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Ondine n’avait pas prévu de se retrouver au beau milieu d’un lac perdu au fin fond des bois.
Certes, la vue était sublime, mais elle aurait préféré passer son après-midi allongée sur une plage de sable fin plutôt que sur une barque à pêcher elle ne savait quel poisson d’étang. Depuis les berges déjà, elle sentait l’odeur de ces lieux marécageux, mélange de douceur aquatique et de branches en décomposition. Il y avait un peu cette senteur d’automne après la dernière pluie.
Quand Anath lui avait proposé de se baigner, Ondine avait hurlé de joie. Comment mieux fêter leurs retrouvailles après un été séparées qu’en se prélassant avec, en fond, le son des vagues s’écrasant sur la plage ?
Ondine oubliait toujours que sa petite amie était la reine des mauvais plans. Quand elles étaient arrivées à destination et qu’Anath l’avait tirée du sommeil, elle était restée bête.
« Qu’est-ce qu’on fout là ? » avait-elle demandé.
Anath avait explosé de rire – la faute à son air endormi, sans doute – et lui avait tendu un paquet de barquettes à la fraise. Alors, comprenant le piège, Ondine l’avait insultée avant de jurer qu’elle resterait dans la voiture. Mais Anath avait bien plus de force étant donné qu’elle faisait du sport, et l’avait embarquée tant bien que mal sur leur rafiot.
Ondine la fixait, encore debout sur le ponton, l’air furieux. Puis elle soupira quand Anath lui fit un petit signe de la tête pour qu’elle monte à son tour.
Elle leva une jambe, la passa par dessus le bord de la barque en râlant que c’était une très mauvaise idée. À cet instant précisément, la vie lui donna raison : elle glissa et s’étala de tout son long sur sa petite amie qui éclata de rire.
Alors, à sa propre surprise, au lieu de bouder, Ondine explosa de rire.
Anath lui répondit par un sourire radieux.
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