— Ma copine est positive.

Je le regarde sans comprendre. Quelle copine? Positive à quoi? De quoi est-ce qu'il me parle?

— Nathalie, la fille que je vois en ce moment.

Je me souviens qu'il m'a vaguement parlé d'une infirmière, un soir où il se vantait de plaire encore aux femmes.

— Mais positive à quoi?

— Elle a le COVID.

Je blêmis. On ne sait pas encore où on en est avec ce virus. Nous prenons toutes les précautions nécessaires depuis des mois, masqués, isolés, les enfants ne voient plus leurs amis en dehors de l'école. Lise a décliné toutes les invitations de ses copines. Ça fait presque six mois que je n'ai pas vu mes parents. Depuis peu, on parle de formes graves chez les enfants, je suis en panique.

— Tu vas te faire tester?

— J'ai pris RDV pour demain matin.

— Il est hors de question de prendre le moindre risque. Je te laisse la chambre. Je t'apporterais tes repas, et tu m'embrasseras pas les enfants tant qu'on n'a pas les résultats du test.

Il hausse les yeux au ciel.

— C'est bon, si j'ai un masque, pas besoin de faire tout ce cinéma!

Il m'exaspère. Mais je le connais assez pour savoir quel est son point faible : son amour indéfectible pour lui-même.

— Si, avec tes problèmes de santé, c'est mieux que tu prennes soin de toi et que tu te reposes. Ça, il veut bien l'entendre. D'un pas lent, il se dirige vers la chambre, puis se tourne vers moi, amusé:

— Ça va te faire du bien de dormir sur le canapé, un peu!

S'il le dit.

— Je suis positif.

Je suis paniquée.

— Vous allez tous devoir vous faire tester, vous êtes cas contact.

Mes bébés avec des coton tiges dans le nez, j'en frémis d'avance. Pendant qu'il me parle, Florent se dirige vers la cuisine et farfouille dans le frigo.

— Mais arrête, tu ne dois toucher à rien!

— Quoi, c'est chez moi, ici, non? Je fais ce que je veux.

Je le déteste.

— Je vais partir me confiner chez Nathalie cet après-midi. Tu seras contente comme ça!

Parfait.