« C’est un cauchemar, un foutu cauchemar ! » gémit Ondine en regardant la tempête qui sévissait à l’extérieur.

Anath alluma une nouvelle bougie et prit place sur le canapé en face de sa petite amie. Elle tira le plaid à carreaux rêches déniché dans un placard sur ses jambes. Il avait fait beau toute la journée, sans trace de nuages, pour qu’au final l’orage éclate en plein milieu de la nuit.

Le tonnerre explosait si fort que les murs en tremblaient, et elles ne parvenaient ni à se détendre, ni à trouver le sommeil. La fatigue de leur après-midi sur le lac ainsi que la longue marche dans la forêt qui avait suivi les rendaient amorphes, mais incapables de sombrer pour autant.

« On m’avait prévenue que les orages n’étaient pas rares dans la région, surtout au mois d’août avec les chaleurs. Mais j’avais regardé la météo et ça aurait dû être calme, pourtant...

– On va pouvoir rentrer demain, au moins ? »

Anath ne répondit pas car elle n’en savait rien. Les gouttes qui s’écrasaient sur les carreaux avaient quelque chose d’hypnotique. Au bout d’un moment dans le silence, alors qu’Anath pensait qu’Ondine s’était assoupie, elle l’entendit fredonner.

Peu à peu, sous ce temps impressionnant, la voix d’Ondine prenait de l’ampleur, couvrait les explosions, apaisait les éclairs, comme si elle en avait le pouvoir. Anath ferma les yeux et savoura cet instant de paix entre deux de tous les malheurs qui leur arrivaient.