3.8 - L’effondrement des centres urbains 

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ce même jour - Fos-sur-mer

Tom travaillait à la raffinerie de Fos-sur-mer. Habitant à proximité, il s’était, contre l’avis de sa femme Laurence, rendu à pied au travail ce matin.

Aussitôt arrivé, il se fit interpellé par le vigile du poste de garde, qui le connaissait bien :

  • Tom, tu arrives bien. Vu la situation la direction a décidé d’arrêter proprement la chaîne de production avant qu’il soit trop tard.
  • Effectivement, je pense que c’est la meilleure chose à faire.
  • Tu peux rejoindre l’équipe de Louis sur le circuit deux.
  • Ok, j’y vais.

Tom traversa l’usine et aperçu l’équipe d’une dizaine de personnes qui s’affairaient autour d’une tour de traitement. Tom repéra Louis.

Celui-ci le vit arriver :

  • Salut Tom, tu ne seras pas de trop vu le boulot qu’il y a ici.

A peine avait-il dit cela que l’orage magnétique atteignit l’usine. Aussitôt de violents courts circuits illuminèrent le site dans un vacarme monstrueux. La totalité des lampes du site explosa et les moteurs présents sur la chaîne s’immobilisèrent. Plusieurs employés furent foudroyés et succombèrent. En différents endroits des incendies se déclarèrent. Les systèmes de sécurité étant hors service, rien ne pouvait freiner leur extension.

  • Putain, les mecs faut se barrer et vite, tout va péter, cria Louis à ce qui restait de son équipe.
  • Attention, il y a des morceaux de tours qui tombent, cria Tom.
  • C’est foutu, on ne pourra plus rien faire, foncez vers la sortie.

Au même instant une explosion retentit et une cuve de produits toxique s’enflammât en provoquant la formation d’un lourd nuage brun.

D’autres cuves furent atteintes et s’embrassèrent à leurs tours. Le nuage nauséabond grossit rapidement et s’étendît sur toute la zone. Tom courant vers la sortie vit certains de ses collègues s’effondrer en se tenant la gorge. Lui accéléra encore et rejoignit le portail de l’usine en même temps que Louis. Constatant que le vent allait porter le nuage dans la direction de son domicile, il voulu appeler Laurence. Sortant son portable, il ne put que constater qu’il n’avait pas de réseau.

Il reprit sa course et arriva chez lui en une dizaine de minutes. Laurence l’attendait :

  • Chéri tu es de retour, j’ai entendu les explosions et j’ai eu si peur.

Tom l’interrompit :

  • Vite, il faut partir, l’usine brûle et un nuage toxique se dirige vers nous. Prends le stricte nécessaire et fuyons. On va prendre les vélos.

Tom claquât la porte derrière lui et dans la maison, Il attrapa son sac à dos et y fourra quelques affaires, un peu d’eau et de vivres.

Laurence fit de même et ils gagnèrent le garage pour y récupérer leurs cycles. Dès que Tom ouvrit la porte extérieure, une épaisse fumée brune envahit la pièce. Le couple n’eu pas le temps de réagir. Laurence et Tom s’effondrèrent en suffoquant. En moins d’un quart d’heure tout trace de vie disparût du quartier.

un peu partout dans les villes

Constatant la disparition de l’électricité, les bandes de malfrats qui s’étaient formées depuis le début de la catastrophe virent leurs champs d’action s’étendre. Leur nombre augmenta rapidement car de nouveaux groupes se formèrent un peu partout.

Spontanément, la plupart des grands espaces urbains furent divisés en districts tenus chacun par l'une de ces bandes. Alors que certaines d’entre elles ne prospérèrent que par la violence la plus noire, d’autres s’organisèrent de façons variées.

Dans le centre de Lyon, un prédicateur venu de nulle part emmena une large foule avec lui. Il prétendait sauver les hommes en les faisant revenir à une forme de religion stricte et austère. Prenant exemple sur le gouvernement de Savonarol à Florence, après la chute des Médicis, il instaura des congrégations de jeunes pour appliquer ses lois divines. Celles-ci sillonnaient la ville en imposant la conversion à un dieu tout puissant et violent qui exigeait la soumission absolue. Ceux qui refusèrent furent roués de coups et souvent laissés pour mort. Pour prouver leur conversion, les autres devaient se raser en totalité et offrir en autodafé les livres et tableaux qu’ils possédaient. D’autres groupes de jeunes furent armés avec les fusils, pistolets et tazer volés dans les commissariats et casernes. Ceux là furent affectés à la défense du quartier.

L’ouest parisien s’organisa avec des milices financées par les riches familles. Un comité de direction du quartier fut créé. Une de ses premières décisions fut d’établir une taxe de plusieurs milliers d’euros destinée à financer les milices. Ces familles disposaient toutes d’un magot privée en billets de banque et or, qu’elles avaient mis de côté en prévision de jours difficiles. Ces jours étant survenus, ces trésors ressortirent. Très vite, le Comité de direction du quartier envisagea que la situation pourrait durer et qu’en ce cas, les réserves de nourritures disponibles ne pourrait satisfaire les besoins de l’ensemble de la population. Elle réunit donc les plus grandes familles et ils décidèrent conjointement d’expulser tous ceux qui ne seraient pas en mesure de payer la taxe. Les premières expulsions commencèrent le jour même.

À Montmartre, le groupe qui prit le pouvoir instaura la Nouvelle Commune de Paris en se référant aux événements de 1871. Un Comité de Commune fut créé avec les principaux meneurs. Ce comité prit rapidement des mesures radicales. Les édifices religieux furent réquisitionnés et les rares prêtres encore présents dans le quartier emprisonnés. La basilique du Sacré-Cœur fut transformée en un lupanar géant dans lequel furent regroupés toutes les prostituées et gigolos du quartier. Les passes s’y faisaient moyennant trois heures de travail pour le bien commun. La propriété individuelle et le mariage furent abolis. L’ensemble des victuailles disponibles dans les magasins et centres logistiques, mais aussi chez les habitants fut réquisitionné et rassemblé dans de grands entrepôts. Une milice fut créée pour perquisitionner les domiciles afin de vérifier que personne n’avait fait de réserve non autorisée. Les contrevenants identifiés furent regroupés et fustigés en place publique. Le Comité de Commune instituât des repas populaires qui furent la seule forme autorisée d’alimentation, interdiction ayant été faite de tenir des repas dans les maisons. Une garde communale fortement armée fut créée ici aussi pour garder les accès au quartier.

Très rapidement les différents groupes voulant étendre leurs territoires s’affrontèrent. Des barricades furent érigées en limites de quartiers et des snippeurs disposés dans les immeubles. Des batailles violentes eurent lieu, laissant derrière elles de nombreuses victimes.

Les incendies urbains auxquels plus rien de s’opposaient continuant à s’étendre, des quartiers furent pris en étau entre les flammes et les milices des groupes voisins. Peu de ceux qui essayèrent de s’échapper le purent et le nombre de victimes atteint rapidement des chiffres importants.

Même dans les villes ou les quartiers qui n’étaient soumis à ces milices, les hôpitaux furent rapidement submergés. Des malades, blessés et brûlés arrivèrent de partout et ni les chambres, ni les salles et les couloirs suffirent à accueillir tous ceux qui se présentaient. Les générateurs électriques dont les établissements disposaient et qui n’avaient pas subi les dommages de l’orage magnétique, permirent, durant les premières heures, d’éviter la panne de courant dans les services, mais les réserves de carburant s’épuisèrent vite. Ce fut surtout le manque d’eau qui affecta les soins. Malgré les prouesses réalisés par les personnels soignants, les décès se multiplièrent. Bientôt, faute d’eau mais aussi de médicaments, de matériels et de linges, les soins durent s’interrompre. Les services fermèrent les uns après les autres. Seuls quelques petits établissements de province purent continuer à fonctionner.

C’est ainsi qu’a la fin de cette troisième journée de la catastrophe, la plupart des grands centres urbains sombrèrent.

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P.K. 10 avril 2024

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