bon spectacle devant les yeux ! »
Ils arrivaient sur la place de l’église.
Ronay gara la fourgonnette. Persi se hâta de sortir le paravent derrière lequel ils se changeraient. Tout en enlevant ses vêtements, Ronay lorgnait au travers d’un trou qui offrait une vue sur l’assistance.
« C’est noir de vieux ! râla-t-il.
Environ quatre-vingts personnes étaient installées, la plupart en fauteuil roulant.
— Et regarde lui-là, il dort déjà !
— Tant mieux, répondit Persi. Il sera en pleine forme pour le spectacle.
Le maire, un homme ventru en costume noir et au nœud papillon vert pomme, serrait la main d’un homme en blouse blanche. Ce dernier déchargeait des malades depuis un véhicule estampillé Institut psychiatrique de Saint-Paul.
— Des fous ! Regarde, il en étale toute une brochette devant !
Persi se mit sur la pointe des pieds.
— Ils sont sanglés à leur fauteuil, aucun danger ».
Pendant que Ronay pestait dans sa barbe, il surprit la conversation qui se déroulait juste derrière le paravent. Il distingua une voix grave :
« S’il te plaît, Martha, détache-moi !
— Je peux pas ! brailla une voix de femme.
— Avec tes dents comme la dernière fois… chuchota la voix grave.
— La dernière fois tu m’as menti, Nelson !
— Cette fois, promis, je te ramène un moineau à quatre ailes…
— J’ai changé d’avis ! Je veux un rat à six oreilles ! reprit la voix de femme.
— D’accord, mais libère-moi d’abord ! »
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