Chapitre 13 : la maison

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    Médusa se sentait bien, la douleur avait disparu. A la place une douce chaleur la parcourait, lui rappelant sa maison, sa famille. « est-ce un rêve ? » se demanda-t-elle. Elle ouvrit les yeux au prix d’un lourd effort, ses longs cheveux l’empêchaientt de voir correctement son environnement. La démone voulut les dégager d’un bras mais rien. Elle se redressa en sursaut, ce qui lui arracha quelques petits cris de douleur. Ce n’était pas un rêve, tout était réel, une larme coula sur sa joue. Elle remarqua que ses plaies avaient été soignées. Un grand bandage couvrait son torse et ses épaules meurtries.

  Elle observa les lieux. Elle était installée dans un grand lit, une couverture en peau de bête abritait le bas du corps. Seul le bout de sa queue, blessé par le clou du traqueur, dépassait sur le côté, protégé par une bande de tissu légèrement rougi par le sang.

  La pièce n’était pas bien grande, à peine plus large que le lit, juste plus longue qu’elle de la tête au bout de la queue. Une grosse armoire, remplie de couverts, vaisselles et autres ustensiles de vie occupait une bonne partie du mur gauche, cachant une porte. Sur la droite une petite table de chevet avec quelques livres, une bougie éteinte. Un bureau, servant de point de travail, repas… continuait sur ce coté de la pièce, juste sous une fenêtre. Sous celle-ci une unique chaise. Et le dernier meuble de la salle une commode, en bois sculpté, très belle, surement le plus beau bien ici. Médusa remarqua sous la table une trappe.

  La porte s’ouvrit puis se referma. Un vielle homme était rentré, laissant un instant l’air frais de l’extérieur parcourir l’endroit. Il posa un panier sur le bureau, accrocha sa veste rouge sur l’armoire avant de se tourner vers le lit :

  • Oh vous êtes déjà réveillé ? Je ne pensais pas que vous reprendriez connaissance si vite.

  Un humain ! Médusa allait encore souffrir. La peur la gagna, la douleur ressurgit. Prise de panique elle se plaqua au mur et agita sa queue dans tous les sens pour repousser le vieillard, manquant de l’assommer. Celui-ci par reflexe se jeta au sol et esquiva la plupart des assauts. Cependant la table ne pu en réchapper, hélas. Projetée contre le mur, les affaires posées dessus volèrent dans la pièce. Un autre coup frappa l’armoire qui commença à tomber en avant. L’homme se leva et se précipita pour tenter de soutenir le meuble. La colonne écailleuse vint s’abattre sur son ventre, lui coupant le souffle. Il lâcha et l’étagère l’écrasa, renversant tout son contenu sur lui dans un vacarme de vaisselle et pot brisé.

  La démone n’osait plus bouger, observant l’humain inanimé sur le sol. Elle vit une pellicule d'eau s'écoulée autour de lui. Après quelques minutes celui-ci se réveilla en sursaut.

  • Vous n’êtes pas blessé ? » demanda-t-il en essayant de se dégager.

  Il réussit après de lourds efforts à sortir de sa prison et se releva. Une fois debout il frotta ses habits, massa ses membres endoloris et observa la scène, puis son invitée. Il remarqua que le bandage de sa queue, entièrement rouge, gouttait légèrement sur le sol. Il se retourna et se mit à fouiller sa commode pour en ressortir une petite boite en bois. Il s’approcha et murmura d’un ton calme :

  • Calmez-vous, je ne vous veux aucun mal. Vous avez réouvert votre blessure sur la queue et je souhaite changer vos bandages.

  Sa voix était douce, apaisante et rassurante. Médusa ne bougeait pas, ne sachant comment réagir. Le vieil homme s’agenouilla au pied du lit. Elle ferma les yeux lorsqu’elle sentit ses doigts parcourir ses écailles. Il enleva le bandage ensanglanté et le liquide pourpre coula sans retenu de la blessure, de nouveau à vif. Il enduisit un tissu d’un liquide orange nauséabond et caressa doucement la zone meurtrie. La femme-serpent grinça des dents. Le produit la piquait mais il était efficace, le saignement s’était arrêté. L’homme reposa un bandage puis, fière de lui, commença à ranger son matériel.

  Alors que le silence s’installait la démone murmura d’une petite voix :

  • Merci…
  • Je vous en prie.
  • Pourquoi m’avez-vous aidée ?
  • Pourquoi ?! Mais quelle question ! Cela me parait évidant ! Aider les personnes dans le besoin, blessées, est naturel pour moi. Il s’agit d’un droit et d’un devoir. Pourquoi ne l'aurais-je pas fais ?
  • Mais je suis un démon. Vous n’avez pas peur de moi ? vous ne me haïssez pas ?
  • Peur ? Un peu je vous l’avoue. Vous m’avez effrayé lorsque vous vous êtes débattue. Mais je ne hais pas les démons, pas tous en tout cas. Le temps m’a appris que, comme nous les humains, les démons ne sont pas tous dangereux, pas tous des monstres assoiffés de sang. Ma haine est dirigée contre un seul, l’assassin de ma fille.
  • Je suis désolé…
  • Ne le soyez pas ! Ce n’était pas vous, je n’ai aucune raison de vous en vouloir donc.

  Il se baissa et essaya de soulever son armoire. Le voyant en difficulté, Médusa ferma les yeux et se concentra. Le vieillard entendit toquer à la fenêtre et s’approcha, méfiant, puis écarquilla les yeux de surprise. De l’autre coté du verre, une ronce s’agitait lentement, frappant doucement à la vitre. Curieux il ouvrit la fenêtre et tendit la main. Elle l’évita et entra, suivi par quatre de ses semblables. L’une d’elles fit recule l’homme, les autres s’enroulèrent autour de l’étagèrent et la soulevèrent pour la reposer à sa place d'origine. Elles firent de même avec le bureau avant de ressortir. Ebahi devant la scène qui s’était déroulée sous ses yeux.

  Il referma la fenêtre, ramassa la chaise et commença à remettre de l’ordre. Il finit par demander :

  • Comment vous appelez-vous ?
  • Médusa…
  • Enchanté Médusa, dit-il un sourire aux lèvres. Moi je m’appelle Nicolas. Nicolas Grandor.
  • Enchanté... je peux vous poser une question?
  • Bien sûr.
  • D'ou venait l'eau qui s'est ecoulé près de vous ?
  • Ah, je maitrise la magie de l'eau. Lorsque vosu m'avez frappé j'ai eu le reflexe de créer une fine pellicule protectrice. Mais malgré ça, j'ai bien senti le coup passé.
  • Je suis désolé...
  • Ne vous excusez pas. Bon, trêve de bavardage pour l'instant, as-tu faim ?

  Le ventre de la démone gargouilla. Il ouvrit la trappe et en ressortit une pièce de viande, une cuisse de biche à première vue, ainsi que quelques légumes.

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