Chapitre V : Un combat difficile

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La route semblait sans fin pour les deux compagnons de route qui marchaient depuis maintenant trois jours. Avant de partir, Hayao leur avait donné l’adresse du père d’Hiro, qui d’après lui, devait connaître l’endroit où se cache son fils. Alors que le ciel devenait de plus en plus noir, Fubuki prit la parole :


— Nous devrions nous poser ici cette nuit. Nous arriverons demain en fin de matinée si on garde ce rythme.

— D’accord, acquiesça l’adolescente. Avant d’aller manger et de dormir, j’aimerais m’entraîner.

— Bien. Mais tu n’as pas besoin de moi.

— Quoi ? Mais on a deux armes d’entraînement maintenant !

— Oui, mais avant, tu dois apprendre à avoir la bonne posture. De plus, tu es une femme, tu seras donc désavantagée face à un grand nombre d’ennemis. Tu devrais te concentrer sur la rapidité plutôt que la force, cela te sera plus bénéfique.

— Et comment je fais ça, moi ?

— Tiens tes pieds légèrement écartés. Ton arme devant toi et tu la gardes fermement dans ta main, indiqua-t-il en montrant l'exemple. Attention, tu ne dois en aucun cas la serrer trop fort ou tu risques de te faire mal si quelqu’un tente de te désarmer.

— Comme la dernière fois ?

— Oui. En complément de ton entraînement, je t’apprendrai quelques coups basiques afin que tu puisses te défendre même sans arme.

— D’accord… Merci.

— Ne me remercie pas, je vais te faire souffrir et tu vas vraiment en chier. Je ne suis pas là pour te tenir la main, tu auras intérêt à suivre.

— Oui ! Je te le promets.

— Bien. Encore une chose… ajouta-t-il en sortant son kaiken. Tiens, prends-le.

— Hein ? Mais… Pourquoi ?

— Je me sentirai mal s’il t’arrivait quelque chose… Après tout, tu me paies aussi pour te protéger. Utilise-le qu’en cas de dernier recours. Apprendre à se battre est une chose, mettre en pratique la théorie s’en ai une autre. Si un jour tu te retrouves seule, n’hésites pas à te défendre.

— Merci, conclut la jeune femme en prenant l’arme.


Elle la regarda attentivement et remarqua que celle-ci était très légère. Sur le fourreau, plusieurs inscriptions apparaissaient mais dans une langue qui lui était inconnue. Elle sortit la lame et vit encore quelque chose d’inscrit dessus : « Elena ». Elle leva la tête en direction de son garde du corps mais n’osa prononcer un mot. Après un petit moment passé à inspecter sa nouvelle arme, elle la rangeât dans son kimono. Yuki se releva et commença son entraînement.


***


Le réveil fut rude pour la jeune femme qui n’avait pas beaucoup dormi. Son esprit était embrumé par ce nom Elena. Qui était-elle ? Alors qu’elle s’apprêtait à poser la question, Fubuki la somma de se dépêcher pour qu’ils puissent arriver rapidement. La marche était longue et ennuyeuse mais ils arrivèrent peu avant midi dans un village du nom de Yoka. L’homme aux cheveux touffus donna les détails que lui avait dits Hayao, à savoir que la maison devait se trouver au milieu du village. Plusieurs villageois dévisageaient les deux voyageurs, d’autres parlaient tout bas en les voyant arriver près d’eux. Fubuki ne s’en préoccupait pas et continué sa marche. Il s’arrêta soudainement devant une maison à l’allure délabrée. L’homme entra, suivit de sa protégée. Un vieillard était allongé sur un lit. Il lui manquait une jambe et semblait très malade. L’unique pièce était dans un état précaire : des cafards vadrouillaient dans tous les sens, les quelques récipients pour la cuisine étaient sales ou mal lavés. Seul le feu au milieu de la pièce paraissait bien entretenu.


— Où est Hiro ? demanda Fubuki.

— Qui êtes-vous d’abord ? questionna le mourrant.

— Je suis celui qui va te découper si tu ne me dis pas ce que je veux savoir.

— Ahah, vas-y alors ! Plutôt mourir que de trahir ma propre chair, assura-t-il.

— Si tu insistes… Je vais commencer par te couper un doigt. Puis ce sera au tour de tes oreilles et de ton nez. Combien de temps crois-tu tenir, vieil infirme ?

— Tu mourras avant moi, provoqua-t-il.


Excédé, Fubuki dégaina et mis sa lame contre la main de sa proie qui resté impassible. Yuki le coupa dans son geste :


— Arrête ! Tu vois bien qu’il ne peut pas bouger et le provoquer ne nous fera pas avancer. La pièce n’a peut-être pas l’air entretenue mais le feu l’est. Il doit avoir quelqu’un qui vit avec lui ou qui vient régulièrement le voir. Nous avons qu’à attendre un peu.

— Très bien… acquiesça-t-il en s’asseyant loin du feu. Avec une chaleur pareille, c’est un comble de faire un feu !

— Je suis mourant… J’ai froid, ce feu me sert à passer dans l’autre monde de manière moins pénible, mais ça tu ne peux pas le comprendre, cracha le vieillard.

— Que sais-tu de la mort ? L’as-tu déjà vécu personnellement pour dire ça ? Dans la mort, même le plus chaud des feux ne t’aideras pas. La mort est froide et cruelle. Tu es né seul, tu mourras seul.

— Les Dieux sont là pour me guider. Ils m’emmèneront avec eux et je vivrai pour l’éternité dans le Hellorn.

— Ahah, se moqua Fubuki. Tu n’iras nulle part après ta mort. Seul un long sommeil t’attend.

— Un homme qui ne croit pas en nos dieux mérite de mourir.

— Très bien, demandons-leur de me foudroyer ici et maintenant dans ce cas. Allez-y ! Tuez-moi ! cria-t-il. Tu vois, rien ne se passe. Tes dieux sont aussi faibles que toi.


Un homme entra dans la maison sans prendre la peine de se présenter. Il était grand et avait de longs cheveux noirs ainsi qu’une barbe qui lui arrivait au torse. Ses petits yeux marrons se trouvaient cachés par sa frange qui devait sans nul doute l’empêchait de voir correctement. Ses bras étaient chargés d’un grand panier plein de fruits et de légumes en tout genre. Lorsque qu’il s’avança dans la pièce, il lâcha tous ses produits en voyant les deux compagnons. Il prit une casserole et la jeta sur Fubuki qui la parât du mieux possible. Profitant de ce court instant, il sauta sur une malle et sortit de celle-ci un wakizashi.


— Recule-toi Yuki, ordonna son garde du corps. Hiro ?

— Comment connais-tu mon nom ? demanda l’homme. Oh… Je vois. C’est Kira qui vous envois.

— Exact. Mais nous devons parler avant. Nous avons des questions à te poser.

— Et tu penses sincèrement que je vais te répondre ?

— Je te ferai parler, de gré ou de force.

— Approche.


Les deux hommes se firent face et seul le feu les séparaient désormais. Hiro prit les devant et frappa violemment contre une chaîne qui se trouvait au-dessus du feu, l’envoyant tout droit sur Fubuki qui esquiva. Son adversaire l’attaqua alors sur la gauche, faisant un mouvement en diagonale en direction de son adversaire. Ne pouvant parer, le garde du corps de Yuki se fit légèrement taillader le torse, déchirant ses vêtements et laissant apparaître de très nombreuses cicatrices. Sans se laisser dépasser, il s’avança vers son ennemi et frappa son arme avec la sienne, puis lui asséna un coup de poing. Reculant de quelques pas, Hiro fonça à nouveau sur son adversaire, frappant de bas en haut afin de faire lever la garde de Fubuki. L’ouverture créée permit à l’homme de s’avancer, pointe en avant, afin de transpercer son rival. Mais dans un mouvement vif, il réussit à esquiver au dernier moment, laissant tout le côté droit de son ennemi à sa portée. Le garde du corps de Yuki frappa les côtes d’Hiro, le faisant tomber dans une mare de sang.


— Non ! Mon fils ! s’écria le vieillard.

— Tu… Tu m’as eu… Je dois avouer que tu es fort, qui que tu sois.

— Mon nom est Fubuki. Je te présente Yuki. Elle cherche le meurtrier de son frère.

— Il s’appelait Akira ! S’il vous plaît, dites-moi ce que vous savez ! s’écria l’adolescente.

— A… Akira ? rigola le mourant. Ainsi la sœur veut suivre le même chemin que son frère ?

— Quoi ? Expliquez-vous ! s’exclama-t-elle affolée.

— Je connais bien ton frère. Je ne l’ai pas tué. Si je vous dis ce que je sais, épargnez mon père.

— Nous ne sommes pas là pour lui, le rassura Fubuki.

— Bien… Écoutes… Ton frère était un… Un assassin du clan Kira.

— Non… Non, c’est impossible !

— Laisse-moi finir, il ne me reste que très peu de temps. C’est la vérité. Nous étions amis autrefois. Je l’ai vu il y a cinq ans. Il avait accepté un contrat qui lui aurait permis d’avoir assez d’argent pour vous faire fuir de Miranishi. Il devait tuer… Sakura… Mitsu. La daimyo du clan Mitsu. Ton frère est mort parce qu’il a tenté d’assassiner une personne très importante. Même si elle ne gagne pas la guerre, elle possède énormément de terre et une armée puissante. Elle a attiré vers elle énormément de d’ennemis. Ton frère s’est infiltré dans son château, chose que l’on disait impossible à l’époque, mais s’est fait blesser avant d’avoir pu l’atteindre. D’après certains, elle aurait tout de même été touchée par sa lame. Si tu veux savoir qui la tué, il va te falloir retrouver cette femme.

— Je… Non… Mon frère ne peut pas être un… C’est impossible.

— Merci pour ta réponse.

— Non ! Il ment ! Ne l’écoute pas ! Dis-nous la vérité ! s’écria Yuki. C’est impossible ! Impossible !


Fubuki sortit un tanto et l’enfonça au niveau du cœur de son ancien adversaire. Derrière, son père lui criait d’innombrables insultes tandis que Yuki faisait les cent pas, frappant tout ce qui se trouvait autours.


— Je vais te tuer pour ça ! cria le vieil homme.

— Ne t’en prive pas. Tu sais où nous allons, répondit froidement Fubuki. Viens Yuki, on s’en va.


Dehors, des dizaines de villageois les regardèrent sortir. Tous étaient apeurés, si bien qu’ils les laissèrent passés :


— S’il vous plaît, prenez soins de l’homme à l’intérieur. Il vient de vivre une chose terrible. Je doute qu’il survive plus de quelques jours, demanda Fubuki en rengainant son arme.

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