L'aligot

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L’aligot, de l’avis de Georges, est à minima Top 5 des meilleurs plats du monde, si ce n’est Top 3 voir même Top 1. On comprendra donc aisément, pourquoi Georges, loin d’être stressé, était en fait tout à fait ravis de manger au commissariat. Ajoutez à cela ce magnifique carrelage symétrique, et vous avez un Georges prêt à rester autant de temps qu’il faudra. Le commissaire et Georges se faisaient face, de part et d’autre de cette grande table, et un policier vint apporter dans une grande marmite l’aligot tant attendu. Le commissaire regarda Georges droit dans les yeux avant de lui dire :

- Vous avez de la chance, c’est notre spécialité.

- Eh bien, j’en attends des merveilles alors !

Une fois les deux hommes servis et le remerciement au bon dieu du fromage réalisé, Georges enfila sa première bouchée.

- C’est divin. Mes compliments au chef.

- Il en sera ravi.

Le commissaire se tourna vers un policier, resté à la porte.

- Dites à l’inspecteur que son aligot est merveilleux.

- Bien reçu, chef !

Se tournant à nouveau vers Georges :

- M. Le Quatre, savez vous pourquoi on m’appelle le commissaire à la grosse moustache ?

- Aucune idée, M. Le Commissaire.

- Eh bien voyez-vous, cela me vient de ma mère, paix à son âme. La brave dame a toujours eu une pilosité impressionnante, tant et si bien que de l’avis de tous, on eut dit un homme. Et lorsque ma mère nous a quitté, paix à son âme, j’ai alors fait vœu de ne plus jamais me raser la moustache. Cependant comme vous pouvez le voir, ce n’était pas nécessaire : j’ai une pilosité absolument inexistante.

- En effet, M. Le Commissaire.

- Mais vous savez, de nos jours, on ne peut pas juger quelqu’un uniquement à son physique, et les gens s’identifient à des choses bien plus profondes que cela. Moi, par exemple, je m’identifie comme un homme à grosse moustache. C’est pour cela que les gens m’appellent le commissaire à la grosse moustache : les gens respectent mon choix, et comprennent mon besoin d’identification.

- Je vois, M. Le Commissaire.

La vérité c’est que Georges ne voyait pas du tout, mais on contredit difficilement un homme de loi en son fief, et cela, Georges le comprenait très bien.

- Une fois cet aligot terminé, vous serez libre, M. Le Quatre. Les analyses réalisées sur les résidus du pain de mie ont confirmé mes soupçons : vous n’y êtes pour rien dans cette histoire.

- Bien entendu, M. Le Commissaire.

- Vous voyez, je pensais que vous aviez à minima mangé une ou deux tranches de pain de mie, auquel cas nous aurions été obligé de vous inculper pour tentative de terrorisme involontaire à tendance digestive. Mais vous n’avez même pas ouvert le sachet, le pain de mie était intact. Alors vous comprenez bien que nous ne pouvons pas vous garder plus longtemps.

- C’est regrettable, M. Le Commissaire.

- Sur ces mots bien sages, je vous souhaite un bon retour, M. Le Quatre.

- Merci bien, M. Le Commissaire.

Georges, qui n’avait pas pigé un traitre mot de ce que le commissaire venait de lui dire, tout occupé qu’il était à s’empiffrer d’aligot, compris néanmoins qu’il devait quitter les lieux sans plus attendre, et sorti donc aussitôt du commissariat.

« Charmant homme, songea le commissaire, mais peu bavard ».

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