IX
D'humeur maussade je me promenais sur la plage proche du centre. Mes yeux voyaient les rayons du soleil couchant, au fond de moi rien ne vibrait.
Je forçai mon regard à parcourir la plage, les mouettes, l'écume venant mourir à mes pieds, les dunes rosées et là, tout à coup, apparut une silhouette. Je l'identifiais tout de suite avec mon regard de lynx cherchant sa proie.
C'était un garçon en maillot.
Le voyant je ressentis un coup au coeur. J'admirai sa beauté, le modelé de son torse, la géométrie de son buste à laquelle répondait la coupe de son slip de bain.
J'admirai ses cuisses solides encadrant la proéminence de sa source de vie.
Et sans bien réfléchir je me portai vers lui : il était perché sur le sable, me dominant de la hauteur de la dune, le soleil le dorait me permettant d'imaginer la douceur de sa peau cuivrée. Son regard portant sur le lointain, il ne m'avait pas vu ! J'étais là à ses pieds et en moi montait un désir irrépressible de le rejoindre, de le prendre dans les bras, de découvrir son anatomie par tous les sens ... de me couler en lui !
C'est à ce moment qu'il s'en retourna, sans se presser, me laissant l'image du galbe de ses fesses.
J'aurais pu l'appeler mais je restais sur place pétrifié, déchiré par la conscience de ce qui nous séparait.
Je percevais toute ma différence : mes cheveux gris, ma peau fripée, mon peu de musculature. Qu'aurais-je pu lui apporter ... ?
La seule beauté de son âge avait creusé l'abîme entre nous.
Le Beau ne se compromet pas ! Seule une beauté semblable à la sienne aurait pu l'approcher et tenter de se fondre en lui !
Le soleil était maintenant bas sur l'horizon. Rien n’empêcherait qu'il ne disparaisse bientôt; ainsi que moi, minuscule particule de conscience désirante .
Retournant sur mes pas, je me dirigeai vers le phare.
Cette rencontre, échouée, n'en était pas ! Elle faisait émerger, avec acuité, des questions fondamentales.
Qu'était-ce cette chimère que j'avais poursuivi si longtemps ?
Ce besoin d'union, cet effacement des limites auxquels j’aspirais tant, n'étais-ce pas retrouver l'état de Nirvana du fœtus.
Sortir de notre solitude fondamentale.
La complétude !
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