Chapitre 17 : L’entrainement

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  On toqua à la porte :

  • Jeune homme ! Le soleil se lève ! Vous avez dix minutes pour me rejoindre au terrain d’entraiment !

 Auriel sursaut. Il se leva et avança les yeux mi-clos vers son équipement et s’habilla : des vêtements somme toute banals, renforcés avec des morceaux de cuir souple au niveau des articulations et du torse. Il ramassa une épée d’entrainement en bois et sortit.

 Depuis maintenant sept jours, il vivait au château. La reine lui avait gracieusement offert une chambre le temps de sa formation. Tous les matins, il était réveillé par le maître Nathaniel Stromos, un guerrier reconnu à la capitale, ayant de nombreux faits d’armes, notamment contre les soldats katoréens. Depuis il avait pris sa retraite et formait maintenant les troupes. Le roi lui avait ordonné de s’occuper du jeune homme afin qu’il rattrapât le retard de la promotion en formation actuellement.

 C’était un bon professeur, cependant certains anciens élèves le définissaient comme un tyran, et le pauvre Auriel avait pu le constater les jours précédents. Il le levait à l’aube, puis l’entrainait jusqu’au crépuscule. Malgrès de lourds excercices, exténuant, poussant son corps à ses limites, le maître d'arme lui accordait des pauses afin qu'il pût récupérer assez d'énergie pour reprendre. La plus grosse interruption était pour le repas du midi. L’adolescent rentrait dans sa chambre le soir, totalement épuisé, et s’écroulait sur son lit. Lui qui espérait chaque jour pouvoir avoir des informations sur le village pandoréen attaqué par Médusa , ou sur la mort de la précédente reine, s’endormait déçu.

 Au début de la semaine, Nathaniel l’avait surchargé d’exercices physiques : des tours de terrains, des pompes, des abdos, des flexions-extensions, et pleins d’autres qui s’apparentaient presque à de la torture du point de vue de l’adolescent. Après était venue, dès le troisième jour, les entrainements aux maniements de l’épée, l’apprentissage des gardes, les mouvements de bases, …

 L’adolescent arriva dans la cour. Son maître l'y attendait. Il portait une armure de cuir plus complete que la sien. L’homme était d’un âge avancé, la cinquantaine. Il était grand, plus grand que lui d’une tête au moins, blond, s’il avait des cheveux blancs, ils se fondaient parmi les autres. Sa barbe était taillée en un petit bouc et une moustache courte. De nombreuses rides parcouraient son visage. Ses yeux bleus affichaient sa sévérité.

 Auriel parcourut la zone rapidement. La cour se situait sur le côté du château, encerclée par un mur, seulement accessible par une arche vers ll’avant du palais. Elle faisait deux cents pieds de long pour autant de largeur, recouverte de sable. Une dizaine de mannequins étaient alignés contre le mur nord, faits de sacs de paille, d’une armature, d’un bouclier, d’une épée et d’un casque en bois.

 Le jeune homme s’approcha de Nathaniel. Celui-ci lui ordonna de faire une dizaine de tours de piste. Il posa son épée par terre et s’exécuta. A la fin, il dut faire en plus une cinquantaine de pompes et autant d’abdos. Pendant qu’il s’étirait, le maître d’armes s’exprima :

  • Bien, vous avez été long à effectuer cet échauffement.
  • Excusez-moi. Je …
  • Stop. Pas d’excuse. Bon montrez-moi les différentes gardes que je vous ai appris.

 Le jeune élève se mit en position. Il plaça d’abord son épée en arrière, au-dessus de sa tête, la lame vers le haut. Il entendit à côté de lui : « Garde haute. Très bien, continuez ». Il baissa les bras et les arrêta lorsque son arme se retrouva devant lui, les poings devant la ceinture, la lame légèrement relevée. Il attendit un instant, puis pencha sa lame vers le bas, les membres la tenant tendus. Pour la position suivante, ses mains remontèrent. L’une d’elle arriva devant son visage tandis que l’autre passa par-dessus sa tête. Son épée s’orienta vers son flanc gauche, un peu vers le sol. Et enfin l’adolescent amena son arme à sa droite, les mains au niveau des hanches, la pointe en arrière.

 Nathaniel jugea sa prestation :

  • Correct dans l’ensemble. Vous avez bien exécuté la garde haute, médiane et basse. Cependant les deux dernières étaient médiocres. De plus, n’avez-vous rien oublié ?
  • Euh, je ne vois pas.
  • La position de vos mains ! s’énerva-t-il.

 Auriel écarquilla les yeux et regarda. En effet, il ne tenait pas son arme correctement, du moins, pas comme lui avait appris le maître d’armes. Sa main dominante, la droite pour le jeune homme, devait se trouver près de la garde, l’index par-dessus celle-ci contre la lame.

  • Mais sur une vraie épée, la tenir de cette manière me blessera, reprit l’adolescent.
  • En effet. Mais n’avez-vous jamais remarqué sur les épées forgées par votre père une petite partie non tranchante au pied de la lame.
  • Euh… non.
  • C’est ce qu’on appelle le ricasso. Allez recommencez les gardes !

 Le jeune homme reprit, encore et encore. A chaque fois qu’un détail ne convenait pas à Nathaniel, celui-ci interrompait son élève et le faisait repartir à zéro. Ça dura quasiment trois heures, à peine interrompues par une ou deux pauses pour permettre à l’adolescent de boire. Après ce long exercice, il s’assit, assoiffé, dégoulinant de sueur, et but le reste de sa gourde.

 Son professeur commença à s’échauffer. Quelques mouvements des bras et des jambes, des flexions-extensions, et termina par des étirements. Auriel lui demanda :

  • Que faites-vous ?
  • Je m’échauffe. Nous allons faire un duel.
  • Un duel ? fit le garçon stupéfait.
  • Oui. Je souhaite jauger votre niveau après cette courte semaine.

 Il fit quelques moulinets avec son épée de bois et se mit en garde.

  • Allez, venez. Et n’ayez pas peur de me blesser. Ne vous retenez pas.

 Le jeune homme resta surpris un instant. C’était la première fois qu’ils allaient se battre l’un contre l’autre. L’adolescent se releva et se mit en garde. Il commença à tourner autour de son adversaire qui se maintenait bien face à lui, le suivant de tout son corps, tout en restant sur place. Auriel brisa ce statu-quo et s’élança. Il frappa de toutes ses forces mais Nathaniel le para sans l’ombre d’une difficulté. L’apprenti épéiste recula, puis s’avança brusquement et tourna sur lui-même pour toucher le flanc droit de son adversaire. Bloqué encore une fois, cependant il riposta et frappa son élève au poignet, lui faisant lâcher son arme.

 Le jeune homme massa son articulation et ramassa son arme.

  • Trop lent. Trop prévisible. Et vous mettez beaucoup trop de force dans vos coups. Vous espérez quoi avec ce type de coups ? Me désarmer ? Briser ma garde ? Premièrement ça ne marchera pas avec moi, ni avec la plupart des ennemis. Deuxièmement, ce genre d’attaque fonctionne avec une épée en bois, mais avec une vraie arme, une vraie épée, en quelques coups vous vous retrouveriez épuisé et à la merci de vos adversaires.

 Auriel s’énerva, être pris à ce point pour un incompétent. La main serrée sur le pommeau de bois, il s’élança et frappa l’arme de Nathaniel. Celle-ci dévia de sa position. Le garçon enchaina les assauts, de façon plus précise cette fois. Et cela semblait fonctionner. Le professeur avait de plus en plus de mal à parer les attaques de son apprenti. Après quelques passes supplémentaires, l’adolescent remarqua une faille dans la garde de son maître. Il revenait toujours en position de garde médiane mais son arme était trop basse. L’apprenti saisit sa chance et frappa vers le visage de son mentor. « L’épée si basse, il ne pourra pas parer » se dit-il. L’homme s’accroupit, la lame de bois passa au-dessus de sa tête. Il retourna son arme et son pommeau vint s’enfoncer dans l’estomac de son élève. Celui-ci s’écroula et tomba à genoux, le souffle coupé.

  • Bien, très bien même, fit le maître d’armes. Vous avez su déceler une faille, même petite en un court laps de temps et réagir en conséquence. Cependant il vous faudra apprendre à ne pas tomber dans les pièges.
  • Je… j’ai du mal… à l’épée. Je préfère… la lance…
  • La lance ? Très bien.

 Nathaniel s’éloigna vers un tonneau rempli de bâtons et d’armes d’entrainement. Il en prit deux longs, de six pieds de long, la taille d’une lance. Il en lança un à Auriel.

  • Tu te plains ?! Très bien, voyons ton niveau à la lance alors !

 Le garçon remarqua le ton encore plus sévère de son maître. Il l’avait vraiment énervé. Le combattant se mit en position de combat, les jambes fléchies, légèrement écartées, la gauche en avant. Il avait placé son arme sur son flanc droit, légèrement penchée.

 Le jeune homme utilisa sa lance d’entrainement pour se relever et s’efforça à récupérer son souffle. Une fois la chose faite il se lança à l’assaut. Il se retrouva face contre sol sans comprendre, son adversaire assis sur son dos. Il eut comme une impression de déjà-vu.

  • Pas terrible. Votre prestation à l’épée était bien meilleure.

 Sa voix était redevenue calme. Il se leva, tendit la main à son élève pour l’aider à se remettre debout. Il reprit ensuite :

  • Cependant je suis satisfait. Je vous propose donc un marché.
  • Comment ça ? Quel marché ?
  • J'ai encore un peu moins de trois mois pour vous permettre de rejoindre la nouvelle classe. Je vous donne donc six semaines pour atteindre un niveau acceptable mais supérieur à celui de vos futurs camarades. Si vous y arrivez, je vous entrainerai le temps restant au maniment de la lance.

 Les yeux de l’adolescent s’illuminèrent de joie. Apprendre à manier la lance de son père le rendait heureux. Grâce à elle, il était sûr de pouvoir prendre sa revanche, du moins optenir les réponses qu'il désirait.

  • J’accepte, répondit-il.
  • Très bien. Le soleil est maintenant au zénith. Allez manger. Cette après-midi vous avez le droit à une pause. L’un de nos mages spécialisés dans l’étude des démons donnera un cours sur eux, ordre de sa majesté, et vous y assisterez.

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