Un mot
Note : ne tirez pas sur le poète, il fait ce qu'il peut avec sa mise en page. Faut imaginer le poème comme une sorte de pyramide, donc pas de retour aléatoire à la ligne avant que la base ne s'effrite.
un
mot
ma nuque raide
rend ma tête lourde
quand je trace mes verbes
comme des griffures parallèles
sur la toile aveugle de ce que tu as
pris et donné par la force et mes mains
toujours au final en venir au mains car nous
sommes des hommes après tout et les mots je sais
ils étouffent ils meurent et tombent pêle-mêle de mes lèvres
et j'en tremble quand je te sens si proche malgré moi comme
tu violes encore la barrière épidermique que je vomis car c'est
de ça dont je suis malade et tu vois j'essaie toujours de donner à
mes mains les gestes pour te tuer en mots la syntaxe du meurtre l'orthographe
du sang une grammaire élémentaire contre le père celui qui tue toujours en silence je
voudrais t'abattre en bout de phrase t'enterrer à la ligne te noyer de propositions bancales
insubordonnées dangereusement vides à la place du cœur et te priver de virgules comme d'oxygène t'asphyxier de mes cauchemars à outrance à ras bord à fleur de peau quand la limite est mince et fragile comme une paupière sur un œil pâle d'avoir trop fixé le mirage le château de carte et la question qu'on ne pose jamais ou alors seulement avec les yeux et seulement alors mais toujours au moment où je crois saisir le sens saisir la force tu bouscules mes m o t s e n v a h i s
mon
univers de coton g r i s
de forêts mères
pour y laisser un goût
a m e r
le goût d'avoir encore
perdu les lettres
les voyelles
les danses
et
m o n
s i l e n c e
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