3.10 - Retour à la ferme
Ce même jour - Au pied du Mont Cassel - Nord
Peu avant d’atteindre la ferme familiale, au pied du mont Cassel, jeudi peu avant vingt deux heures, Jérémie vit, Joseph, son père s’avancer vers eux.
- Dieu merci, vous voilà tous les quatre. Maman va être tellement contente de vous voir, elle se faisait un sang d’encre.
- Pas de soucis, nous allons bien, et nous sommes bien contents d’arriver car nous n’avons pas l’habitude de nous balader avec de tels chargements, lui répondit Jérémie en montrant les vélos et les sacs à dos.
- Bonsoir Papi, reprit Lily, moi aussi je suis contente de te voir. Je ne pensais pas devoir venir un jour ici en vélo. Mais j’y suis arrivée. Heureusement que Rémy m’a aidée sur certaines pentes.
- Je suis fier de vous, leur répondit son grand père. Mais allons jusqu’à la maison pour ne pas faire attendre davantage ta mamie.
- Carrément, dit à son tour Remy. J'espère qu'elle nous a préparé un bon repas à sa façon, parce que, moi en tout cas, j'ai la dalle.
- Nous n'étions pas sûrs, mais Remy, tu connais l'insinct de ta grand mère. Elle a tout préparé car elle savait que vous viendriez.
Le groupe se dirigeât vers la ferme. Celle-ci venait d’être rénovée récemment. C’était une ancienne ferme de briques et tuiles rouges, à cour carrée, typique des Flandres. On y pénétrait en franchissant un vaste portail à toit pointu ce qui faisait que les enfants l’avait toujours plus considérée comme un domaine seigneurial, que comme une exploitation agricole. La cour centrale avait été transformée en jardin et une belle pelouse garnie de quelques pommiers offrait un havre de paix. Les activités agricoles ayant été regroupées hors du corps de ferme, pour faire place à des gîtes, les espaces de vie étaient vastes et confortables. La famille de Jérémie y avait ses habitudes aussi n’appréhendaient ils pas de s’y installer pour quelque temps.En franchissant le portail, ils trouvèrent l’exploitation en pleine effervescence.
- Nous pouvons nous estimer chanceux, reprit Joseph, notre voisin Christophe nous a appelé hier matin pour nous prévenir. Il travaille à la centrale nucléaire de Gravelines et dès qu'ils ont vu les aurores boréales, les gars d'EDF ont su qu'un orage magnétique n'allait pas tarder à nous tomber dessus. Il m'a appelé pour me dire de débrancher toutes les installations électriques de l'exploitation. C'est ce que j'ai fait et du coup, nous n'avons pas eu trop de dégats.
A cet instant une femme de belle prestance sorti en courant de l'aile Nord de la ferme.
- Lily, Rémy, Anne, Jérémie. Comme je suis heureuse de vous voir là ! J'étais tellement inquiète.
Les deux enfants coururent pour se jeter dans les bras de leur grand mère, une fois ensemble, tous les trois sanglotèrent de joie et d'émotion. Anne, Joseph et Jérémie les rejoignirent rapidement et ils s'aggrégèrent en une tendre mélée familiale.Passé ces premiers instants de retrouvaille, Joseph reprit la parole.
- Allez vous installer dans vos chambres habituelles. Nous n'avions pas d'hôtes ces jours ci, donc le champ est libre.
- Oui allez vous poser un peu, reprit Louise, la grand mère, et ensuite revenez dans la cuisine, je vous ai préparé une bonne carbonnade.
- Hum, lui répondit Rémy, mon plat préféré ! Je file déposer mon sac et dans deux minutes je suis là, mamie.
- Je te reconnais bien là. Toujours aussi gourmet mon Rémy.
- Moi aussi j'arrive, renchérit Lily. J'espère que tu as des gauffres en réserve !
- Et nous aussi nous allons vite venir, nous avons tant de chose à vous dire, conclut Anne.
- Pendant ce temps là, je vais rebrancher l'éolienne, dit Joseph. Cela nous permettra d'avoir un peu de lumière ce soir pour le repas et la veillée.
Le petit groupe s'éparpilla dans la ferme. Mais à peine cinq minutes plus tard, ils se retrouvèrent tous autour de la grande table de la cuisine. Comme l'avait prévu Joseph, une lampe éclairait la pièce, mais son alimentation par l'éolienne rendait l'éclairage fluctuant du fait de la faible puissance du vent en cette soirée. Néanmoins chacun se rendait compte de la chance qu'il avait d'être là en famille après ces trois jours catastrophiques.Anne et Jérémie racontèrent à Joseph et Louise les événements qu'ils avaient vécu depuis l'isolement de Jérémie à Seclin jusqu'à leur arrivée ici en vélos. Ils n'omirent pas l'épisode du marché de Wasquehal ni l'aggression de Carinne et Bruno que les grands parents connaissaient et appréciaient.
- Il est possible que Carinne et Bruno viennent à leur tour nous rejoindre, si Bruno réussit à faire soigner rapidement son bras, dit Anne.
- Il n'y a aucun problème. La ferme est grande et nous avons encore plein d'espace pour les recevoir, répondit Louise.
- En plus, nous allons avoir besoin de bras sur la ferme car les machines ne fonctionnent plus, rajouta Joseph. D'ailleurs, les vendanges commencent dès demain sur les flancs du mont. Remy, je compte sur toi.
- Pas de problème, lui répondit celui-ci, ce seront mes premières vendanges et tu seras bien obligé de me faire goûter ton fameux nectar.
- Oh ne t'attends pas à goûter de si tôt de cette cuvée. mais si tu travailles bien, je te promets un verre de mon premier millèsime, un deux mille trente et un. Il est plutôt pas mal, me disent les connaisseurs.
- Cool, conclut Rémy.
Joseph poursuivit.
- Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, en prévision de l'orage magnétique, nous avions débranché tous les systèmes électriques. Demain, il va falloir voir comment on s'organise pour rebrancher le nécessaire.
- Vu l'état des lignes hautes tension que nous avons vues, tu n'es pas prêt d'être reconnecté au réseau public. Il faudra donc tout organiser en auto production, compléta Jérémie.
- Tu as raison. Mais nous avons quand même quelques moyens car outre l'éolienne, j'avais aussi fait installé des panneaux solaires. J'espère que le fait de les avoir débranchés leur aura permis de résisiter à l'orage. Mais je le pense. Par ailleurs, avec les exploitations voisines, il y a quelques mois, nous nous sommes regroupés pour créer une unité de méthanisation. Elle est à un kilomètre et demi d'ici vers le nord. Nous irons voir demain si elle a supporté l'orage. Si c'est le cas, nous aurons de quoi faire la cuisine et nous chauffer cet hiver. Enfin, nous avons toujours le puit pour l'alimentation en eau. Il puise directement dans la nape, donc l'eau devrait être bonne.
- Donc si je comprends bien, la ferme est autonome et nous devrions pouvoir passer les prochains mois sans trop de difficultés, résuma Jérémie.
- C'est celà. Espérons que notre optimisme soit justifié. Nous le saurons demain, conclut Joseph.
Il était déjà près de vingt trois heures trente à l'issue de cette première soirée et les membres de la famille se souhaitèrent une bonne nuit.
Rémy ne put cependant en rester là.
- Papy, je ne suis pas si fatigué que cela. Veux-tu bien faire une partie d'échec ?
- Oh là, tu vas le regretter, lui répondit Joseph dans un grand éclat de rire.
___________________________________________________________________________________________________________A suivre ...
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