Chapitre 6 : L’arène
Il faisait beau. Le soleil illuminait tout le Colisée. Il était gigantesque. L’arène en son centre devait mesurer au moins deux cents pieds de long. Au-dessus de celle-ci culminaient à soixante pieds les gradins. Ils étaient capables d’accueillir toute la population de la ville. D’ailleurs le stade affichait complet. Tous attendaient l’annonce du Souverain.
Dans la tribune du Roi, face au sud, la famille royale était présente, ainsi qu’ Auriel. Le monarque s’approcha de lui.
- Où sont mes parents ?
- Vos parents sont coupables d’un crime très grave, jeune homme. Et vous n’êtes pas avec eux car je ne vous considère pas coupable de leur erreur. N’abusez pas de cette chance. On va maintenant voir s’ils disaient vrai.
Thorn et Gabrielle apparurent dans la zone de combat. La porte qui les fit entrer se ferma. Ils étaient maintenant enfermés en bas, sans aucun lieu pour se cacher, pour fuir. Le Roi avança sur le bord du balcon et annonça :
- Peuple de Dritrie ! Je vous ai conviés ici, aujourd’hui, pour une bonne raison !
Dès qu’il eut commencé son discours, le brouhaha de la foule se tut.
- Les deux citoyens présents devant vous sont Thorn Garozane, célèbre forgeron de la capitale, et sa femme Gabrielle… Ils ont commis un crime contre notre monde ! Contre notre ville ! Vous, mes chers amis ! Ils ont abrité un démon ! Pendant quinze ans !
Le monarque marqua une pause dans son élocution. Le public en profita pour huer le couple. Auriel s’énervait de pareilles accusations sur sa famille. D’un geste du bras, le Roi calma l’assemblé et reprit :
- Ils affirment que cette… créature n’est pas un danger pour nous ! Qu’elle pourrait nous aider ! Devenir une alliée des Hommes ! Normalement ce crime leur aurait valu la peine capitale ! Mais dans ma grande clémence, je leur ai donné une chance de prouver leurs dires ! Ils doivent donc nous prouver que ce monstre n’est pas ce que nous savons tous ! Une machine à tuer ! Cependant ! Afin de se défendre si besoin est, ils disposent d’une épée et d’un bouclier chacun !
La foule se mit à l’acclamer. L’artisan et sa femme étaient entrés dans l’arène, sous les cris de la foule. Après le discours du Roi, les hurlements à leur encontre doublèrent. Déconcertés, ils virent les armes à leurs pieds. Thorn en ramassa une. Sa conjointe lui demanda :
- Tu crois en avoir besoin ?
- Non.
A ce moment la grille face à eux s’ouvrit. Deux gardiens amenèrent Médusa. Elle semblait inconsciente. Ils la lâchèrent froidement sur le sol avant de faire demi-tour et de refermer la herse. En touchant le sable, du sang gicla, de sa poitrine et de ses bras surtout. Le couple fut choqué. Auriel aussi. Son corps était couvert d’entailles, plaies, bleus et autres blessures plus ou moins importantes. Le liquide rouge coulait lentement et commençait à coaguler sur sa peau. Sa queue avait perdu son éclat et sa belle aura verte. Il manquait des écailles à divers endroits, laissant les muscles à vif. Thorn, indigné, hurla au Roi :
- Qu'est-ce que cela signifie ?!
- J’attends Thorn ! répondit-il d'une voix de stentor.
Le forgeron avança doucement, suivi par sa femme. Quand Médusa sembla reprendre connaissance. Le vacarme de la foule s’intensifia. Elle plaqua ses mains sur ses oreilles, agitant la tête dans toutes les directions, comme pour essayer de trouver la source du bruit. Son visage était tétanisé par la peur. Le ferronnier avait l’impression de voir une toute autre personne devant lui. Ça ne ressemblait pas à sa fille.
Il approcha. La démone remarqua les deux personnes face à elle. Sa figure se figea. Elle recula. Thorn essaya de lui parler : « Eh, ça va aller. N’aie pas peur. On est là avec toi. Plus personne ne te fera de mal ». Médusa arriva dos à la grille. Voyant les interstices de celle-ci, voyant une échappatoire, elle essaya de la traverser. Juste assez large pour qu’un bras et la tête passe, les maillons de métal la bloquèrent.
Sa queue remuait frénétiquement dans tous les sens, projetant dans les airs des quantités de sable. Gabrielle ne comprenait pas. « Qu’arrive-t-il à ma princesse ? », pensait-elle. Les particules soulevées créèrent autour de la démone une nappe poussiéreuse qui se dissipa rapidement Médusa n’avait pas réussit à franchir la grille. Cependant, celle-ci avait subi la hargne du monstre. Les barreaux étaient tordus, pliés. Elle se retourna. S’apercevant que le couple s’était rapproché, elle se colla à la barrière.
D'abord remplie de peur, l’expression de la fille-serpent changea. Les deux humains n'eurent pas le temps de réagir. En un instant tout fut terminé. En un instant…
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