Artéfact

Une minute de lecture

Recroquevillée au fond de moi-même,

j'ai enfin le courage de monter dans ce grenier délabré.

Dans cette maison hantée qu'est mon coeur,

dans cette pièce, j'ai trouvé et ouvert une valise oubliée.

Un fouillis de traumas ;

des jouets, des photos de classe, des décorations de noël, des bouteilles d'alcool, une alliance et quelques livres saints.

Des plumes de joies,

des bulles de larmes,

des nuages de bonheur aussi.

Ils virevoltent et explosent autour de moi ;

je me souviens.

Une boîte à musique de rire recouverte de poussière,

je tourne la minUscule manivelle, compresse mon coeur, et m'autorise à entendre mon père, mes frères, mes soeurs, et, comme un souffle léger, le rire de ma mère.

Des photos avec de nombreux visages griffonnés,

une larme coule et comme par magie leurs sourires sont ressuscités.

J'accepte enfin de revoir ceux que j'ai aimés.

D'immenses posters de mes bourreaux,

je les réduis, les anéantis en le déchirant en petits morceaux,

et du feu de ma rage les regarde brûler et devenir étoiles de braises pour enfin disparaître.

Des boules à neige d'endroits où j'ai vécu le meilleur comme le pire,

je les secoue, certaines pleurent, certaines rigolent, certaines crient.

Elles seront mes trophées, celles que je regarderai lorsque de moi, je douterai.

Et tout au fond de la valise à l'odeur de moisie ; une photo de celle que je ne suis plus.

Cette enfant au visage où ne réside aucun sourire.

Aux yeux suppliant de besoin d'amour.

Progressivement, je la vois devenir adolescente ;

ses yeux ombrés de noir, remplis de haine, me scrutent, me jugent, dégoutés de l'espoir qui m'abrite.

Son cœur tel la boîte de Pandore dégouline de fange, et me fait douter.

Elle ne veut ni oublier, ni pardonner.

J'ai peur d'elle, et elle le sait.

Mais je dois lui faire face,

elle est mon plus précieux artefact, celui qui détient ma paix.

Je referme la valise, connais désormais la prochaine étape.

Il est temps de dire au revoir à certains,

bienvenue à d'autres, et faire de la place.

Car je sais que dans ce combat il ne faudra pas parler,

mais prouver.

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