Chapitre 2
Le soleil n’est pas encore levé quand je quitte la maison en direction du grillage. Mes bottes s’enfoncent dans la boue. Le ciel est à peine bleu quand j’arrive au grillage. Je le longe, comme me l’a indiqué Maman. Je surveille qu’il n’y a personne, puis je m’accroupis pour me glisser sous le trou. Et là, je cours. Je ne sais pas depuis combien de temps j’en ai, mais je cours.
Quand j’arrive au lac, il doit être 9 heures. Le soleil tape, et le ciel est d’un bleu azur magnifique. Le lac est bleu turquoise, et la végétation est incroyable. Les gratte-ciels immenses recouverts de plantes, les petits cours d’eau coulent dans un bruit agréable et des oiseaux chantonnent. Quelle belle harmonie. Mais je n’ai pas vraiment le temps de penser au paysage ou au son que produit la nature. Je dois aller dans la préfecture de Pinmard.
La journée se continue, tandis que j’avance. Si j’en crois la position du soleil, il est 19 heures, environ. Je m’assois sur un tronc et sors de la viande de ma besace. Je pense à Maman, qui a l’instant, met toute sa confiance en moi. Elle doit stresser, se dire que je vais mourir. Je ne sais pas survivre dans le milieu sauvage, mais je sais supporter la faim, et ce sera un atout utile, ici.
Je marche encore, jusqu’à ce qu’il fasse trop sombre pour que je vois les chemins. J’éclaire grâce à ma lampe torche un petit chemin où j’installe mon sac de couchage, et je m’y glisse en grelottant. Les étoiles brillent fortement dans le ciel noirci par la nuit. Si je n’étais pas en pleine fuite, j’aurai fait beaucoup plus attention au paysage.
Je me réveille au petit matin. L’herbe est humide, à cause de la rosée. J’ai passé une nuit assez agitée, étant donné que j’ai dû grimper dans un arbre quand j’ai vu qu’un serpent me tournait autour. Je suis finalement tombée de l’arbre, et depuis, mon dos me fait mal. La solitude ne me dérange pas pour le moment, mais j’ai conscience que ça finira par me peser. Je chantonne sur les chemins, je sautille gaiement, j’observe le ciel, je pense à Maman et Papa, qui ne sait rien des plans farfelus de ma mère. Et c’est ainsi que se passe toute la semaine, puis la semaine qui suit, sans jamais aucune trace d’un fameux grillage. Je vais finir par perdre espoir. Je m’assois sur un tronc.
- Et zut !
Je claque mon pied dans la boue, qui éclabousse mon jeans.
Deux semaines que je moisis ici ! La nourriture commence à manquer, et l’eau aussi. Je ne me suis pas lavée depuis avant-hier, mais au final, je suis incapable de dire quel jour on est. Je sais juste que ça fait longtemps que ma disparition d’Afirust à eu lieu. Je me relève et reprends la route, me disant que j’arriverais bientôt au train.
Mais je peux rêver. Voilà encore trois jours (je dirai) que je suis repartis, et toujours rien. Pas de grillage, pas de train, même pas de voie ferrée. Juste de l’eau, des arbres et des gratte-ciels délabrés.
Je tombe face un gratte-ciel gigantesque, la porte étant ouverte, je rentre. Il y a une odeur de moisi, des toiles d’araignées pendent partout, le sol est recouvert d’au moins deux centimètres de poussière, les cages d’escaliers en métal sont cassées à certains endroits, et des plantes grimpantes rentrent par les fenêtres brisées. La nature a repris possession de ses droits, ici. Je grimpe et me retrouve face à une trace de vieille peinture orangée, indiquant vaguement un deux. Je me demande combien il y a d’étages. Je trouve un interrupteur et appuie dessus. Une lumière grésille avant de s’éteindre dans un gros «boum». J’entends des pas, et ça me glace le sang. Je me rappelle de tous ces films de zombies, qui racontaient que dans cette zone, justement, il y en avait. C’est de la fiction, bien sûr, pour que personne n’essaye jamais de franchir le grillage, mais à l’instant, je suis sûre que je ne suis pas seule.
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