L’annexe
Ceci n'est pas la suite de "Un assassinat en toute discrétion", simplement un texte relié au personnage de Vicock.
L’ami de Vicock était un drôle de spécimen. Un homme tout en cuir et moustache, sapé comme un motard raté. Son embonpoint était visible même sous son immense blouson brun. Ses cheveux frisés étaient plats, coincés sous un immonde chapeau de feutre orné d’une plume. Rien n’étais cohérent dans son style vestimentaire, jusqu’aux chaussettes vertes pommes ornées d’avocats aux visages souriants. Les mocassins fourrés enfilés à la hâte par dessus étaient d’un mauvais goût désolant. Seul le pantalon semblait normal : un jean noir d’une coupe classique sans fanfreluches. Hormis son apparence douteuse, l’homme avait également des hobbys étranges. Son endroit préféré était sans doute « l’Annexe », ce pub à la réputation mal famée où les prostituées dénichaient tous leurs clients. Il s’y rendait en moto évidemment, Monsieur Vicock assis à l’arrière, en faisant crisser les roues de la bécane sur le bitume déjà érodé par les milliers de passages de voitures en excès de vitesse. En poussant la porte du bar miteux, il n’avais pas besoin de prononcer un seul mot : une serveuse à moitié dévêtue lui tendait déjà son Margarita servi dans un verre orné de magnifiques empreintes digitales. Aussitôt assis sur la banquette en cuir blanchie par les derrières charnus des messieurs qui venaient là, la victime habituelle des performances de notre homme surnommé Tosky s’approchait en passant sa main dans les cheveux frisés du bonhomme. Il dévorait des yeux cette beauté ronde face à lui, toutes en courbes et en générosité. En montant les escaliers dans un baiser impatient, il savait que sa nuit n’en finirait plus.
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