Mais vous allez me dire : « Pourquoi venir en Martinique ? ». Mais pour tout ce que cette île a à offrir bien sûr ! Elle déborde de générosité, comme ses habitants. C'est un petit paradis d'une beauté ensorcelante, aux multiples paysages tout en contrastes. Mais le plus flagrant d'entre eux est sans conteste celui entre le nord et le sud. 

Au nord, en suivant la route de la Trace, qui débute étonnamment par une singulière réplique du Sacré Cœur de Montmartre, bien que le relief soit montagneux, vous aurez l'impression d'évoluer dans la jungle. À la différence près, et elle est importante, que vous ne rencontrerez pas de grands prédateurs. Dans cette forêt tropicale humide, il n'y aura de sauvage que la nature. C'est plutôt rassurant, non ? En levant les yeux, vous serez surpris par cette luxuriance, par les fougères qui ressemblent tant à celles que l'on peut trouver en forêt de Fontainebleau, mais qui comme par magie sont arborescentes et font trois mètres de haut ! Par les arbres recouverts de lianes dont vous ne ferez que deviner les cimes car ils peuvent atteindre quarante-cinq mètres de hauteur ! C'est simple, vous aurez même des difficultés à voir le ciel, tellement la formation végétale y est dense. Et je ne vous parle même pas des immenses touffes de bambou qui bordent les fossés de part et d'autre de la voie. Le dépaysement est tel qu'on apercevrait un koala, qu'on ne serait pas plus étonné que ça ! 

Une canopée digne de Gulliver ! Vous comprendrez qu'en découvrant une végétation à cette échelle, l'on se sente tout petit. Et si vous l'êtes déjà, vous aurez juste l'impression d'être minuscule, un lilliputien peut-être ? 

Dame nature est ici très généreuse. À tel point que si vous plantez de vulgaires pieux dans le sol, destinés à délimiter votre terrain, vous aurez toutes les chances que ces derniers bourgeonnent et se transforment en arbustes. Il n'y a qu'à regarder le bord des routes de campagne pour être fixé. En même temps, une rangée d'arbres au lieu de piquets alignés est bien plus agréable à contempler. J'ai retenté l'expérience dans mon jardin avec un simple morceau de bois et même s'il n'était pas de dernière fraîcheur, éh bien ça a marché ! Je n'aurais jamais imaginé qu'un bâton puisse prendre racine aussi facilement, sans rien faire. Ici, avoir la main verte perd tout son sens, mais voir vos plantes s'épanouir malgré vous, est très jubilatoire, surtout pour quelqu'un comme moi qui n'a pas encore trouvé la patience de m'en occuper. Peut-être qu'avec l'âge...

Il est vrai que la nature ne prend jamais de repos, il n'y a pas d'hiver comme en France, il n'y a pas de pause. Entre l'hivernage et le carême, elle ne faillit pas à sa réputation et la Martinique peut porter avec assurance son titre de « l'île aux fleurs » ou « Madinina » comme l'appelaient les Amérindiens. Jamais vous ne verrez une telle diversité de plantes, de fleurs aux noms évocateurs de : « Rose de porcelaine, oiseau de paradis, flamboyant, balisier etc. » . Le jardin de Balata en est d'ailleurs une belle illustration. En Martinique, la nature n'est pas sous le joug de l'homme, mais libre. Le contraire d'un jardin à la française, en somme. 

Si vous aimez les petites marches, de moins d'un kilomètre, avec récompense à la clé malgré tout, alors il vous faudra vous diriger vers « Gorges de la falaise » d'Ajoupa Bouillon. Ce nom peut paraître effrayant, surtout pour les acrophobes, mais il n'en est rien. Il s'agit en fait d'une simple promenade le long d'une rivière, entre deux falaises escarpées. Pour y accéder, vous traverserez bien évidemment la forêt tropicale et remonterez peu à peu jusqu'aux cascades, déversant une eau limpide et fraîche, vous invitant à la baignade. Le panorama ne vous décevra pas, bien au contraire, il est juste spectaculaire. Alors n'oubliez pas maillot et serviette, afin d'éviter toute frustration ultérieure !