Chapitre 38 : Rapport inquiétant
Ils entrèrent dans la salle du trône. Le roi les attendait. Auriel et ses compagnons s’approchèrent et se prosternèrent aux pieds de l’escalier surélevant le souverain, le genou à terre.
- Commandant Stringer, au rapport sur la mission contre les forces rebelles, avec les soldats Garozane et Osmiri. Je tiens à excuser le soldat Istarion qui a été blessé et ne peut pas être présent.
- Ce n’est pas important, enchaîna le souverain sans émotion. Continuez.
- Bien, votre majesté. La mission est un succès. Je vous confirme la mort de l’un de leur chef et la capture d’un autre.
- Excellent. Qu’avez-vous appris ?
- Pas grand-chose hélas. Il avait un plan pour enlever la princesse, mais je pense que notre attaque à mis fin à cela. Je vous suggère cependant de renforcer la protection de mademoiselle quelque temps.
- Cela sera fait. Quoi d’autre ?
- Les trois autres commandants sont introuvables à l’heure actuelle. Et aucune information sur leur soi-disant véritable famille royale. Je pense qu’il ne s’agit que d’un prétexte pour rameuter des partisans.
- Très bien. Et vous Thomas ?
Le mage se leva et regarda le monarque. Il prit une profonde inspiration et se lança. Auriel tourna la tête et vit le stresse de celui-ci monter d’un cran.
- Cependant, votre majesté, malgré ce manque d’information, leur base comprenait bon nombre de documents de grande valeur. Notamment certains que le commandant m’a transmis d’urgence avant son arrivé, et que j’ai analysé en profondeur. Par des moyens encore inconnus, ils arrivaient à surveiller et récolté des renseignements sur certains démons.
- Comment ?! s’écria le roi.
Le visage du souverain se tordis de colère, mais en même temps de joie. Le maître Firma déglutit, sortit un parchemin de sa poche et reprit :
- Ils ont fait des rapports globaux mais aussi des fiches sur certains dardéones précis.
Le document devant les yeux, il lut :
- Mouvement de démon avec le minotaure en direction de l’ouest, vers le territoire du centaure. Vautour toujours introuvable. Gros déplacement d’umidas vers la forêt de la faille, pour raison inconnue.
Il marqua une pause. Le jeune lancier comprit qu’il allait révéler des informations sensibles pour le roi.
- Veuve noire aperçue sur les côtes d’Ismar.
- Comment ?! hurla le suzerain en se levant de son siège.
- Déplacement aléatoire de la veuve noire. Envoie de soldat pour prendre contacter. Possible alliance.
Il s’arrêta. Le visage de leur souverain était devenu écarlate, le front traversé par d’épaisse veine. Un léger vent parcourut la salle. Le monarque soupira et s’affala sur son trône en se frottant les yeux.
- Continuez...
- A vos ordres. Il n’y avait que cela sur elle. Ensuite les dernières indications concernent Médusa.
Auriel leva la tête, surpris.
- Pardon ?
- La démone serpent capturée dans la capitale il y a un peu plus de quatre ans, non votre ancêtre.
Auriel serra les poings en se remémorant les événements qui avait détruit sa précédente vie.
- Lien confirmé entre Médusa et le dragon blanc. Multiples attaques communes contre villes du Kator et de l’Endaroen sur Pandora, peu contre Ismar, dicta-il. Ensuite il y avait un rapport datant de seulement une semaine : arrivée sur le continent pour raison inconnue. Attention. Taille inquiétante en comparaison de la précédente à apparition. Quatre hommes tués. Ne plus approché de cette cible. Beaucoup trop imprévisible et puissante.
- Qu’en déduisez-vous ? questionna le régent.
- Elle est de retour ici mais nous ne savons pas pourquoi. Les rebelles chargés de la surveiller se sont fait repérés et tués. Reste à savoir si c’était en une fois où si chaque soldat envoyé était repéré. Dans le premier cas, c’était peut-être dû à une erreur humaine. Si leurs hommes sont assez efficaces pour suivre d’aussi puissant démons, il ne devrait pas se faire repérer aussi facilement. Dans le deuxième cas, cela signifie qu’elle possède des capacité inconnues et dangereuse si l’on ne peut pas l’approcher sans être détecter. Le jeune homme fulminait intérieurement. Elle était là. Elle était revenue.
Il devait vite apprendre à manier sa magie avant qu’elle ne disparaisse à nouveau. Après une minute dans le silence, le souverain se leva.
- Très bien. Vous avez fait du bon travail. Auriel ?
- Oui, votre majesté ?
- Il parait que vous avez utilisé la magie de la foudre ?
- Il parait, votre majesté. Je n’ai que peu de souvenir de cela.
- Je comptais travailler avec lui afin d’affiner son pouvoir.
- Combien de temps ?
- Au moins une semaine.
- Parfait. Jeune homme, ma fille semble vous apprécier et, depuis la mort de Mickael, elle a tendance à semer sa garde personnelle. Si une menace plane toujours sur elle, je compte sur vous pour la protéger.
- Euh... balbutia Auriel.
- Après votre entraînement magique, vous deviendrez un garde royal.
- Si telle est votre souhait, votre majesté.
La colère grandissait en lui. Même si lui aussi appréciait la jeune femme, il désirait absolument poursuivre vite sa soeur. Mais comme ça, il serait proche de la princesse, et il pourrait peut-être avoir des informations grâce au lien qu’elle partageait avec Médusa.
Le souverain les congédia d’un signe du bras et resta sur place, le menton dans la paume, à réfléchir.
Une fois dehors, Thomas relâcha toute la pression et soupirant :
- Ouf... je pensais que parler de la veuve noire l’énerverait plus que ça.
- C’est vraiment ce qu’il y avait dans les documents que je t’ai transmis ? l’interrogea Samael.
- Oui. J’étais très surpris moi-même. J’aimerai bien savoir comment ils arrivaient à suivre aussi bien ces monstres.
- Mais deux dardéones sont actuellement sur notre territoire.
- En effet. C’est très dangereux. Leur nature imprévisible les rend impossible à contrôler. Il suffit d’un faux pas pour déclencher un massacre. Ici, ils n’ont rien à perdre.
- Comment ça un faux pas ? demanda Lucas.
- Les dardéones peuvent aussi bien décider de raser une ville que de passer à côté sans s’en soucier. Mais un rien peut tout faire changer : un espion repéré, une tentative d’attaque ...
Un silence de plomb s’installa sur le groupe. Les gens soldats se demandaient soudainement comment ils pouvaient combattre de tels monstres. Auriel se questionna sur ses chances d’affronter et de tuer sa soeur s’il fallait.
- Bon, jeune homme, reprit le mage de feu à son attention. Viens avec moi. Je t’accompagne à ta chambre.
Il s’exécuta et ils quittèrent les autres. Après une petite marche dans le château à travers les nombreux couloirs et escaliers, ils atteignirent leur but. C’était la chambre que le lancier occupait avant son départ. Il s’installa après que guide soit parti.
Natasha était choquée. Ce qu’elle venait d’apprendre la terrifiait. Deux puissants démons était maintenant dans le pays. Pourquoi Médusa ne lui avait pas dit qu’elle arrivait. La peur qui avait disparu en elle ressurgit. « Merde... pourquoi ? Pourquoi je recommence ? Pourquoi ne me l’a-t-elle pas dit ? Elle a si peu confiance en moi ? » pensa-t-elle.
Le silence s’installa dans la salle du trône. Elle comprit que la réunion prenait fin. La princesse courut dans sa chambre. Sa mère était partie. Elle s’assit sur son lit, inspira profondément et ferma les yeux. Son esprit se concentra sur une seule chose et l’appela :
- Tu m’entends ?
Pas de réponse. Elle attendit. Puis elle recommença :
- Tu es là ?
- Oui... qui y a-t-il ?
- Es-tu à Ismar ?
S’en suivit un silence qui parut durer une éternité pour la princesse. La démone se décida à le rompre :
- Comment le sais-tu ?
Sa voix était grave, le ton oppressant. La jeune femme en frémit de peur et se figea dans sa chambre. Ses poumons semblaient refuser l’air ambiant. Elle avait l’impression que si elle bougeait ne serait-ce qu’un cil, le monstre derrière elle la tuerai. Pourtant il ne pouvait rien y avoir à cet endroit. Elle le savait.
- Ce n’est pas important.
- Que...
Toute la pression tout autour de la princesse disparut. L’oppressante présence qui l’écrasait se volatilisa. Sa respiration reprit normalement.
- Excuse-moi, reprit Médusa d’une voix enfantine. Je ne te l’avais pas dit... car j’avais peur...
Tout à coup, la jeune femme se crut face à une toute autre personne. Sa voie était devenue enfantine, douce, agréable.
- De quoi ?
- Malgré ces quatre ans à parler ensemble, je sentais ta peur envers moi enfuit toujours profondément. Je pensais que l’on discutait autant car tu te savais en sécurité loin de moi. SI tu savais que j’étais maintenant proche... tu aurais fui... je ne voulais pas te faire peur...
Natasha était encore plus surprise par la confession de son amie. Celle-ci avait aussi peur qu’elle, voir plus. Ce côté humain chez la démone la rassura.
- Ne t’inquiète pas. Tu es devenue mon amie. Je ne t’abandonnerai pas comme ça.
- Merci...
- Je peux te demander ...
- Pourquoi je suis revenue ?
- Oui...
- C’est... à cause de mon prénom.
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