Chapitre 11
Edmond Favart approchait de sa destination et l'excitation montait en lui à la pensée de "baiser" à nouveau Wanda. Plus que deux kilomètres avant l'abri sous roche qu'il avait investi à l'insu de son propriétaire, grabataire dans un hôpital de la région.
Soudain, un ronronnement sourd venu du ciel, lui fit lever la tête : "Merde, un hélico, ils sont à mes trousses, j'aurais dû changer de voiture... Heureusement la route jusqu'à Wanda est sinueuse et boisée. Tant pis, j'abandonnerai le véhicule près de la rivière et je ferai le reste à pied. Avant qu'on me retrouve, il sera trop tard..."
À deux cents mètres du lieudit, il cacha la fourgonnette dans un bosquet au bord de la rivière, avant le pont, et prit, en sens opposé, le chemin qui montait vers la roche. C'était un sentier carrossable, bordé de murets de pierres, sur lesquels avaient poussé des chênes rabougris et noueux, des gènevriers, des épines et des ajoncs qui n'offraient pas trop de protection à la vue. Il se mit au pas de course. Bientôt, il atteignit la rampe caillouteuse qui s'élevait jusqu'à l'abri.
Annelore, en sanglots depuis le départ de ses enfants, reconnut le pas lourd de son ravisseur et se rencogna d'instinct contre les planches de son bat-flanc. Elle aurait voulu rentrer sous terre ou mourir dans l'instant ! Il approchait...
— C'est moi, ma toute belle. Nous voilà seuls, à présent...
Il avait relevé le bâillon de sa prisonnière qui éclata aussitôt, d'une voix pleine de violence :
— Monstre ! Qu'avez-vous fait de mes enfants ?
— Quelque part par là, dans la nature...
Elle ne put en dire davantage, car craignant, dans cet abri sous roche, l'écho de la fureur de la Hollandaise, Edmond Favart la bâillonna à nouveau.
— J'aurais voulu que nous passions du temps ensemble, tu aurais appris à me connaître, mais les choses ont mal tourné et je sens que la fin est proche. C'est donc notre dernière fois et je veux que ce soit un feu d'artifice.
Edmond Favart déploya sur le sol la couverture mitée qu'il avait lancée à sa prisonnière lors de son arrivée et la glissa sous elle, puis il la déchaussa et ôta short et culotte à la jeune femme, malgré les coups de pied qu'elle tentait de lui porter.
— Tiens-toi tranquille ! Tu sais bien que ça ne sert à rien. Allez, ça va être ta fête... Je suis sûr que tu vas aimer...
À présent, il desserrait sa ceinture et se débraguettait avec précipitation.
Il venait de se jeter sur elle quand une voix tonna dans son dos.
— Debout, Favart !
Il se redressa lentement, avant de se retourner, sexe à demi bandé, bras ballants, regard hébété. Trois gendarmes pointaient leur arme dans sa direction, pendant qu'un quatrième courait délivrer Annelore de ses entraves et la dérobait à la vue de tous avec une couverture de survie.
— C'est fini, Favart. Reculottez-vous, Bon Dieu !
Il s'exécuta avec lenteur, le regard provocant.
— Je venais à peine de commencer ! Vous êtes arrivé un quart d'heure trop tôt, Capitaine. Dommage ! Mais c'est mieux ainsi, ça aurait sûrement mal fini, autrement.
Il tendait ses poignets aux bracelets nickelés, soulagé, d'une certaine manière, d'être délivré de la tentation. Ce voisinage de tous les jours avec Wanda, c'était devenu invivable !
(à suivre)
©Pierre-Alain GASSE, mai 2017.
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