Captif

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J’aurai bien vécu. Je crois bien qu’ils m’aiment, ils me regretteront, ils pleureront mon absence. Combien de temps ? Elle refera sa vie, on se l’est toujours promis au cas où il arriverait malheur à l’un de nous deux. Les enfants s’en remettront. Un enfant s’adapte à tout, même au manque. Ses foutus liens sont bien serrés. J’ai beau tirer de toutes mes forces, ça ne bouge pas. Rien autour qui pourrait me servir.

Il se tortille dans tous les sens. Muscles bandés, Ses poignets sont rouge douleur.

Non, je refuse, ça ne peut pas finir comme ça, il doit bien y avoir un moyen. C’est quoi ce bout de métal. Zut émoussé, coupe pas. Mais pourquoi je suis parti de l’autre côté moi, trop stupide. Je mérite ce qu’il m’arrive. Ils auraient mieux fait de m’achever sans sommation. Dieu soit loué, mon fils ne me voit pas, je ne supporterais pas de le voir souffrir de me voir souffrir. Des mecs comme toi, ils en attrapent tous les jours, des inconscients, des téméraires, des fous, des va-t’en-guerre. Ils les exhibent dans des cages, pour donner l’exemple, pour dissuader, ça ne marche pas trop, on est un peuple rebelle, on défendra notre terre jusqu’au dernier. L’ennemi ne connait pas notre nature profonde, ils ne savent pas à qui ils se sont attaqués. Spartes contre Perse aux Thermopyles, David contre Goliath, le petit a toujours sa chance. Et puis, au matin on chantera les louanges du Héros tombé au champ d’honneur. Les légendes sont pleines de splendides perdants.

Voilà un bel instant de lucidité, il n’est pas un Héros lui, juste un homme comme un autre.

Je vois trouble, le sang me monte à la tête, faut que je me calme, mon cœur cogne dans mes tempes. La corde se distend, on dirait, ce doit être un leurre, juste une sensation, mais non j’arrive à bouger mes mains un peu plus ! Peut-être sont-elles juste engourdies, c’est quoi ce liquide chaud, mon sang ? ma sueur ?

Il ressemble à un ver à soie qui gigote dans son cocon. Drôle et fragile à la fois.

C’est bête j’avais prévu d’aller voir mes parents, ils doivent penser que j’ai encore oublié de leur rendre visite et que je passe du bon temps à jouer aux cartes avec les copains. Je préfère qu’ils croient ça. Je n’ai jamais su leur dire qui j’étais vraiment, toujours vouloir être le bon fils, dire ce qu’ils ont envie d’entendre, faire des choix pour les rassurer, leurs choix, cacher le feu intérieur qui me dévore ; et faire des choses inconsidérées, aucune logique, un chien fou, tête baissée. Ça saigne, si je tire un coup sec, soit elle rompt soit c’est mon poignet, une chance sur deux. Ne pas se résigner. Jamais. Au moins il m’a appris ça le Père.

La corde rompit.

Maintenant, vite, préparer l’évasion.

Cerveau à mille à l’heure.

Tu vois la faucheuse, j’aime trop ma liberté, tu repasseras. 

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