Chapitre 26 : Un nouvel ami

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  Cela faisait maintenant deux semaines que Médusa avait détruit ce village. La colère l’avait submergée, mais elle l’avait fait elle-même. Elle n’avait pas laissé l’autre le faire. Ça lui avait fait du bien. Elle avait aimé le faire. Elle ne savait pas si c’était mal ou pas. Elle n’arrivait plus à faire la différence. Elle repensa à ses parents. Eux n’auraient pas été d’accord.

 Juste après avoir tué tous ces humains, elle avait mué, une expérience des plus étrange et désagréable. Cette sensation de perdre sa peau, d’avoir la chair à vif, d’être vulnérable lui avait fait peur, surtout lorsqu’elle entendit cette voix derrière lui, juste après avoir réussi à quitter son ancienne peau. La démone s’était retournée et s’était retrouvée face à ce qu’elle avait cru à un homme, nu, mais en le regardant plus en détail, elle comprit vite que c’était l’un de ses congénères. Ses mains et pieds étaient plus gros, couverts de larges écailles blanches et munis d’épaisses griffes au reflet bleu ciel. Ce qu’elle prit au début pour des cheveux était en réalité une ribambelle de petite corne pointant vers l’arrière. Il était musclé, dépassant légèrement les six pieds de haut. Son visage avait une forme triangulaire assez étrange. Ses yeux étaient saillants, de couleur bleu. La fille-serpent resta interdite devant l’arrivée de cet inconnu.

  • Bonjour, fit-il de sa voix grave.
  • Euh… euh…
  • C’est toi qui a fait ça ? demanda-t-il en pointant le village en ruine.
  • Oui…
  • Impressionnant. J’ai senti une puissante magie alors que je me baladais, et je tombe sur toi. D’où viens-tu ? Une telle force, tu es une jeune dardéone, mais nous sommes peu nombreux. De ce fait, nous connaissons tous nos confères, mais toi… tu m’es totalement inconnue.
  • Je viens… de l’autre continent.
  • Chez les humains !? Tu as survécu là-bas ?
  • Oui, depuis que je suis née ?
  • Incroyable, comment as-tu fais ? Même avec ta puissance, les humains sont tellement nombreux. Ils copulent comme des lapins et se répandent tel un fléau.
  • Qui êtes-vous ?
  • Je me nomme Drace. Et toi?

 Elle ne répondit pas, toujours méfiante même si elle était heureuse de rencontrer enfin quelqu'un de son espèce. Elle était venue juste pour cela. Voyant qu'elle ne répondait pas, il lui sourit et se retourna. Après quelques pas, il reprit :

  • Tu viens ? Les humains vont sûrement venir voir ce qui s’est passé.

 Durant le voyage, le démon était resté très silencieux. Il posait de temps en temps des questions mais ne répondait à aucunes de celles de Médusa, du coup elle aussi n’en fit rien. Cependant elle était contente. Ses bras avaient presque entièrement repoussé, mais plus long d’un pied, et ils s’arrêtaient au poignet. Ils étaient de la même couleur que son corps après sa mue, gris sombre aux reflets vert foncés avec des plaques d’écailles noires. Elle avait même remarqué de petites pointes sur le moignon de ses bras, cinq par membre.

 Ils arrivèrent au pied d’une chaîne montagneuse. La température avait énormément chuté depuis quelques jours. La neige couvrait le haut des pic. Médusa se frotta tant bien que mal les bras. Elle n’aimait pas ce nouveau climat. Ses serpents se blottirent les uns contre les autres, formant un casque à la démone. Son guide commença à escalader la falaise devant eux. Ses griffes se plantaient dans la pierre comme dans du beurre. Il s’arrêta après un centaine de pieds, s’assit sur une corniche et cria :

  • Alors tu viens ?! Si c’est la température qui te gène, ne t’inquiète pas ! Il fait meilleur à l’intérieur que dehors !

 « L’intérieur ? » s’interrogea la dardéone. Elle ne disait pas non à de la chaleur, à un lieu sûr où dormir au calme, sans risquer d’être attaquée par les hommes. Un peu de sérénité, c’était tout ce qu’elle demandait. « Bon, allez ! » se motiva-t-elle. Cependant elle était toujours confrontée à un problème de taille : Comment gravir cette pente abrupte sans mains. Elle chercha un chemin par lequel elle pourrait serpenter dans les reliefs. Ce fut à ce moment qu’il commença à neiger, et pas qu’un peu. Le temps se dégrada si vite qu’elle distinguait à peine son hôte. Tant pis elle se lança à l’assaut. Elle trouva un passage correcte et démarra son ascension. Elle gravit les vingt premiers pieds sans trop de problème. Cependant cela lui demanda un effort surhumain. Elle était obligée de contracter au maximum les muscles de sa queue afin de la bloquer pour ne pas retomber en bas. Elle utilisait tant bien que mal ses bras pour l’aider. Et le vent avec la neige qui lui fouettait le visage, mais elle ne se découragea pas. Elle montait, elle voulait tellement se reposer qu’elle trouva une nouvelle énergie, un second souffle. Pied après pied, elle progressait.

 Elle atteignit enfin le rebord où s’était arrêté son guide. Elle posa difficilement l’un des bras sur la plateforme en pierre, fière d’elle, mais la fatigue la rattrapa d’un seul coup. Ses muscles se relâchèrent. Elle commença à glisser. Son membre lâcha prise. Elle tomba. Les griffes du démon aux écailles blanches se refermèrent sur son coude. Il la remonta et la posa à un endroit sûr.

  • Excuse-moi. Je voulais m’amuser un peu.

 Il se tourna et s’agenouilla, présentant son dos à la fille-serpent.

  • Vas-y, monte et mets tes bras autour de mon cou.

 Médusa écarquilla les yeux, surprise. Elle s’exécuta doucement, avec hésitation, et encadra la nuque du démon. Sa queue pendait toujours sur le sol. Le monstre s’approcha de la paroi rocheuse et y enfonça ses griffes. Il gravit plus de milles pieds de distance à une vitesse ahurissante. Il devait avoir l’habitude de faire ça. Elle tourna la tête et regarda le sol, déjà en parti recouvert par la neige, s'éloigner. Les épaules de son porteur étaient rassurante. Si la température et le vent ne l'en empéchait pas, elle se serait volontier endormi là.

 Il s’arrêta sur une nouvelle plateforme, bien plus grande que la petite zone intermédiaire où ils s’étaient arrêtés. Face à eux une immense ouverture, d’au moins cinquante pied de haut sur autant de large. Il avança dans la caverne, toujours avec son passager sur le dos. Médusa sentit l’atmosphère se réchauffer. Quelle douce chaleur. Après quelques minutes dans le noir, ils atteignirent une grande salle, ronde, avec au fond, une crevasse vers un lac de lave.

 La dardéone descendit du dos de son guide et s’approcha de la source de chaleur. Elle ferma les yeux et savoura cet instant. Après un petit moment, elle se tourna vers son hôte.

  • Alors qu’en penses-tu ? lui demanda-t-il.
  • Il fait bon.
  • Je t'ai dit mon nom. Quel est le tien ?
  • Médusa.
  • Joli prénom.
  • Pourquoi m’as-tu amenée ici ?
  • Tu semblais avoir besoin de repos, et de manger. Les mur de cette grotte sont veinés de nérolite.
  • Et alors ? Ca change quoi ?
  • Tu ne sais pas. Il est important pour notre développement et force. Il nous sert aussi a guérir plus vite. Même si je suis impressionné par tes facultés de régénération. Moi si je perdais un bras, je pourrais le faire cicatriser mais pas repousser.

 Elle regarda les bouts de griffes poussant sur les moignons de ses bras. Il l'intriguait, la fascinait. Elle voulait en savoir plus. Elle reprit :

  • Et que fais-tu ?
  • Comment ça ?
  • Tu ne restes pas ici tout le temps ?
  • Non, je patrouille.
  • Tu patrouilles ?
  • Oui, avec un amis, on surveille les hommes. j’essaye de protéger les démons. Et s’ils ont fait du mal aux nôtres, on leur fait payer. Œil pour œil, dent pour dent.

 Elle le regarda droit dans les yeux. Il semblait sincère, sûr de lui, fort. Elle venait de le rencontrer mais sa présence la rassurait.

  • Je peux en être ?
  • Tu veux nous aider ?
  • Oui. Les humains ont tué mes parents. Je veux me venger.
  • Je comprends tes sentiments, et j'accepte. Mais …

 Il s’approcha d’elle. Il était intimidant. Elle déglutit

  • Ne fais pas les mêmes erreurs que moi et ne te laisse pas aveugler par la haine.

 Des bruits retentirent du couloir d’entrée. Drace se retourna et sourit :

  • En plus, il est rentré ! Je vais pouvoir vous présenter.

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