La vallée d’Oroki, se situait dans la province de Shibuza, sur l’île de Koroku, où se trouvait la ville côtière stratégique d’Himazu, au Nord-Ouest de Miranishi. La vallée était très peuplée car très fertile. En effet, on pouvait y trouver de nombreuses plantations et élevages En plus de tout cela, la ville d’Himazu était une place forte qui avait changé souvent de mains depuis le début de la guerre civile. À la mort de l’Empereur Aritomo Soramaru, il y a vingt ans, les tensions entre les clans se firent de plus en plus virulents. Le shogun, le chef militaire de Miranishi, Onigri Benkei, essaya de calmer le jeu entre tous, afin de ramener un semblant de paix, mais il se fera tué deux ans plus tard. De ce fait, tous les clans se déclarèrent la guerre pour le pouvoir ou pour devenir indépendants aux yeux de l’île comme ce fut le cas pour Himazu. Très vite, certains clans prirent le dessus sur les autres et un équilibre se fit sentir entre tous les belligérants. Des lors, si l’un attaquait un autre clan, tous les autres l’anéantissait, bloquant toute prise de pouvoir pendant dix ans. Mais les clans finirent par se retrouver bouleversé lorsque, sans raison apparente, Ukyo Tsuruki prit le dessus et gagna un immense pouvoir en très peu de temps. Les différents clans firent alors des alliances, mais les plus belliqueux se trahirent entre eux et l’équilibre des pouvoir changea totalement, la guerre de position se transforma en guerre de mouvement ou de nombreux complots, visant directement les généraux virent le jour.

C’est dans ce contexte qu’Ukyo continua d’assoir son pouvoir, profitant du chaos ambiant, devenant presque invincible aux yeux de tous. Ses meilleurs généraux, aussi appelés ses « tigres d’Ukyo » n’étaient autre que Shota Takara, Aki Nakamura et Jun Nakamura. Shota était une force brute. Son immense taille le rendait imposant et il le savait. Il en profitait pour faire peur à ses adversaires et savait se montrer très cruel. Il combattait le plus souvent sans casque, son visage devenant au fur et à mesure des batailles couvert de cicatrices. Ses yeux étaient verts, ses cheveux coupés très court et il portait juste un bouc. Aki et Jun étaient frères jumeaux, ils combattaient toujours ensembles. Ils avaient tous deux le crâne rasé et une grosse barbe. Leurs yeux étaient marrons et leur visage marqué par ces années de guerre. La seule chose qui les différencier pouvait être leur taille : Aki étant légèrement plus grand que son frère. Sur le champ de bataille, Jun donnait ses ordres et préparait les stratégies tandis qu’Aki allait sur le terrain avec ses hommes mettant en pratique les stratégies de son frère. Mais les deux savaient se montrer raisonnable, ne prenant jamais de risque inconsidéré. Ils avaient placé leur armée sur un versant de la vallée d’Oroki, juste en face de l’armée adverse. Dans leur tente, les trois généraux préparaient leur stratégie :

— On fonce dans le tas. On écrase leur avant-garde et on va directement tuer tous ces chiens ! s’écria Shota.

— Calme-toi ! ordonna Jun. On ne va certainement pas foncer dans le tas. Nous allons y aller petit à petit et les forcer à bouger de leur camp. Nous avons l’avantage, autant en profiter.

— L’avantage ? Mes espions m’ont signalé huit milles hommes ! Nous sommes que cinq milles ! Ahah ! Te serais-tu trompé ? Toi, le grand Jun ? Je ne peux pas y croire ! rigola le géant. Mais même en ayant moins d’hommes, nous allons les exterminer !

— La question n’est pas de savoir si l’on va gagner ou non, cela me paraît évident, mais de savoir comment épargner le plus d’hommes possibles. Nous avons besoin de soldat et tuer tous nos ennemis ne nous aidera pas pour le recrutement, coupa Aki énervé.

— Ahah ! Peu importe leur nombre, je détruis toujours mes ennemis ! Ukyo m’a envoyé dans ce trou paumé avec vous alors ne comptais pas sur moi pour écouter vos conneries ! J’ai mon armée et je la dirigerais comme bon me semble ! On va en finir vite fait et je pourrais rentrer dans mon château ! Et si au passage, on trouve ma sœur, je vous préviens, elle est à moi !

Les deux frères se regardèrent sans prendre le temps de répondre au général. Aki sortit de la tente, sur les nerfs et son frère lui emboita le pas. Dehors, les soldats étaient tous en position. La tension entre les deux armées se faisait ressentir et l’on pouvait apercevoir les derniers animaux de la vallée s’enfuir. Quelques gradés donnaient leurs ordres dans une attente sans fin. Ils marchèrent quelques mètres, s’éloignant de la tente de leur QG. Ils finirent par s’arrêter et tous deux regardèrent l’armée d’en face, qui semblait totalement immobile. Aki prit une grande inspiration avant de se tourner vers son frère :

— Qu’est-ce qu’il peut m’énerver ! J’espère que tu sais ce que tu fais parce que si ton plan ne marche pas, on court droit au désastre !

— Ne t’en fais pas. M’as-tu déjà vu perdre un seul combat ?

— Oui, contre moi ! se mit-il de rire.

— Idiot ! s’écria Jun en frappant la tête de son frère. Nous allons gagner, je te le garanti. J’ai déjà assuré nos arrières.

— Que veux-tu dire ?

— Patience… Ils n’ont aucune chance. Viens, rentrons. J’attends quelqu’un qui ne devrait pas tarder à arriver.

En retournant dans leur QG, ils virent un homme accourir auprès d’eux. Il était en tenue de simple paysan, mais portait toutefois un fourreau à sa ceinture sans arme. Les gardes à l’entrée du camp l’ayant très certainement fouillé. Il s’approcha en brandissant une lettre et s’agenouilla devant les deux généraux. Shota sortit de la tente à ce moment-là et regarda la scène.

— Je porte une lettre de Kazuma Usami à l’intention d’Ukyo Tsuruki.

— Il n’est pas là, répondit Jun. Néanmoins, il m’a autorisé à répondre en son nom.

Shota serra les poings en entendant cela, et son frère ne put s’empêcher un petit rictus. Mais aucun d’eux n’interféra. Le soldat sortit la lettre et la déplia, fronça les sourcils, puis se mit à lire à haute voix :

— J’accepte.