L’horloge sonne : non tu ne partiras pas. Comment peut-on encore forcer un élève à continuer dans l’affliction ? Faut-il se noyer dans un enseignement trop sévère, bafoué par de l’animosité ?

Quelques larmes, devant cette même fenêtre où j’avais dit : c’est fini pour moi, j’abandonne. Cet endroit était un lieu d’espoir. Détruit. Les murs pleurent. Les arbres perdent leurs feuilles. Les oiseaux ? Ô non ! Ils ne chantent plus. Quelle est cette mélopée stridente que je pouvais entendre ? Le néant ? La perte du bonheur qui était pour moi mon retrait en mathématiques ?

Afflictions d’adolescente trop hyperboliques. Oh non on n’écrit pas de pareilles choses, c’est trop exagéré. Elle pleure parce qu’elle aura encore trois heures de maths expertes. C’est peut-être vrai. C’est une tragédie de Sénèque ou de Racine mal jouée. Iphigénie expire. Quoi ? Racine ne l’avait pas faite mourir dans sa pièce. Encore un mauvais jeu de l’interprète.

− Arrête d’éclater en sanglots devant cette vitre, tu étais censée être heureuse.

− Regarde le script ! Il me dit de pleurer. Que la fatalité du personnage le rattrape.

− Ce que t’as, c’est un chiffon. Une saloperie. C’est pas ça le script. Tu pleures alors que tu dois rire.

− Moi on m’a donné ça. Cette saloperie, c’est ce qu’on m’a tendu en venant jouer la pièce. Tiens, prends ça, on a fait quelques changements, m’a-t-on dit ! C’est ma faute si je ne rigole pas dans cette scène ?

− Et ça te plaît cette merde ? C’est ce que t’as envie de jouer ?

− J’ai jamais voulu pleurer à la fenêtre. Mon personnage devait retrouver de l’espoir à cet endroit. Je préférais l’ancienne scène mais on me l’a bousillée.

− Alors t’attends quoi pour aller gueuler et dire : Moi je suis pas d’accord. J’exige de changer le bordel que vous avez foutu. Vous écrivez des pièces, ça fait les dramaturges mais votre texte c’est un enchevêtrement de conneries. C’est des répliques qui ne valent rien. Hein ? T’attends qu’on te marche dessus et d’avoir de la souffrance en toi avant de parler.