Chapitre 3 - Un peu de réconfort (1/2)

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 Jonchée au pied de son arbre, Aelis dormait profondément. Aucune brise froide ne vint la déranger, ni aucun son intempestif. Tout était calme. Seuls quelques yeux de petits animaux curieux de voir une humaine endormie ici la scrutèrent un bref instant, clignant dans la pénombre. Le rayon lumineux, quant à lui, continuait d'éclairer le ciel de la même puissance que lors du départ de la jeune fille.

 Ce ne furent pas les courbatures qui réveillèrent l'adolescente, ni même le soleil qui n'était pas encore levé, mais la sensation terrifiante de se faire dévorer le crâne. Alors qu'elle était plongée dans un sommeil sans rêve, elle ressentit des griffes lui tripoter la tête, s'emmêlant dans ses longs cheveux. Dans un sursaut, elle bondit et se mit à courir dans tous les sens, certaine que l'effroyable monstre qui l'avait poursuivie l'avait retrouvée.

- AAAAAAAAAAH ! s'époumonait-elle suivant une trajectoire assez aléatoire.

 Cependant, ce qu'elle croyait être des mains crochues au départ, s'agrippait fermement à son cuir chevelu. Aelis paniquait de plus en plus. Elle était persuadée que quelque chose était entrain de lui sucer le cerveau. Et alors qu'elle portait ses mains à sa tête, continuant de courir n'importe où, l'adolescente finit par saisir une masse qui se débattait et qui criait d'une petite voix aigue. L'humaine tirait fort pour se débarasser de l'intrus qu'elle s'imaginait maléfique et hideux, quitte à s'arracher de grosses touffes de cheveux. C'est alors qu'elle entendit une voix intelligible :

 - Non ! Non, mademoiselle ! Ne paniquez pas, je vous en prie ! Calmez-vous, calmez-vous !

 Et alors qu'elle se retournait toujours apeurée, Aelis put voir un vieil homme barbu s'approcher rapidement, les mains levées en avant, en signe de paix. Il était vêtu d'une robe marron similaire à celle d'un moine et portait un sac en bandoulière qui semblait bien rempli. Les cris de la chose que l'adolescente tenait au milieu de ses cheveux emmêlés ne cessèrent pas pour autant et elle continuait de tirer dessus sans ménagement.

 - Arrêtez ! Arrêtez, bon sang de bois ! Vous allez faire mal à Castanha ! Ce n'est qu'un pauvre écureuil !

 Le vieux semblait sincèrement inquiet et enfin, le mot "écureuil" fut intégré par le cerveau d'Aelis.

 - Un écureuil ? souffla t-elle alors qu'elle s'immobilisait.

 - Ouiii ! Le plus adorable de tous les petits écureuils de cette forêt, je peux vous l'assurer mademoiselle. Lâchez-le, je vous en prie...

 Desserrant son étreinte sur le petit animal, elle le reposa gentiment sur sa tête. Celui-ci s'était emmêlé dans ses cheveux et, continuant de couiner de manière outrée, il se dépatouilla des quelques mèches qui l'entravaient avant de descendre rapidement. Alors qu'il passait sur la robe-feuille d'Aelis en piteux état, celle-ci acheva de se déchirer avant de tomber par terre. C'est ainsi que l'adolescente se retrouva de nouveau nue, son corps exhibé devant un vieillard qu'elle ne connaissait absolument pas. D'un petit cri, elle se recroquevilla sur elle-même, accroupie sur le sol forestier. L'espèce de moine barbu sembla quant à lui extrêmement gêné et portant une main sur ses yeux, il lui jeta de l'autre son sac en bandoulière.

 - Tenez, prenez ceci. Je me doutais que vous seriez n... Dévêtue. Il y a des vêtements là-dedans et une paire de sandales... Je ne regarde pas promis.

 L'écureuil avait rejoint le vieillard qui était reparti en arrière pour se cacher derrière un arbre et laisser un peu d'intimité à la jeune fille. Comment avait-il su qu'elle n'aurait pas d'habit ? Pourquoi cet homme semblait être venu à sa recherche ? Quel était son but ? Où était-elle exactement ? Aelis avait tant de questions en tête qu'elle en avait le tournis. Toutefois, elle ne put refuser l'offre de se vêtir avec autre chose qu'une feuille déchirée. Ouvrant la besace, elle en tira une robe semblable à celle du moine. Certes, elle ne serait pas telle une fashion victim là-dedans mais au moins verrait-elle son corps nu caché des regards indiscrets. Elle enfila d'un trait l'habit au tissu rêche ainsi que les chaussures aux lanières de cuir qui lui avaient été offertes. Rien de très confortable mais au moins ses pieds seraient à l'abri des petites épines et autres tracas douloureux...

 Curieuse à propos de cette nouvelle rencontre, Aelis ne se gêna pas pour fouiller davantage le sac du moine. Il contenait une gourde ainsi que quelques fruits. Six pommes d'un rouge luisant firent baver l'adolescente qui se retint de tout avaler d'un coup. Elle ne voulait pas se mettre à dos cette personne qui semblait être venue ici pour l'aider. Ignorant son ventre qui criait famine, elle referma la besace avant d'ouvrir la bouche :

 - Heu... C'est bon, vous pouvez revenir. Merci pour les vêtements...

 En fait, elle ne savait trop que dire, ne sachant pas si elle pouvait faire confiance à ce nouveau venu. Cependant, c'était actuellement le seul qui pouvait l'aider, elle qui était perdue et lasse de ne rien comprendre à sa situation. Le vieillard sortit enfin de sa cachette, l'écureuil sur l'épaule droite. Son visage rayonnait et il semblait réellement heureux.

 - Bien, bien, bien, dit-il alors qu'il avançait vers Aelis. Je ne pensais pas un jour que le destin me mènerait jusqu'à quelqu'un de ton rang.

 L'adolescente ouvrit des yeux ronds de stupéfaction. Quelqu'un de son rang ? Que voulait-il dire ? Mais des choses plus urgentes encore la tracassaient :

 - Qui êtes-vous ? Et où sommes-nous ?

 Le vieillard s'arrêta un moment pour la dévisager. Puis, il finit par s'asseoir auprès d'elle.

 - Assieds-toi je t'en prie. Tu dois avoir faim. J'ai ramené de quoi te remplir un peu la panse et te désaltérer. Je me doute que tu dois te pauser des tas et des tas de questions. J'y répondrai en temps et en heure ne t'inquiète pas. Mais bon, comme la politesse l'exige, passons aux présentations. Je suis Glenn l'ermite de la forêt de la vie, le lieu où nous nous trouvons actuellement et voici Castanha, mon compagnon d'aventures.

 - Quoi ? Mais je n'ai jamais entendu parler d'une telle Forêt, répondit Aelis qui accepta de croquer une pomme, rassurée après avoir vu le vieux faire de même.

 - Cette forêt est probablement l'un des lieux les plus importants du royaume de Sérasia, sache-le.

 Sérasia ? Voilà qu'elle devenait folle... Aelis ne savait absolument pas de quoi l'ermite lui parlait. De plus, les royaumes n'existaient plus depuis belle lurette ! C'était le temps des présidents maintenant pas des rois ! L'ermite sembla discerner l'incompréhension la plus totale dans le regard de l'adolescente. D'un sourire bienveillant, tout en caressant le petit écureuil, il lui demanda :

 - Bien, qui es-tu ? Que sais-tu de toi ?

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