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Anath avait fini par se résoudre à devoir attendre au beau milieu du lac qu’un membre de l’organisation vienne les sauver. Or, dans cette forêt hors du temps, il n’y avait qu’elles, le vieux pêcheur à qui appartenait la barque et quelques marcheurs de la région trop âgés pour nager.

« Bon, je la ramène, s’exclama soudainement Ondine.

– T’as peur de rien, » commenta Anath.

Ondine lui lança un regard las en étirant son t-shirt autrefois blanc couvert de boue séchée. Elle venait juste de finir de s’ausculter et était déjà prête à repartir. Contrairement à elle, Anath aurait préféré savourer la caresse du soleil sur sa peau avec celle qu’elle aimait jusqu’à ce qu’il se couche.

Anath n’était pas du genre à aimer ne rien faire, mais elle avait organisé cette virée en barque pour faire plaisir à Ondine qui lui réclamait toujours les activités les plus niaises – la grande roue dans les parcs d’attractions, regarder les étoiles filantes, faire des piques-niques au printemps ou des balades en poney…

Elles étaient censées profiter de cet instant des plus romantiques mais ne pensaient toutes deux qu’à retrouver la terre ferme. D’autant plus qu’elles ne devaient pas avoir l’allure d’un de ces couples candides qui admirait la vue en commentant d’une voix sur-aiguë chaque petit détail plaisant. Alors les préférences d’Anath et ses rêves de week-end parfait, elle pouvait les abandonner.

« Qu’est-ce que j’ai à perdre ? Plus rien. Tu vas m’aider à pousser ?

– Il te reste des tas de choses à perdre. Comme moi, si tu me forces à aller dans l’eau encore une fois.

– C’est toi, la nageuse, protesta Ondine.

– Je t’abandonne ici si tu me forces à me tremper de nouveau. »

Elles s’observèrent un moment, chacune fermement motivée à influencer l’autre. Au final, Ondine soupira et plongea. Anath lui lança la corde rangée dans la barque. Sauf qu’Ondine, au lieu de revenir vers elle, continuait à s’éloigner vers les berges armée de son sourire fier. Stupéfaite, Anath ne put que la regarder partir.

Les mèches châtaines de sa petite amie, mêlées au vert mousseux des fonds du lac, lui donnaient l’air d’une naïade. Son t-shirt désormais marron accentuait l’effet fantastique qu’Ondine renvoyait. Anath se mit à rêvasser devant cette image onirique, avant de réaliser qu’elle était maintenant coincée toute seule au milieu du lac.

« Je te déteste, » hurla-t-elle quand Ondine sortit de l’eau.

Sa sorcière de petite amie se contenta de lui tirer la langue en essorant son t-shirt, avant de lui tourner le dos et de filer dans les bois.

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